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Culture

La “disparition” des saints Maccabées

La “disparition” des saints Maccabées

Christophe Eoche-Duval, juriste, haut-fonctionnaire exerçant au sein de la Justice, essayiste, artiste, auteur metteur en scène, s’est passionné de revisiter la Bible. Lors du confinement, il s’est penché sur le deuxième Livre des Maccabées, un des livres de la Bible tombés dans l’oubli. Il s’agit pourtant d’une histoire véridique, et fondamentale dans l’aventure d’Israël. C’est le récit de la révolte, à l’initiative de la famille des Maccabées (en 167 av. J.-C.), des Israélites restés fidèles à la foi de Moïse contre l’idéologie qui risquait de les engloutir, dénommée hellénisme (que l’auteur propose de traduire par « sécularisme »). Ce récit a galvanisé la résistance juive, du ghetto de Varsovie à la libération du Mur du Temple. C’est encore un récit que fêtent, chaque année, les Israéliens (croyants ou non), avec la fête de Hanoucca. Alors même que ce livre n’est pas reconnu dans le canon biblique des Juifs.

Maillon essentiel entre l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est un livre passionnant, moderne par ses leçons. Car la « résistance » juive, d’hier, n’annonce-t-elle pas des lendemains ? L’auteur discerne aussi dans le deuxième livre des Maccabées une clé de lecture du Noël chrétien. Mais si ces livres sont intégrés dans le canon des Ecritures reconnues par l’Eglise, combien de catholiques les connaissent ?

Combien même d’extraits des deux premiers livres des Maccabées l’Eglise catholique tire-t-elle pour édifier ses fidèles dans la liturgie ? En première lecture de messe, un extrait du premier ou du deuxième livre des Maccabées n’intervenait dans l’ancien Ordo que trois fois l’an, chaque samedi des quatre-temps, aux lectures de la fête de Saint Louis puis du 1er août, fête des “saints Maccabés” ; plus à la liturgie de la messe d’anniversaire d’un décédé. Depuis 1970, c’est toujours trois fois mais sur un cycle de trois ans, zéro fois l’année liturgique A (tombée en 2020), deux fois l’année liturgique B (année 2021), une fois l’année liturgique C (année 2022). Comment un fidèle peut-il en conserver souvenir, du fait de ce caractère très occasionnel ? […]

Depuis environ 362, leur mémoire au Martyrologue romain était fêtée chaque 1er août (couleur liturgique rouge). Je n’ai pas trouvé la raison du choix de cette date aoûtienne, commune dès l’origine à l’Eglise romaine et orthodoxe. Cette fête était importante comme en témoignent des Pères de l’Eglise qui leur ont consacré des homélies. Elle est inscrite au sacramentaire gélasien (Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae) qui date d’environ 550. […] Depuis 1970, ils ont “disparu” du sanctoral du calendrier liturgique, le calendrier des saints fêtés le 1er août, nouvelle forme d’injustice. Car cette mémoire dite “obligatoire” de leur fête, en disparaissant, a fait disparaître la diffusion de la connaissance de leur récit auprès du “peuple des fidèles”. […] Cette “disparition” intervient avec la révision dans l’Eglise latine du missel à la suite de la constitution apostolique Missale Romanum du 3 avril 1969, entré en vigueur à partir du 30 novembre 1969.

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