C’est l’avis de la Cour de cassation, qui a rejeté la demande de rétablissement de l’honneur de Jacques Fesch, condamné à mort pour crime en 1957.
En 1954, Jacques Fesch a commis un vol à main armée à Paris. Dans sa fuite, il a tué par arme à feu un fonctionnaire de police, a blessé à la nuque un passant et a fait usage de son arme à plusieurs reprises sur des passants.
En 1957, la cour d’assises a condamné cet homme à la peine de mort pour violences volontaires sur agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions, avec l’intention de lui donner la mort, tentatives de meurtre et vols qualifiés. Son pourvoi en cassation et son recours en grâce ont été rejetés. Il a été exécuté.
Une personne condamnée pour un crime peut, à certaines conditions, être réhabilitée lorsqu’elle a montré des gages d’amendement après l’exécution de sa peine. La réhabilitation entraîne l’effacement de la condamnation.
La loi du 24 décembre 2020 a ajouté un article 2 à la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort. Cet article prévoit que les ayants droit d’une personne condamnée à mort et dont la peine a été exécutée peuvent saisir la chambre criminelle de la Cour de cassation d’une requête tendant au rétablissement de l’honneur de cette personne. En 2023, le fils du condamné, qui n’avait pas 3 ans lors de la mort de son père, a saisi la chambre criminelle de la Cour de cassation d’une requête en rétablissement de l’honneur de son père. Cette requête vient d’être rejetée.
La décision de la Cour de cassation :
Pour que l’honneur d’un condamné à mort dont la peine a été exécutée puisse être rétabli, il faut que ce condamné ait offert des gages d’amendement.
Ces gages sont appréciés au regard de la gravité des faits, ainsi qu’en tenant compte de l’évolution de la personnalité et du comportement de la personne condamnée, depuis le jour auquel elle a commis les faits.
La Cour de cassation a examiné les pièces produites par le fils du condamné.
Elle a aussi examiné des documents qu’elle a pu elle-même recueillir en dépit de l’ancienneté des faits (dossiers de la procédure d’information, du jugement, du recours en grâce, dossier pénitentiaire et articles de presse publiés lors du procès).
Les gages d’amendement qui ont été identifiés par la Cour sont :
le bon comportement du condamné à l’égard du personnel pénitentiaire et de ses codétenus ;
le regret de ses actes et de leurs conséquences exprimé auprès de certaines personnes ou dans des écrits.
Cependant, au regard de la gravité et de la multiplicité des crimes commis par le condamné, les éléments analysés pris dans leur ensemble ne constituent pas des gages d’amendement suffisants. En effet :
la réalité de l’indemnisation des victimes n’a pas été établie (que cette indemnisation ait procédé du condamné ou, à son initiative, de sa famille) ;
la démarche religieuse du condamné ne peut être analysée en elle-même comme un gage d’amendement ;
la large diffusion des écrits du condamné et l’intérêt qu’ils ont suscité ne constituent pas un gage d’amendement, car ils sont postérieurs à son décès et indépendants de sa volonté ;
les circonstances dans lesquelles la peine a été prononcée et exécutée n’entrent pas en compte dans l’appréciation des gages d’amendement.
La requête est donc rejetée.
En prison, Jacques Fesch a trouvé la foi. En compagnie de l’aumônier de la Santé, le père Jean Devoyod, d’un autre religieux, Frère Thomas, et de son avocat, fervent catholique, Me Paul Baudet, il a accompli un cheminement spirituel hors du commun. Avant de monter à l’échafaud, il laisse derrière lui de nombreux écrits, dont le plus célèbre, Dans cinq heures, je verrai Jésus – implicitement dédié à son fils –, attire l’attention de l’Église. Alors qu’il est cardinal archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger fait ouvrir, en 1987, une procédure de béatification, toujours en cours, de Jacques Fesch.
TuTux0743
C’était le probléme avec la Justice d’avant, il y avait rarement de prise en compte comportementale individuelle. A la 1ére faute : Couic … ou Les colonies ! Maintenant, multiples condamnations exponentielle = stage de poney ou de surf … Pourtant, Il y a la règle de 3 qui est simple à mettre en pratique ! Le Couic après la 3éme fois, devrait être envisageable ! Du fait qu’il n’y a plus d’échappatoire : colonies, bagnes, etc … Mieux vaut préserver 1 névrosé(e)e en vie ? D’où 1 cout important : Soins, etc … Ou une victime, si elle est totalement innocente ?!
France Fougère
Et non, vraiment non, à la béatification du personnage ! Me Baudet a eu le même beau rôle auprès d’une autre de ses clientes.
France Fougère
Il s’agit de Pauline Dubuisson, qui a eu une excellente conduite en prison, et a terminé ses études de médecine. Elle a choisi d’exercer en hôpital de l ‘autre côté de la Méditerranée. Victime de la méchanceté des hommes. Lire le livre de Philippe Jaenadda, qui lui rend justice. Pas de sanctification en vue !
France Fougère
Je trouve la position de la Cour de cassation justifiée, car les victimes restent mortes et il n’a
pas lésiné sur le coup de feu. Qu’il se soit repenti sous de bonnes influences est déjà le minimum. La béatification me choque.
Son fils se manifeste souvent, et c’est également choquant. Une attitude discrète conviendrait mieux.
