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La défaite de LR aux européennes n’est pas celle de François-Xavier Bellamy et encore moins celle du conservatisme

La défaite de LR aux européennes n’est pas celle de François-Xavier Bellamy et encore moins celle du conservatisme

Interview passionnante d’ Edouard Husson pour Atlantico à lire jusqu’au bout notamment au sujet de l’avortement et du courage en politique:

Atlantico : La cinglante défaite de François-Xavier Bellamy semble fortement désavouer la ligne libérale-conservatrice voulue par Laurent Wauquiez. Pour autant, n’est-ce pas justement parce que sa campagne avait une forme ou des accents illibéraux qu’elle a connu une telle issue ?

Edouard Husson :Avant le début de la campagne des européennes, les sondages sur la candidature de Laurent Wauquiez à l’élection présidentielle le mettaient à 8% ! Exactement le score fait par la liste LR. Ce que nous apprend le score final du parti c’est donc qu’il ne s’est rien passé, il n’y a pas eu d’effet Bellamy. Ce n’est donc ni la défaite de Bellamy, ni celle d’un dosage particulier pour un cocktail libéral-conservateur.

C’est la défaite de Laurent Wauquiez. Il a été totalement inexistant tout au long de la crise des Gilets Jaunes, alors qu’il avait un boulevard: il avait l’occasion rêvée de parler aux deux droites, la droite populaire et la droite socialement plus établie. Aux uns il fallait parler de leur souffrance, de leurs angoisses économiques; aux autres de ce gouvernement qui était incapable d’assurer l’ordre public. Il fallait surtout parler de la France, de la France et encore de la France. Il fallait présenter Macron comme le grand diviseur, celui qui lance la police contre les classes populaires; celui qui plonge le pays dans le désordre et la confusion. C’était d’autant plus facile à réaliser que Marine Le Pen s’efforçait, elle, de ne pas trop en faire, pour se donner une image plus respectable.

Faut-il y voir pour autant une déroute du conservatisme en tant que tel ? Sur une ligne similaire il y a deux ans, François Fillon avait atteint les 20%…

Le problème, ce ne sont pas les mots: c’est la conviction qui habite l’électorat LR que le parti est incapable d’agir. Le bilan en demi-teinte de Nicolas Sarkozy y est pour beaucoup. Non pas qu’il n’ait rien fait. Son bilan est même infiniment meilleur que celui de Chirac, de Hollande et, on peut déjà le dire, de Macron. Mais l’ancien président avait annoncé qu’il ramènerait l’ordre et la sécurité dans les banlieues. Il avait annoncé qu’il tarirait le flot de l’immigration clandestine. Il est resté très loin de ces objectifs affichés. Pourquoi Trump, Salvini ou Orban sont-ils populaires? Parce qu’ils font ce pour quoi ils ont été élus. Pourquoi les conservateurs britanniques sont-ils tombés au même score que Les Républicains? Parce qu’ils n’ont pas réalisé le Brexit pour quoi ils avaient été portés au Parlement.   

Alors que le conseil LR se déchire sur la ligne à suivre désormais, le conservatisme est publiquement désavoué par les opposants à Laurent Wauquiez. Quel est l’équilibre possible pour un conservatisme en phase avec les exigences libérales de son électorat ?

Aujourd’hui, on a pu lire ou entendre de quoi remplir un bêtisier. Les uns ont reproché à Bellamy d’avoir pris parti contre la décision du CHU de Reims d’euthanasier Vincent Lambert. Comme si notre époque ne manquait pas singulièrement de gens de conviction ! Et comme si l’électorat n’était pas capable de marquer son adhésion à quelqu’un qui assume ses idées. En plus, cela n’a joué aucun rôle! Le 1er prix revient sans doute à Geoffroy Didier, directeur de la campagne LR, qui n’a pas eu d’état d’âme sur les réseaux sociaux durant toute la campagne et s’est fréquemment enthousiasmé pour son candidat et son parti; et qui explique soudain sur France Inter et sur twitter que « la droite doit se déringardiser d’urgence » et que « son avenir ne peut pas être d’être contre l’IVG ».

Comme s’il fallait accepter le diktat des progressistes qui veulent un débat manichéen sur l’avortement. Comme si la droite n’était pas appelée à être plus intelligente et plus tournée vers la détresse de bien des femmes qui ont avorté parce qu’on ne leur a pas laissé d’autre choix. Comme si Simone Veil n’avait pas été trahie par des gouvernements successifs qui ont voulu passer de la dépénalisation de l’avortement et de l’empathie vis-à-vis des femmes (la loi Veil) à une approche idéologique et totalitaire de l’avortement présenté comme quelque chose de positif et de souhaitable.

En fait, si, il y a bien quelque chose à reprocher à Bellamy: il n’a pas assumé ce qu’il est, un représentant de la droite catholique. Au début de la campagne, comme Médiapart l’a raconté, il a fait retirer de la Toile un certain nombre de vidéos de conférences qu’il avait faites devant des publics catholiques conservateurs. Eh bien, pour citer l’ Apocalypse, “Dieu vomit les tièdes”. Avoir de fortes convictions n’empêche pas, quand on est de droite, de pouvoir coexister avec des représentants d’autres croyances, des athées, des franc-maçons. Le propre de la droite, c’est la liberté et le courage, contre toutes les tyrannies progressistes et les conformismes de la gauche. Alors à droite, il y a de la place, beaucoup de place pour les conservateurs, les libéraux, les populistes, pourvu qu’ils soient tous unis par l’envie de rendre à la France sa fierté, son sens moral et sa cohésion sociale. Beaucoup de responsables LR ont eu le cerveau si complètement lavé par l’hégémonie culturelle de la gauche qu’ils ne se rendent même plus compte qu’ils pensent comme Macron….jusqu’au moment où ils se retrouvent chez Macron.

