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Culture de mort : Avortement

La fébrilité des pro-avortement est l’aveu qu’au fond, ils pensent l’inverse

Émile Duport est porte-parole des Survivants. Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir. Extraits :

Vous êtes clairement désignés comme faisant parti des cibles à abattre par le gouvernement. Est-ce la rançon du succès d’un mouvement pourtant créé il y a à peine 6 mois ?

Le succès n’est pas tellement de susciter des réactions hostiles envers nos idées, personne ne peut le souhaiter, mais en revanche, ce qu’il y a d’ambivalent dans cette décision, et ce en quoi c’est un succès, c’est qu’elle paraît tellement disproportionnée par rapport à l’importance du sujet, ou du moins à celle qu’ils prétendent lui donner en affirmant qu’il s’agit d’un droit, de quelque chose d’admis et d’entré dans les mœurs qui ne peut plus être remis en cause aujourd’hui. Paradoxalement, la rapidité et l’ampleur de la réaction traduit bien qu’en fait, au fond d’eux-mêmes, ils pensent l’inverse. Cette fébrilité est une forme d’aveu que leurs grandes affirmations ne reposent en réalité sur rien. Leurs réactions n’atteindraient pas autrement de telles proportions. Il y a une disproportion entre la soi-disant inaltérabilité du sujet et la réaction.

Deuxièmement, il est intéressant de voir que c’est la première disposition du gouvernement envers ce qui est publié dans le web qui prend une forme légale. D’habitude, ce qui concerne la sécurité intérieure est géré de manière confidentielle par des agences, pour traquer les terroristes, mais cela ne passe peu par l’hémicycle. Il s’agit ici de la première ingérence officielle du gouvernement dans la sphère numérique sur un sujet qui ne menace pas la sécurité intérieure. C’est un point important, parce que toute personne qui n’a pas encore trop perdu le sens commun va quand même se rendre compte que soit l’on aborde le sujet (c’est-à-dire le contrôle de l’information sur le web) dans sa totalité, soit on ne le fait pas du tout, mais qu’il est incohérent de le faire sur un seul sujet en tant que tel. […]

Laurence Rossignol attaque ces sites en affirmant que l’information, à but dissuasif, qui y est présentée est partielle, ou partiale.

Deux choses nous sont reprochées. Tout d’abord d’avoir une information dissuasive, et deuxièmement de le faire en avançant « masqués », c’est-à-dire de ne pas afficher clairement qui l’on est. C’est-à-dire que pour elle, un site qui indique clairement être contre l’avortement ne pose pas de problème. Mais qu’un site, s’il se prête une vocation de neutralité ou une vocation éducative ou sociale, ne peut pas émettre de contenu dissuasif. Le délit d’entrave ne concerne que les informations dissuasives publiées par des personnes qui n’affichent pas explicitement qu’elles sont contre l’avortement. En aucun cas cette loi ne vient traquer les informations fausses, qu’elles soient dissuasives ou incitatives. C’est pour nous un délit d’opinion dans la mesure où ce qu’elle vient combattre en réalité, c’est que l’on puisse se présenter comme des gens qui peuvent conseiller la femme dans sa démarche et qu’on l’on puisse à tout moment donner une information dissuasive : un site présenté comme « neutre » ne doit pas pouvoir dissuader la femme d’avorter.

N’est-ce pas une forme d’hypocrisie quand on voit que le site du gouvernement lui, au contraire, n’est pas « neutre », mais bien plutôt incitatif ?

C’est hypocrite en effet, et puis surtout elle fait finalement tomber le masque sur sa volonté de présenter l’IVG comme un droit et comme un acquis, comme quelque chose qui serait plutôt vertueux dans la mesure où ce délit d’entrave ne désigne pas les informations qui seraient incitatives et qui ne diraient pas leur nom. Ce qui est aussi encore plus grave, c’est que c’est un délit qui ne vient pas traquer les informations fausses, mais les informations d’une certaine nature : il vient traquer la nature d’une information (dissuasive) et non pas sa véracité. Ce qui est quand même ahurissant.

Du coup, les informations incitatives, qu’elles soient fausses ou justes, ne sont pas concernées. Si cette proposition de loi déclarait — ce qui serait déjà assez inquiétant — qu’il faudrait répondre des informations fausses, ce serait au moins l’occasion pour nous d’ouvrir un débat sur le sujet. Car qui déciderait alors de ce qui serait faux ou de ce qui serait juste ? Un juriste ? Est-il vraiment habilité pour le faire ? Mettons qu’il soit habilité pour le faire et qu’il ouvre alors une commission avec des conseillers conjugaux, avec des médecins, etc… S’il s’agissait de traquer les informations fausses, nous ouvririons alors tous nos sites à l’observation de ce groupe de travail dans la mesure où, si l’on retirera évidemment toute information qui se révélerait réellement et objectivement fausse, il nous permettrait également d’avoir un échange avec des gens qui, pour nous, publient des informations incitatives fausses. Ce serait pour nous l’opportunité de mettre le Planning Familial face à ses propres contradictions. […]

 

N’êtes vous pas malgré tout dans le rôle de David contre Goliath, les sites visés par le gouvernement fonctionnant avec des fonds privés, avec des budgets relativement réduits, contre le gouvernement et contre des sites qui sont largement subventionnés ?

Ce n’est pas le cas. Parce que nous sommes en réalité une masse. Dans les professions d’assistance à la personne, d’éducation… les catholiques et d’une manière générale les gens qui s’intéressent à cette question ont beaucoup travaillé. Nous avons une quantité de contenus, une quantité d’informations que n’a pas le gouvernement. Et par ailleurs, j’ai une expertise digitale que n’a pas le gouvernement, donc, au contraire, c’est une énorme aubaine.

[…] Je pense qu’il va falloir qu’ils nous prouvent que reproduire la parole d’une célébrité qui dit qu’elle en a bavé concernant son avortement est une information dissuasive et trompeuse. Je ne pense pas. Ils n’arriveront jamais à le prouver. Ce serait alors une opportunité de discussion et puis bien évidemment on médiatisera les échanges que l’on pourrait avoir. Ce serait finalement une chance. […]"

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