Voici l'article de Tugdual Fréhel dans Présent sur la journée d'hier :
"La loi Veil est en vigueur depuis plus de 40 ans. Que d’eau a coulé sous les ponts depuis ! Pourtant, l’œuvre des partisans de la culture de mort est loin d’être achevée. A l’initiative de Jacques Bompard et du Salon Beige, s’est tenue ce mardi une « Journée parlementaire pour la vie ». L’occasion de revenir sur les évolutions « sociétales » attentatoires à la vie, d’en comprendre les enjeux mais aussi d’ébaucher des solutions concrètes pour le bien commun. Symbole : la réunion, ouverte à tous, a eu lieu dans le VIe Bureau de l’Assemblée, où siège habituellement la Commission des lois. Un cadre inhabituel pour le discours sans concession de la douzaine d’orateurs réunis (experts, universitaires, journalistes).
Le panel d’intervenants a permis de balayer l’ensemble des domaines touchés par la « culture de mort » dénoncée par Jean-Paul II : de l’avortement à la fin de vie, en passant par les lois bioéthiques, la recherche sur l’embryon ou encore le transhumanisme. Les rebondissements de l’affaire Lambert illustrent d’ailleurs toute l’actualité de la question. Parler de la vie nécessite de revenir aux faits, loin de la propagande d’Etat. La journaliste Charlotte d’Ornellas a approché cette réalité de près en rencontrant de jeunes femmes traumatisées par l’avortement et victimes de l’omerta : aucun suivi post-IVG n’est assuré par ses promoteurs ! Comment pourrait-il en être autrement quand la grossesse est considérée comme une maladie, et l’avortement comme un remède ?
La culture de mort dépasse l’enjeu – déjà gigantesque – de l’avortement. Les lois « sociétales » successives illustrent la confrontation entre le positivisme juridique et la défense d’un ordre juridique ordonné à la loi naturelle. Pour Philippe Pichot, historien du droit, cette tension existe depuis Antigone. De l’avis général des intervenants, il faut revenir à la source du problème : ce combat est rattaché à la notion de loi naturelle. Mais, comme le note judicieusement le père Basile, du Barroux, notre époque ne se montre pas toujours réceptive aux arguments philosophiques. Aussi, pour convaincre, la diffusion de reportages – comme celui de Charlotte d’Ornellas – est cruciale.
Et après ? Peut-on espérer renverser ces lois ? Directeur du Salon Beige, Guillaume de Thieulloy ne baisse pas les bras : « la vérité est contagieuse » ; sans compter la « capacité de nuisance » des catholiques de conviction pour peser dans le débat public. Si le « droit à l’avortement » a été canonisé par les députés, rien n’est irréversible. Michel Janva rappelle ainsi qu’une majorité d’Américains est aujourd’hui opposée à l’avortement. Ce combat, il faut le mener non pas pour l’amour des idées mais « pour des êtres de chair et de sang ». Le propos est de Jean-Marie Le Méné, grand défenseur des enfants trisomiques et pourfendeur du transhumanisme. Un message dont Jacques Bompard se fait l’ultime écho : « Nous sommes les résistants de la dignité »."