D’Antoine Bordier :
Le Covid-19 n’a pas tari la source de Cotignac, à l’origine des pèlerinages des pères de famille qui fleurissent partout en France depuis une dizaine d’années. Le 1er week-end de juillet est le rendez-vous annuel le plus important de ces pèlerinages. Dans une France qui a tourné le dos à sa vocation de « Fille aînée de l’Eglise », où les pères n’ont plus leur place et sont en quête de masculinité, face à une féminité elle-même blessée, et, parfois « castratrice et débridée », les papas en marche sont devenus un rempart contre « une culture de mort » et des lois qui s’attaquent de plus en plus au couple, aux enfants, à la famille. Allons à la rencontre de ces « grands aventuriers du monde moderne », comme disait Péguy. Ils ont répondu à l’appel du pape François, qui a fait de l’année 2021 une année consacrée à Saint Joseph.
Ce jeudi 1er juillet, il est 22h00 quand les premiers papas arrivent de Lille, de Paris, de Nantes et de Bourg-en-Bresse. En tout une vingtaine de pèlerins, déjà en tenue, sur la cinquantaine inscrite. Loïc Calamel est le principal organisateur de cette marche qui relie Le Cannet-des-Maures à Cotignac. Marié avec Sara, depuis près de 20 ans, avec leurs quatre enfants, il est pour ainsi dire tombé amoureux du saint depuis une quinzaine d’années. « Saint Joseph, raconte-t-il, c’est un peu mon second papa. Il a eu la chance d’être le père adoptif de Jésus, du Fils de Dieu. Et, il était le chaste époux de la Vierge Marie. Je me confie souvent à lui, sur les sujets de couple, de paternité, de masculinité. Il est très efficace. Il faut juste s’abandonner, lâcher prise, marcher et lui faire confiance. » Avec son sac-à-dos de vingt kilos, qu’il portera tout au long de ces deux jours de marche et de ces cinquante kilomètres parcourus, il impressionnerait les plus aguerris. Mais, il ne marche pas pour la gloriole. Il marche et il en entraîne d’autres à ses côtés, pour devenir « de bons papas et de bons maris. » Cette année, Loïc a changé un peu sa route. Il a donné rendez-vous au Luc-en-Provence. Très exactement, à la chapelle de Saint-Joseph, qui se situe sur un piton rocheux, qui surplombe une partie de la ville. Dans la nuit, le père Jacques invite les pèlerins à entrer dans la chapelle. Quelques bougies chassent la pénombre. On y trouve la statue de Saint Joseph. Le père prononce quelques mots et exhorte les pèlerins à « vraiment suivre et imiter Saint Joseph, le chaste époux de la Vierge-Marie, et, le père-éducateur du Christ. » Il parle de la vocation de père : « Votre vocation est belle. Ne la sous-estimez pas. Elle ressemble à celle de Saint Joseph. Demandez-lui la force de la vivre. » Puis, dans le silence de la nuit, au son du crépitement d’une bougie qui est en train de s’éteindre, il bénit les papas.
Les papes et Saint Joseph
Comme à son habitude, c’est une marque de fabrique des papes et de l’Esprit Saint (!), le pape François a surpris le monde entier, lorsqu’il a annoncé le 8 décembre 2020 qu’il ouvrait une année dédiée à Saint Joseph. Dans sa Lettre apostolique « Patris Corde », publiée le jour-même, à l’occasion du 150è anniversaire de la déclaration de Saint Joseph comme Patron de l’Eglise Universelle, il invite tous les pères à avoir un « cœur de père ». Dans sa lettre, il présente Joseph comme modèle. Il rappelle qu’il est le « père aimé », le « père dans la tendresse », le « père dans l’obéissance », le « père dans l’accueil », le « père au courage créatif », le « père travailleur », et, enfin le « père dans l’ombre ». Le 19 mars 1966, le jour de la fête du saint, le pape Paul VI avait écrit : Saint Joseph a fait « de sa vie une oblation de soi, de son cœur, et, de toute sa capacité d’amour pour servir le Messie ». Plus tard, saint Jean-Paul II, il y a 20 ans, le 19 mars 2001, alors qu’il ordonnait 9 nouveaux évêques, disait : “Voilà donc l’intendant fidèle, avisé, que le maître a établi sur ses gens” (cf. Lc 12, 42). C’est ainsi que la liturgie nous présente aujourd’hui Saint Joseph, Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie et Gardien du Rédempteur. Lui, le serviteur fidèle et sage, a accueilli avec une docilité obéissante la volonté du Seigneur, qui lui a confié “sa” famille sur terre, afin qu’il en prenne soin avec un dévouement quotidien. Saint Joseph persévéra dans cette mission avec fidélité et amour. » Son successeur, Benoît XVI, il y a 9 ans, le 19 mars 2012, nous proposait son portrait : « Saint Joseph était juste, il