De Pierre-Olivier Arduin sur Liberté Politique :
"L’information est tombée lors de la 19e conférence de la Société internationale pour la recherche sur les infections sexuellement transmissibles (IST) qui s’est tenue au Canada début juillet. Un « supergonocoque » résistant à toute la gamme actuellement disponible d’antibiotiques vient d’être isolé au Japon. A l’origine de la blennorragie ou gonorrhée – habituellement nommée « chaude-pisse » en raison des brûlures urinaires douloureuses qu’il provoque chez l’homme – le gonocoque n’a cessé de développer ces dernières années des mécanismes de résistance à toutes les molécules usuelles. En France, le seul traitement actuellement efficace consiste en l’injection intramusculaire de 500 mg de ceftriaxone, un antibiotique de la classe des céphalosporines. Or, la souche qui vient d’être identifiée résiste à ce médicament. Pour le scientifique suédois Magnus Unemo qui a identifié cette « superbactérie », la découverte est « alarmante». Le risque est en effet que cette nouvelle souche multirésistante se répande dans le monde dans les dix prochaines années en devenant une menace globale pour la santé humaine.
Cette information est d’autant plus préoccupante qu’en France, les blennorragies sont en constante augmentation depuis 1996. Le docteur Caroline Semaille, responsable du département VIH/IST/Hépatites B et C à l’Institut de veille sanitaire, fait état d’une progression de 52% des cas entre 2008 et 2009. Premières victimes : les moins de 30 ans. Les facteurs de cette recrudescence sont connus : évolution des comportements sexuels de plus en plus risqués, rencontres occasionnelles et multiplicité des partenaires.
Si les signes sont souvent silencieux, notamment chez la femme, les médecins rappellent que les complications de la maladie sont loin d’être anodines, pouvant entraîner des inflammations graves de la prostate, des testicules et de l’épididyme chez l’homme. Les jeunes femmes payent cependant le plus lourd tribut, la maladie pouvant conduire à des grossesses extra-utérines et surtout à une stérilité définitive en cas d’infection chronique diagnostiquée trop tard.
La clairvoyance de l’instruction pontificale Dignitas personae dans laquelle les rédacteurs rappelaient en 2008 qu’ «une partie non négligeable des cas d’infécondité qui se présentent aujourd’hui au médecin, chez la femme comme chez l’homme, pourraient être évités, si la vertu de chasteté était vécue plus fidèlement» (n. 13) apparaît aujourd’hui dans toute sa pertinence."