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10 commentaires

  1. Avant d’être la défaite d’un tel ou d’un autre, c’est surtout la faillite d’un système politique qui ne conduit qu’à la division et où le camp vainqueur est celui qui obtient seulement plus de 20% de la moitié des électeurs. Comment peut-il ensuite entrainer les presque 90% qui n’ont pas manifesté leur adhésion ?
    Remettons en place le système qui a construit la France pour faire d’un pays encore plus partagé qu’aujourd’hui une des toutes premières puissances mondiales avec une proportion inversée de 90% d’adhésion.

  2. Bellamy, en disant qu’il était plus proche de Macron que de Marine Le Pen a tout dit !
    Je rappelle : Versailles : élections présidentielles 76,25 % POUR Macron
    élections européennes 29,65 % Macron en tête
    12,19 % RN
    Fermez le ban !

  3. Il faut une ligne conservatrice, il faut une ligne centriste, il faut une ligne progressiste…
    La vérité c’est qu’en dehors de Bellamy qui s’assume, on a un troupeau de manches à air qui tournent en rond en cherchant le meilleur vent. Absence totale de conviction, opportunisme 100%…
    Ce que veulent les électeurs, c’est savoir pour quoi ils votent, avec les Wauquier et les Didier, on sait qu’on vote pour le vent du moment, variable et tourbillonnant, du pet de chapon.

  4. LR de quoi ? Ce qui a tué ce parti, ce sont ses valses-hésitations sur les questions sociétales, le faisant apparaître comme le parti de la Bourse et des portefeuilles bien garnis, en un mot le parti du “fric” : et c’est sur ce terrain qu’il s’est fait damer le pion par LaREM, mené par un leader cynique et sans scrupule, mais déterminé. Et le rusé Juppé, qui ne s’est jamais déterminé lors et depuis la candidature Fillon, a compris que ses arrières financiers étaient mieux assurés avec un poste au Conseil Constitutionnel qu’en prenant le tête d’un parti qui n’est plus qu’un panier de crabes avariés : bien joué, l’artiste !

  5. avec Bellamy pour actionner le tourniquet ! “je préfère Macron à Marine Le Pen, je préfère Junker à Orban”

  6. “La droite conservatrice et catholique vote Macron”?
    Disons la bourgeoisie urbaine, celle qui a encore un apparat catholique. Les pharisiens quoi!
    Mais beaucoup de catholiques pratiquants, ruraux ou urbains, ne sont ni libéraux en économie ni libertaires en moeurs, et ne votent pas Macron qu’ils exècrent!
    L’habit ne fait pas le catho … Evitez les généralisations abusives.

  7. Pour Spendios. En effet cela est pour moi un sujet d’étonnement et presque de découragement. De trop nombreux cathos-portefeuille préfèrent le veau d’or à la pauvre veuve, et se foutent ainsi complètement du bien commun. Plus de points non négociables , de respect de la vie, de justice sociale, de lumière divine etc… on défend d’abord son portefeuille et on se fout du reste. Bien triste image que celle de ces cathos là!

  8. Prétendre que le bilan de Sarkozy est meilleur que celui de Chirac c’est du foutage de g…le. Et la guerre en Libye??
    La réalité est que Sarkozy a tué l’UMP avec tous ses mensonges et ses impostures.
    laxisme => suppression de la double peine
    tsunami migratoire => le pire bilan de tous !
    conservatisme => il a pris des ministres pédophiles revendiqués dans son gouvernement
    etc etc etc
    Mon avis est que ce parti n’est pas sauvable. Il peut fonder une amicale bouliste avec le PS, le PC, le PRG, la LCR, etc.

  9. trump salvini orban ont respecté leurs paroles
    LR semblent miser sur 2 tableaux au lieu d’en choisir un seul, de s’y tenir

  10. Merci pour cette mise au point, où je me reconnais en tant que fervente catholique. Bien qu’étant à l’aise financierement maintenant, je pense que les riches ont un devoir de partage, et qu’ils ne sont que gérants de leurs buens.Je suis de coeur avec les gilets jaunes, ayant su ce que c’est qu’une fin du mois difficile dans ma jeunesse, et ouvrant les yeux autour de moi. Jamais je ne voterai Macron et je suis stupéfaite que des personnes qui ont défilé à Paris contre le mariage gay puissent voter pour ce Monsieur qui défend toutes les dérives sociétales qui sont contraires aux lois divines. Comment peut-on voter pour lui surtout maintenant que l’on constate qui il a nommé comme ministres. Les pires ennemis de la morale chrétienne. Et ceci sans parler de sa vie personnelle qui est scandaleuse. Vraiment, Jésus est de nouveau trahi par certains des siens. Mais heureusement, tous les catholiques, surtout les fervents, ne votent pas pour Mr Macron et c’est une manoeuvre politique de le faire croire à la limite de l’insulte.

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