Samedi, 3 Français ont été ordonnés prêtres pour la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre (sur un total de 14 nouveaux prêtres cette année, tous pays confondus) en la cathédrale de Laon par Mgr Renauld de Dinechin. Dans son homélie, ce dernier a évoqué l’exclusivisme liturgique de la FSSP. Interrogé dans La Nef de juillet-août, l’abbé Andrzej Komorowski, originaire de Pologne, supérieur général de la FSSP depuis 2 ans, revient sur cette question :
Certes, la non-célébration par nos prêtres de la forme ordinaire pourrait être considérée comme un obstacle à notre développement. Il y a effectivement de moins en moins de prêtres dans les diocèses et certains évêques regrettent que nous ne célébrions pas selon le missel de Paul VI. Mais nous sommes convaincus de la dimension missionnaire de la liturgie traditionnelle, laquelle n’est pas réservée à ceux qui la connaissent déjà mais peut attirer à Jésus-Christ les âmes les plus éloignées. Si nous célébrions la forme ordinaire pour « toucher plus de monde » cela signifierait, en creux, que nous reconnaissons que la forme extraordinaire n’est pas adaptée pour l’évangélisation d’aujourd’hui et doit rester réservée aux « initiés ». […]
Cette question de la concélébration se pose différemment selon les pays. En France cela a pris une très grande importance, au point d’éclipser les autres signes de communion, au premier rang desquels se place la communion eucharistique elle-même. Il est vrai que les prêtres de la FSSP ne concélèbrent pas car ils ont fait le choix de la forme extraordinaire. Le fait d’avoir un caractère propre, reconnu par l’Église, dont le cœur est l’observance fidèle des traditions liturgiques latines, est un talent à cultiver, une condition de fécondité, et non une entrave quelconque. Notre fondation, avec les caractéristiques qui sont les nôtres, a été approuvée par le Saint-Siège en 1988. Nous sommes fidèles à nos actes fondateurs. La concélébration par ailleurs ne revêt aucun caractère obligatoire d’après le Code de Droit canonique, comme cela nous a été rappelé il y a quelques années par la Commission Ecclesia Dei. Elle ne peut pas être une condition en vue d’une mission dans un diocèse. J’observe d’ailleurs que nous ne manquons pas d’apostolats, au contraire ! Enfin, notre choix est certes dû à un attachement à cette forme liturgique mais rappelle aussi les insuffisances de la forme ordinaire. C’est la raison pour laquelle, étant donné que nous n’y sommes pas obligés, nous ne souhaitons pas la célébrer ni la concélébrer.
Un choix qui mérite d’aller plus loin, et, coïncidence du confinement et de la privation de sacrements, deux ouvrages sur la messe traditionnelle ont fait l’objet d’une réédition.
La messe : une forêt de symboles, réédité au format poche, de l’abbé Claude Barthe, qui estime que l’importance primordiale du sens allégorique (ou sens mystique) de la messe doit être redécouverte, comme a été redécouverte l’importance du sens allégorique de l’Écriture depuis les travaux du P. Henri de Lubac. Ce livre voudrait participer à combler un oubli qui est l’une des explications de la crise que traverse aujourd’hui la liturgie catholique. L’auteur s’appuie sur une longue tradition interprétative qui, partant des Pères de l’Église, s’est particulièrement développée depuis la fin de l’Antiquité tardive jusqu’au XVIIe siècle. Il insiste sur les deux clés de lecture majeures pour cette tradition :
- la messe relève d’une « théologie de la victoire », celle du sacrifice de l’Agneau qui triomphe du péché et de la mort ;
- et son déroulement correspond à l’histoire du salut, depuis l’entrée du Christ dans le monde (l’Introït), jusqu’à l’Ascension (le renvoi de l’assemblée).
Un livre passionnant pour redécouvrir la liturgie catholique.
Un autre ouvrage vient d’être réédité par les éditions Clovis. Il s’agit d’une compilation de textes de Mgr Marcel Lefebvre sur le saint sacrifice de la messe, au cours duquel
« se réalise toute la Révélation, le mystère de la foi, l’achèvement des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, toute l’efficacité de l’apostolat ».
Cet ouvrage reprend de façon méthodique tout ce que le prélat a pu dire ou écrire sur la messe, sur ses rites, sur ses prières, sur sa théologie, sur sa spiritualité, sur son esprit, sur sa grâce, et, par contraste, sur le nouvel ordo de la messe promulgué en 1969 par Paul VI, désormais forme ordinaire.