Terrible article d'Adelaïde Pouchol dans L'Homme nouveau, sur la formation des futurs maîtres de l'enseignement catholique :
"Le Réseau lasallien dont fait partie le Centre de formation pédagogique (CFP) Emmanuel Mounier, institut de formation des maîtres de l’Enseignement catholique, a réservé le 5 mars dernier à ses élèves une journée qu’ils ne sont pas près d’oublier. «La journée de la confiance», c’est le thème qui réunissait, le 5 mars dernier, les élèves des écoles du Réseau lasallien dont fait partie le Centre de formation pédagogique (CFP) Emmanuel Mounier, à Paris. Tenu par les Frères de Saint-Jean-Baptiste de La Salle, il rassemble plusieurs établissements, dont des écoles d’ingénieurs, de commerce et autres, de Paris et de province. Cette journée fut donc l’occasion de rencontrer d’autres personnes et c’est sans doute la seule chose qui ait véritablement intéressé les élèves.
Divisés en plusieurs groupes, les participants ont été envoyés pour un rallye pédestre afin de réfléchir sur un thème en lien avec celui de la confiance, thème de l’année du Réseau lasallien. Et pour favoriser la méditation, des adresses leur ont été données, auxquelles ils devaient se rendre, sans précision de ce qui les y attendait. Ainsi partirent des groupes sur la famille, le corps, la politique, l’éducation, l’argent, la religion, etc. Interrogées sur leur parcours, des jeunes filles faisant partie du groupe de réflexion sur la famille, expliquent: « C’est vrai que nous avons dû nous balader toute la matinée dans le quartier de Pigalle. » Quelle n’a pas été leur surprise lorsque, se rendant à l’une des adresses proposées par les organisateurs, ils sont arrivés devant le Salon de l’érotisme. (…)
Dans le groupe qui devait travailler sur le thème du corps, les élèves n’en mènent pas large lorsqu’ils arrivent devant une boutique de lingerie féminine. Un lieu qui n’aide pas franchement à la réflexion et qui parvient simplement à mettre mal à l’aise filles et garçons qui se côtoient dans le groupe. Enfin, dans l’équipe du thème de la politique, les commentaires vont bon train et certains participants fulminent. On les a envoyés au siège du Parti socialiste. «S’ils nous avaient envoyés vers d’autres sièges de partis et pas seulement celui du Parti socialiste, j’aurais parfaitement compris, mais là, c’est à croire qu’ils prennent position !»
«C’était vide de sens, nous n’avions aucune consigne, nous ne savions absolument pas ce que l’on attendait de nous», explique l’une des jeunes filles qui aurait bien voulu trouver une excuse, une justification à la présence de l’adresse du Salon de l’érotisme parmi les autres lieux proposés pour réfléchir sur la famille: cabinets de médecins, d’avocats, crèches et autres lieux certes plus communs mais plus sains et plus propices à la réflexion. «(…) Arrivés devant le Salon de l’érotisme, nous étions démunis. La question de l’érotisme et de la pornographie est sans doute intéressante à traiter, c’est un enjeu important aujourd’hui. Mais nul besoin de nous envoyer dans un endroit pareil pour le faire.»
(…) En revenant, les participants ont dû construire un « Mur de la confiance »… Ou l’art de mettre des mots qui fassent beaucoup d’effet pour cacher un vide abyssal. (…) Chaque petite équipe était tenue de fabriquer un cube en carton avec des mots en lien avec leur thème pour qu’ensuite, toutes ces constructions de carton soient autant de briques d’un grand mur de la confiance."