était plongé dans la Parole de Dieu, écrite, transmise à travers la sagesse de son peuple, et c’est précisément de cette manière qu’il était préparé et appelé à connaître le Verbe incarné – le Verbe venu parmi nous comme un homme – et prédestiné à garder, à protéger ce Verbe incarné ; cela demeure sa mission pour toujours : protéger la sainte Eglise et Notre Seigneur. » Enfin, lors de la Messe de son intronisation, le 19 mars 2013, le pape François, dont le papa s’appelait Mario Jose (Marie Joseph) déclarait : « Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné Jean-Paul II :‶ Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle ″ (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1). Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. »
Saint Joseph et la France
En ce vendredi 2 juillet 2021, alors que les paroles des papes résonnent dans le cœur des pèlerins, dont le flot a grossi pendant la nuit, avec l’arrivée des derniers provenant de Paris et de Bourg-en-Bresse, l’heure du réveil va bientôt sonner. Déjà, dans la nuit du jeudi au vendredi, ils ont commencé à marcher entre la chapelle de Saint Joseph du Luc et la vieille place forte du Cannet-des-Maures, située sur un promontoire. Il est 5h00. Nuit blanche pour certains, d’autres ont mal dormi. Comme Nicolas, qui vient de Lille : « J’ai dû dormir 3 ou 4 heures. Mais ce n’est pas grave. Je suis en forme. » La troupe de pèlerins se réveille. Dans moins de 33 heures, ils rejoindront crasseux et fourbus, des ampoules aux pieds, le pas lourd, mais l’âme allégée, le Mont Verdaille, qui culmine à 700 m. 50 km les sépare de ce mont où Notre-Dame de Grâces apparaît en 1519, avec l’Enfant Jésus, à un simple bûcheron, Jean de la Baume. Elle s’adresse à lui : « Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. » Plus d’un siècle plus tard, le 7 juin 1660, vers 13h00, c’est au tour de Saint Joseph, l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus, d’apparaître en terre de Provence, au Mont Bessillon, qui se situe à 3 km du Mont Verdaille. Il apparaît à un berger, Gaspard Ricard qui est assoiffé. Il lui dit : « Je suis Joseph, soulève ce rocher et tu boiras ». Gaspard obéit, soulève le rocher, que 9 hommes ne pourraient pas, et une source se met à jaillir. Les habitants de Cotignac construisent une chapelle sur le lieu de l’apparition et protège la source. Ces apparitions uniques au monde ne s’arrêtent pas là.
La Sainte Famille aime la France
La France serait le seul pays au monde à bénéficier autant d’amour, d’attention et d’apparitions ! Une troisième apparition, d’ailleurs, est à prendre en compte : celle du 3 novembre 1637. A Paris, à Notre-Dame des Victoires, dans un monastère qui n’existe plus, la Vierge Marie apparaît à un religieux augustin, le frère Fiacre. Elle lui dit : « N’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu, et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France. Pour marquer que je veux qu’on avertisse la Reine de faire trois neuvaines en mon honneur, voilà la même image qui est à Notre-Dame de Grâces, en Provence et la façon de l’église. » Frère Fiacre accompagné d’un autre moine, se rend à Cotignac. Il lui faut trois mois, à l’époque, pour traverser le Royaume de France, qui est couvert de bois, de forêts et de monastères. En arrivant sur place, il trouve sous la forme d’un tableau roulé dans une cave, l’image présentée trois mois plus tôt par la Vierge lors de son apparition. Il a prié, au long du chemin, les 3 neuvaines demandées par la Vierge : celle de Notre-Dame de Grâces, de Notre-Dame de Paris, et, de Notre-Dame des Victoires. Le 5 septembre 1638, alors que Louis XIII et Anne d’Autriche n’arrivaient pas à avoir de descendant, nait Louis-Dieudonné, le futur Louis XIV. A 21 ans, le jeune roi, accompagné de sa mère, se rends, à son tour, à Cotignac. Nous sommes le 21 février 1660, mère et fils prient ensemble aux pieds de Notre-Dame de Grâces. Le chemin qu’a emprunté Louis XIV existe toujours. Il porte son nom. Tous les pèlerins du Cannet-des-Maures, et, ceux provenant d’autres diocèses qui marchent en direction de Cotignac, connaissent les grandes lignes de cette incroyable histoire « sainte ». Une franche camaraderie les anime. Certains, comme Antoine, Bertrand, Éric, Laurent, Manuel, Mickaël, Nicolas, et, Philippe, sont des sportifs avertis. Ils se connaissent depuis longtemps, et, sont des habitués de ce pèlerinage du Cannet-des-Maures, qui fête ses 11 ans. Ils aiment Cotignac.
