Des Les 4 Vérités, Guillaume de Thieulloy analyse le dernier ouvrage de Jean-Yves Le Gallou, La désinformation publicitaire. Extrait :
"On peut dire tout le mal qu’on souhaite de la presse anglosaxonne (et il y a beaucoup à dire en la matière !), mais celle-ci vit principalement de ses lecteurs. La presse française, elle, vit principalement de la publicité. Au premier abord, cela peut sembler assez insignifiant. Mais c’est fondamental. Car la publicité impose subtilement une idéologie qui n’est pas forcément (qui est même assez rarement) l’idéologie du lecteur. […]
Comment la publicité impose-t-elle une idéologie ? Tout simplement en exigeant qu’un encart publicitaire ne côtoie pas un article « négatif » (par exemple, en refusant qu’un encart côtoie un article sur la corruption des « élites », sur la destruction de la famille ou sur l’immigration). Ce que les annonceurs veulent, comme l’avait naguère dit Patrick Le Lay, alors homme fort de TF1, c’est « du temps de cerveau disponible ». Moins les médias « prennent la tête » du lecteur, mieux cela vaut. Finalement, d’encart publicitaire en encart publicitaire, il n’y a plus de place pour dire la vérité. Dans ce contexte, il est logique que la presse non conformiste reçoive fort peu de recettes publicitaires. À terme, le média tout entier (cela vaut pour la télévision et la radio comme pour la presse) n’est plus qu’un support publicitaire, les articles ou reportages n’étant qu’une façon de préparer le « consommateur » à… consommer précisément, ce qui est évidemment le but de la publicité.
Connaître cette réalité, c’est déjà y résister, dit très bien Jean-Yves Le Gallou. Mais nous pouvons – et devons – faire davantage. Il faut dénoncer les bobards publicitaires, comme tous les bobards médiatiques, partout où on les trouve (ils sont nombreux, tant la description du monde enchanteur de la « mondialisation heureuse » correspond peu à la réalité). Il faut aussi éviter, autant que possible, de « consommer » de la publicité. Plus généralement, le refus de la consommation compulsive que veulent nous imposer les publicitaires est, en soi, un acte de résistance au système. Il faut, bien sûr, protéger les enfants – qui sont les plus vulnérables – de l’influence publicitaire. Mais, nous ne pouvons pas nous contenter d’une action défensive. Nous disposons désormais d’armes puissantes pour réinformer – en particulier, avec internet. Servons-nous en au maximum. Soutenons autant que possible (d’abord en lisant et en diffusant, mais aussi, quand nous le pouvons, financièrement) les médias de ce qu’on appelle maintenant la « réinfosphère ». La grosse presse agonise actuellement. La réinfosphère, elle, est en plein développement. Voilà une bonne raison d’espérer !"