Tugdual Denis, Directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, analyse l’amende hors norme contre C8 et les propos délirants du ministre de la Culture :
“T’es une merde”. On ne va pas se mentir, il y a des moyens plus courtois de s’adresser à un député de la République. En s’enguirlandant en novembre avec le lui-même souvent discourtois Louis Boyard, de la France insoumise, Cyril Hanouna a transformé son plateau de télévision en loge. Les deux hommes ont en effet eu une explication qu’on a habituellement en coulisses. L’animateur ne s’encombrant pas du langage châtié qu’on use à l’écran. En même temps, c’est le principe de ses émissions, et la quintessence de son style. Qu’on aime, ou pas.
L’Arcom, l’ancien CSA, a décidé qu’on ne parlait pas comme ça devant des enfants ou autres téléspectateurs. Soit. Et vient d’infliger 3,5 millions d’euros d’amende à la chaîne C8 pour non maîtrise de son antenne. Pardon ? 3,5 millions d’euros ?
Si seulement l’Etat et ses organismes se montraient sévères en toutes circonstances, on ne s’étonnerait pas. Mais il y a dans le traitement de défaveur sur tout ce qui touche de près ou de loin à Vincent Bolloré quelque chose de profondément ridicule, et, in fine, d’anormal.
Quel était l’objet de la dispute entre le LFI Louis Boyard et l’animateur de Touche pas à mon poste ? Une digression hors sujet du premier sur l’actionnaire du second. Ce soir-là, Louis Boyard a absolument voulu parler de Vincent Bolloré, de ses activités en Afrique, des accusations dont il fait régulièrement l’objet.
Le 16 janvier, la même ministre de la Culture a donné une interview hallucinante dans Le Monde. Une interview qui aurait dû faire bondir plus d’un démocrate. Répondant à une question sur l’annulation par le groupe Indochine d’un concert à Perpignan, ville dirigée par le RN Louis Aliot, Rima Abdul Malak a d’abord affirmé que ce n’était pas forcément une bonne manière de montrer ses désaccords idéologiques. Nous étions agréablement surpris par cette tempérance. La suite allait nous donner tort:
“C’est un combat politique, que je porte notamment au Parlement. J’essaie de sensibiliser le milieu de la culture, qui, parfois, ne voit pas arriver cette vague de l’extrême droite. (…) Cette vague du populisme sera très violente pour la culture, si on ne lutte pas contre elle sur le terrain et politiquement.”
Oui, bien sûr, le milieu de la Culture lutte sous les assauts de l’extrême droite. Il est d’ailleurs déjà infiltré par les tenants d’une France réactionnaire. Quand on sait le monolithisme politique qui émane des milieux culturels, on se pince en lisant la paranoïa et la mauvaise foi de la ministre…
Cela, c’était la première salve, finalement assez politique même si malhonnête intellectuellement, de l’entretien. Quelques lignes plus bas, en revanche, la ministre se montrait plus précise dans son sectarisme. Au sujet du droit de C8 et CNews à pouvoir être diffusées gratuitement sur la TNT, elle brandissait sa menace, avec la gourmandise de celle qui pense pouvoir appuyer sur un bouton rouge:
“Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles ont respecté leurs obligations.”
Dans le même journal, Le Monde, qui se gargarise de ces oukases, l’écrivain Erik Orsenna a détaillé le 7 février le contenu de son prochain livre consacré à Vincent Bolloré. “Histoire d’un ogre” paraîtra chez Gallimard et s’attaquera, détaille Le Monde, “avec férocité, mais, sans le nommer, à l’homme d’affaires qu’il accuse de vouloir régner sur les médias et l’édition”. L’académicien Erik Orsenna, à l’oeuvre qualitativement sinusoïdale, trace là une ligne droite vers sa cible:
“La particularité de Vincent Bolloré, c’est son interventionnisme extrêmement brutal dans les médias et les maisons d’édition et ce, au service d’une cause politique qui en fait pour moi un adversaire. (…) Il met son pouvoir au service d’une parole de haine. C’est unique à ce niveau dans le capitalisme français. Vincent Bolloré est dangereux pour la démocratie.”
Faut-il que ces gens soient aveugles pour ne pas se rendre compte qu’il s’agit a maxima d’un simple rééquilibrage ? Que la presse n’est que très minoritairement de droite, que les écoles de journalisme sont peuplées d’apprentis qui se disent ouvertement opposés à la droite, que la publicité n’est pas de droite, que le monde du cinéma n’est pas de droite, que le monde de l’édition n’est pas de droite, que le monde de la chanson ne penche pas à droite. Et que pour tous ceux qui dominent ces mondes, il ne peut en être autrement.
Les progressistes proclamés sont incapables de deux choses : légitimer d’autres gens qu’eux, et proclamer la liberté comme principe.
Nous sommes pour que Jean-Luc Mélenchon puisse défendre comme ce fut le cas jeudi 9 février sur BFM TV, avec la ferveur d’un ami et le talent d’un ténor, son camarade Adrien Quatennens.
Nous sommes pour que le journal L’Humanité paraisse, vende et rayonne. Nous sommes pour que la télé soit de droite et de gauche, pour que des chanteurs de droite puissent chanter dans des villes d’extrême gauche, pour que les Français aient le choix entre Arte et Hanouna, pour que des milliardaires macronistes possèdent des journaux et qu’un autre, breton, puisse se lancer dans l’édition. Nous sommes pour que ceux qui n’ont que le mot diversité à la bouche cessent d’étouffer dans leur entre-soi.
colcombet
C’est le nième signe que les faux démocrates, c’est à dire cette gauche libérale libertaire dont fait partie Macron et tous les bobos, ne supporte pas la contradiction à leur idéologie totalitaire.
C’est aussi le signe que ces chaînes d’info dont la ligne éditoriale leur échappe est un caillou dans leur chaussure. Chaussures qu’ils ont aux pieds dans cette course à la destruction de la France et d’une façon générale à la civilisation occidentale d’origine chrétienne et gréco-romaine.