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Cathophobie

La dérision ouvre la porte à la persécution

Dans La Nef, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, revient sur la scatologie antichrétienne érigée au rang d'oeuvre d'art. Extrait :

C"Certains s’étonnent des réactions des catholiques, taxés «d’ultra-conservateurs» ; comme si à la limite, on voulait interdire aux chrétiens offensés, d’user de la même liberté d’expression pour se défendre, que celle dont ont bénéficié les artistes pour créer et exposer leurs œuvres, à renfort de subventions publiques, en oubliant au passage le principe de la sacro-sainte tolérance.

L’histoire de l’art témoigne que la dérision ouvre la porte, dans l’inconscient collectif, au mépris et à la ségrégation, voire à la persécution. S’en prendre au symbolisme sacré, c’est offenser notre identité la plus profonde et engendrer en retour la violence. […]

[L'Eglise] se doit d’exprimer publiquement sa réprobation face au lynchage dont la figure du Christ fait l’objet. Elle doit user du droit légitime de se défendre que lui reconnaît la loi, quand on porte atteinte à la liberté de croire. Ce droit de protestation est un devoir moral en particulier vis-à-vis de ceux qui ont pu être blessés et choqués. Ce droit fait même partie des conditions d’exercice d’un authentique dialogue de l’Eglise avec la culture contemporaine.

Certains invoquent pieusement que la prière est la réponse la plus pertinente face à l’offense et à l’opprobre qui maintiennent encore le Christ en agonie. L’auto-censure ne serait-elle pas le meilleur parti pour éviter la surenchère médiatique et paradoxalement, de faire de la pub à nos détracteurs ? Cependant, le silence de la Croix n’est pas le seul « lieu théologique » qui justifierait notre abstention, face à l’invective et à la profanation. En effet, le silence de la Passion s’efface au matin de Pâques devant la joie de l’attestation. Pierre, Paul et Barnabé eurent le courage, au cœur de l’épreuve qui devait les conduire à la mort, d’ouvrir la bouche pour défendre le Christ, malgré les représailles. Cette confession de foi relève du même registre que l’expérience artistique. Elle expose une vérité qui nous rejoint au plus intime, et qui nous dépasse car elle nous excède.

Entre le mutisme inhibé et la réplique doloriste ou agressive, l’Eglise doit articuler une parole critique par rapport à l’intolérance de ceux qui se moquent, et une parole prophétique en regard des attentes spirituelles d’une société où la consommation tient lieu d’espérance et d’exutoire, et qui prétend se passer de transcendance. […]"

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