PK
Vous savez, le Bon Larron, ce cher Dysmas, avait sur la conscience sans doute un paquet de morts… Les Romains mettaient rarement en croix les gens pour des babioles…
Mais le Christ n’a pas pensé comme vous… Il lui a ouvert en premier les ports du Paradis, le sanctifiant donc immédiatement.
Les chemins de la Miséricorde sont aussi impénétrables que les voies de Dieu…
France Fougère
Les temps sont différents !
Un livre de Me Jacques Isorni
a pour titre : “Lui qui les juge “.
Sur cette terre, mes pensées vont aux victimes et à leurs proches.
France Fougère
Il y a aussi Patrice Henry, lâche et odieux assassin d’un petit garçon. Il a fait croire à son profond changement. De bonnes âmes lui ont trouvé travail, logement à sa sortie de prison. Et à la première occasion, il a été pris avec de la drogue. “Lui qui les juge ” !
Sur un tout autre plan, j’évoque les “Poèmes de Fresnes ” de Robert Brasillach, sa montée vers la grâce et je déplore toujours que le Général de Gaulle ait refusé de l’épargner, à cause des écrits antisémites. Je reste persuadée que sa grande intelligence lui aurait permis de changer définitivement et de regretter, publiquement, ces écrits. “Tout, si Vous voulez, Seigneur, est possible “.
Gaudete
“souviens-toi, ce soir même tu seras avec moi en Paradis”,n’est-ce pas?
cheminot456
“Jacques Fesch, du non-sens à la tendresse” de André Manaranche (Auteur)
On peut écrire une vie en une seule fois et d’un trait, parce qu’on en a saisi la trame et qu’il n’y a plus à y revenir. Mais on peut aussi creuser incessamment le puits d’une personnalité attachante pour tirer au clair le mystère qui s’y cache : opération jamais terminée et qui ne se borne pas à peaufiner un inventaire. Depuis 1987 ; l’auteur s’est livré patiemment à la recherche proprement dite, privilégiant les témoignages par rapport à l’information anecdotique ou judiciaire. En collectionnant des inédits de grande valeur, il n’a cessé de faire des relectures obstinées pour pénétrer dans le cœur de Jacques autrement qu’en curieux. Il ne nous propose donc pas une biographie émouvante mais un itinéraire spirituel qui n’a jamais encore été étudié avec autant de profondeur, notamment les étapes de la conversion de Jacques et surtout le discernement accompli par lui durant les deux derniers mois de sa vie. En même temps qu’il situe le drame au cœur de l’actualité. Alors, par-delà l’impression superficielle du déjà su, la nouveauté est totale. L’ouvrage n’a pas seulement grossi le nombre de ses pages, il a décuplé son message.
France Fougère
Et si on s’occupait des victimes de ce personnage ? Au lieu d’en faire une vedette.
Irishman
Sans en faire une vedette, je pense que son cheminement spirituel et sa conversion restent un exemple…
“Il y aura plus de joie dans le Ciel pour un pécheur qui se convertit…”
LoloDJ
Qu’avait fait le bon larron pour mériter d’être crucifié ?
Sans doute des choses assez graves…
Pourtant il est considéré comme le premier canonisé…
La justice humaine et la justice divines sont à des années lumières l’une de l’autre
Astragal
Difficile à juger.
mais on voit que la justice a bien évolué depuis . Alors intraitable – à juste titre- elle est aujourd’hui bien plus clémente aux criminels : Badinter est passé par là .
Adalbert
Il faut séparer les différents ordres pour juger de cette question :
– au plan temporel, le crime n’est pas contesté, et la justice civile n’a pas de raison de remettre en cause sa décision, d’autant plus que la victime a encore des proches en vie.
– la démarche de béatification de Jacques Fesch est plus délicate, pour cette dernière raison, même si l’on peut en effet évoquer le cas de Saint Dysmas.
– ce qui reste édifiant demeure la conversion de Fesch, et on pourrait aussi songer à l’assassin de Sainte Maria Goretti, lui aussi repentant et converti et qui assista à la canonisation de sa victime après avoir purgé sa peine.
Justice des hommes, Justice de Dieu…
France Fougère
La perspective de l ‘échafaud aide à la conversion !
C’est surtout la toute jeune Sainte Maria Goretti qui est remarquable car elle a lutté jusqu’à la mort pour se préserver. Son pardon a suscité la conversion de son jeune agresseur et c’est parfait mais accessoire.
Anne Sophie Schmitt, assassinée dans le RER un dimanche matin, Philippine, sortant de l’université de Paris-Dauphine, et rejoignant aussi ses parents, sont pour moi d ‘autres Maria Goretti, sainte que l ‘on donne en exemple aux jeunes filles catholiques.
Adalbert
Bien d’accord avec vous, mais mon observation concernait seulement le cas épineux des assassins convertis et repentants. Il faut bien sûr que ce repentir soit sincère, et même cette sincérité n’annule pas la nécessité de la peine temporelle.
Irishman
Une erreur qui est souvent dite pour écrite : “monter à l’échafaud”…
La chose n’était plus possible depuis 1870, année où fut supprimée l’échafaud, c’est-à-dire l’estrade en bois où était montée la guillotine… il fallait donc grimper quelques marches…
Après 1870, la guillotine était montée à même le sol… en 1957, à la Santé, Jacques Fesch n’a eu qu’à descendre quelques marches en sortant du greffe pour être “porté” jusqu’à la bascule… c’était André Obrecht qui officiait à l’époque…