Recep Tayyip Erdogan a remporté de justesse le référendum lui donnant des pouvoirs sans précédent : le oui l’a emporté avec 51,3 % des suffrages. Près de 25 millions d’électeurs turcs ont voté pour les dix-huit amendements à la Constitution, soit 1,5 million de plus que ceux qui les ont rejetés. Le caractère étriqué de la victoire du oui représente un véritable camouflet pour l’homme fort de la Turquie. Le non gagne dans les grandes villes du pays, à commencer par Istanbul, dont M. Erdogan fut le maire, et Ankara. Ces deux villes votent majoritairement depuis 1994 pour les partis islamistes. Les habitants de plusieurs quartiers d’Istanbul acquis au non sont descendus dans la rue pour protester contre la victoire du président. Au sein même de l’AKP, cette concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme a suscité une réelle inquiétude.
Le référendum a accru les divisions du pays et la polarisation, toujours plus forte, entre partisans et adversaires de M. Erdogan. L’étroitesse de la victoire du oui attise les polémiques sur les irrégularités du scrutin. Le CHP, principale force de l’opposition, a annoncé qu’il allait demander un nouveau décompte de la moitié des bulletins en dénonçant des « actes illégaux ». La controverse porte sur les bulletins de vote non tamponnés par les scrutateurs présents dans les bureaux. Quand le décompte a commencé, le Haut Conseil électoral (YSK) a fait savoir que les bulletins dépourvus de tampons seraient considérés comme valides, contrairement à ce qui prévalait jusqu’ici. Plus d’un million et demi de votes douteux ont ainsi été validés.
Dans le sud-est du pays, à majorité kurde, le non l’emporte avec des scores allant, selon les provinces, de 57,2 % à 72,6 % des voix.
Les résultats du référendum en Turquie ont provoqué de vives tensions, dimanche soir, dans le sud de Rennes. Des affrontements ont eu lieu entre membres de la communauté turque, des voitures ont été vandalisées et un policier a été blessé.
65% des Turcs de France et 77% de ceux de Belgique ont voté « Oui » au référendum. A Sens, les Turcs se sont réjouis à coups de klaxon.