La déclaration de Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis et président de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Eglise, et Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard et responsable de la Pastorale des migrants, a de quoi laisser perplexe. Gérard Gachet note qu’elle s’oppose à ce que disait Jean-Paul II :
"les bornes sont franchies lorsque les deux évêques signataires de ce texte écrivent : "Les chrétiens refusent par principe de choisir entre bons et mauvais migrants, entre clandestins et réguliers, entre citoyens pourvus de papiers et d’autres sans papier" ! Autrement dit, nos éminences, en mettant sur le même plan immigrés légaux et clandestins, se moquent comme de leur premier missel du respect des lois républicaines, et cautionnent, même sans le dire ouvertement, les actes de "désobéissance civile" tant prisés par les associations d’aide aux sans-papiers.
Ce faisant, ils vont directement à l’encontre des instructions du Vatican sur le sujet. Dans un message publié en 2004 à l’occasion de la 90ème Journée Mondiale du Migrant, le Pape Jean Paul II invitait certes au dialogue et à la solidarité entre nations riches et immigrés, mais il rappelait à ces derniers qu’ils devaient "respecter l’identité culturelle et les lois des pays d’accueil" ; une position réaffirmée peu après par Mgr Agostini Marchetto, Secrétaire du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement. Or, parmi ces lois, les premières à respecter sont évidemment celles qui régissent l’entrée et le séjour sur le territoire des étrangers concernés."
Ajoutons que Jean-Paul II, dans son encyclique Laborem Exercens en 1981, écrivait :
"L’émigration est sous certains aspects un mal qui peut être en des circonstances particulières un mal nécessaire" [n°23].
Un mal nécessaire en cas d’asile politique notamment. En 1985, le pape dit aussi "qu’on ne peut pas, a priori, considérer toute émigration comme un fait positif, à rechercher ou à promouvoir". C’est à ce titre que la dernière déclaration épiscopale française nous laisse perplexe.