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"Depuis la montée en puissance, à la fin du printemps, de l'organisation Etat islamique (EI), la Turquie est restée très en retrait dans la lutte menée par tous les acteurs régionaux et internationaux contre le groupe djihadiste.
Jusqu'à ce week-end, Ankara a justifié cette frilosité par la nécessité de ne pas mettre en danger les 49 otages, (dont 46 Turcs), enlevés le 11 juin à son consulat de Mossoul (Irak). Certes, toute crise d'otages se règle toujours mieux dans la discrétion. Mais le rapt des citoyens turcs ne suffit pas à expliquer les zones d'ombre de la position d'Ankara. Plusieurs facteurs, diplomatiques et internes sont à l'origine de l'embarras des autorités turques. Et toutes ces motivations s'articulent autour de la région frontalière de la Turquie avec la Syrie et l'Irak.
Depuis le début de la guerre en Syrie fin 2011, la frontière turque est une véritable passoire, dans un sens comme dans l'autre, pour les rebelles syriens en lutte contre le régime de Bachar el-Assad.
Après avoir un moment tenté de nouer des relations avec le dictateur syrien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a pris le parti de l'opposition syrienne en 2011, "en partie sur des bases identitaires", explique à L'Express le politologue Samim Akgönül. La population syrienne, et à plus forte raison l'opposition au régime d'Assad –qui s'appuie essentiellement sur la minorité alaouite dont il est issu– est très majoritairement sunnite, comme la population Turque.
"Si elle n'a pas directement soutenu l'EI en tant que tel, la Turquie a fermé les yeux sur le passage d'islamistes dont certains ont ensuite rejoint Daech, à mesure que les autres groupes rebelles syriens s'affaiblissaient au profit de cette dernière", constate Jordi Tejel, professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID, Genève), interrogé par L'Express. […]"