Fort de son expérience, le chef de file de l’Eglise catholique ukrainienne doute que l’accès d’hommes mariés au sacerdoce puisse constituer un remède au manque dramatique de prêtres, en Occident comme ailleurs dans le monde :
Tandis que se prépare le prochain synode sur l’Amazonie, Mgr Sviatoslav Shevchuk est intervenu à l’issue d’un autre synode, celui de l’Eglise catholique ukrainienne, dont il est le primat. Cette assemblée s’est tenue à Rome, du 2 au 10 septembre 2019.
Interrogé sur la question des vocations sacerdotales et religieuses, le haut prélat a prévenu : « il ne saurait y avoir des réponses faciles à des questions difficiles », le tarissement des vocations demeurant « un défi pour tout le monde ».
Alors que les progressistes, notamment en Allemagne, poussent à l’ordination sacerdotale de viri probati, c’est-à-dire d’hommes d’âge mûr ayant déjà fondé une famille, le chef de l’Eglise uniate replace le débat à sa vraie place : « le sacerdoce reste une vocation : or une vocation ça n’augmente pas, ça ne diminue pas parce qu’on serait marié ou qu’on resterait célibataire ; être prêtre, ce n’est pas un travail, mais une manière d’offrir sa vie pour le bien de l’Eglise », déclare Mgr Shevchuk.
Pour l’archevêque métropolitain, il n’y a aucun doute : « Le Seigneur dit : “ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis” (Jn 15, 16). Nous sommes convaincus que le Christ en appelle beaucoup à la prêtrise, mais qu’il existe des obstacles nombreux et divers que les hommes mettent devant cet appel », explique-t-il.
Le primat ukrainien précise que la discipline orientale qui autorise l’accès d’hommes mariés à la prêtrise n’a rien changé à la crise des vocations :
« En Ukraine, grâce à Dieu, nous avons beaucoup de vocations (…). Mais ailleurs, l’Eglise ne tire pas un bénéfice de l’ordination d’hommes mariés, par exemple au Canada et aux Etats-Unis. Bien qu’il soit possible de vivre le sacerdoce dans l’état du mariage [selon la pratique orientale – NDLR], cela ne favorise pas l’augmentation des vocations au sacerdoce. C’est notre expérience ».