Il les bénit un par un
« Que tous soient un, comme toi Père tu es en moi et moi en toi » (Jean 17, 21) était le thème principal du pèlerinage de 2020. Cette année, le pèlerinage du Cannet-des-Maures et les dizaines d’autres qui ont choisi de s’y adosser et de rejoindre le Haut-Var, ont choisi la phrase même de Saint Joseph : « Je suis Joseph, soulève ce rocher et tu boiras ». Un drapeau tricolore du Sacré-Cœur de Jésus pavoise la marche des pèlerins. Le sac-à-dos au dos, le chapeau sur la tête, le chapelet à la main, les temps de prière, de silence, d’échanges tous azimuts à deux ou à plusieurs, ponctuent comme une mélodie la marche. Alors que le soleil monte doucement à son zénith, accompagné des températures estivales et du chant des cigales, les crêtes s’enchainent les unes après les autres. Les paysages magnifiques sont faits de terres battues, de chemins pierreux, de dénivelés cumulés qui approchent les 1000 mètres. Les odeurs des pins et des bouquets de romarin parfument la marche. Il manquerait juste l’encens. Il sera présent lors des célébrations eucharistiques du samedi et du dimanche. Ce vendredi 2 juillet, à 6h00 du matin, les pèlerins reçoivent la bénédiction de l’aumônier, le père Jacques, qui officie au Luc. L’an passé, il ne pouvait pas marcher à cause d’une mauvaise chute de VTT. Alors que le ciel étoilé se transforme en crépuscule, le père bénit un par un les pèlerins. Cet instant est divin. En arrière-plan de cette bénédiction le paysage s’éclaircit doucement pour faire apparaître ses couleurs verdoyantes. Loïc remet aux nouveaux un Sacré-Cœur en pendentif. A 6h30, la marche s’élance en direction du Thoronet, plein nord, qui se situe à 8 km. Deux heures plus tard, près du lac de Carcès, les pèlerins s’arrêtent pour se recueillir, et, prier, un Je vous salue Marie devant la stèle des 5 militaires de l’EALAT, morts lors du crash de leur hélicoptère, le 2 février 2018. Bertrand, qui était responsable du pèlerinage l’année dernière, avec Loïc, est sur un autre front : celui du Sahel. Officier, il les a connus pour avoir été leur compagnon d’armes. La marche reprend… Dans l’après-midi, la chaleur est plus intense. Les températures avoisinent les 33°C. Vers 18h00, les pèlerins atteignent, enfin, la paroisse Notre-Dame de l’Assomption du Val où une première Messe est célébrée. Dans la petite chapelle mariale, Notre-Dame de Grâces est honorée sur une fresque murale. Le chant des hommes, grave et tonique en même temps, résonne magnifiquement. Le soir, les pèlerins dormiront sur la crête de Paracol, à 479 mètres d’altitude, là où se trouve un sanctuaire dédié à la Vierge Marie et à saint Blaise. Fatigués, dînent, ils prient les complies autour de la croix monumentale élevée au-dessus du sanctuaire. 360° de paysages et de silence rendent l’instant presque mystique. Notre-Dame de Paracol est là, elle scintille avec son Fils qu’elle porte dans ses bras. Dans la nuit, des hommes se lèvent pour venir adorer le Christ présent sous la forme eucharistique dans l’ostensoir. Sur l’autel de pierre, une relique du bienheureux Carlo Acutis a été déposée. Mort à l’âge de 15 ans, d’une leucémie qui l’a terrassé en 3 jours, il a été béatifié le 10 octobre dernier. Il a légué, en héritage, ses phrases : « Tous naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies…L’Eucharistie est mon autoroute vers le Ciel. » Il avait prédit à sa maman, qu’elle serait « de nouveau maman ». Ce qui s’est réalisé avec l’arrivée de jumeaux !
Direction Saint-Joseph du Bessillon
Le samedi matin, le réveil est plus tardif : 6h30. Les pèlerins se remettent en marche en direction du monastère du Bessillon. Avec eux, un nouveau pèlerin vient d’arriver, c’est Mgr Sylvain Bataille. Il a été ordonné évêque de Saint-Etienne, le 3 juillet 2016. Pendant des heures, l’évêque va marcher, écouter, parler, prier. Il va, également, confesser. Il parlera théologie, liturgie et rituel avec des pèlerins qui se posent beaucoup de questions sur la vie de l’Eglise et sur la communion entre les fidèles. Ils voient bien, ils le vivent, que l’Eglise de France est en crise. Ils sont, parfois, victimes du relativisme ambiant. Ils ont besoin de repères. Ils ont soif de réponses simples face à leur questionnement naturel. Ils parleront, également, de leur vie de famille. Vers 9h30, après le chapelet du matin, la première halte se fait à Correns. Ce petit village varois où coule l’Argens est niché dans un écrin de vignes. Les 50 pèlerins rejoignent une trentaine d’autres, déjà présents sur place. « Bonjour d’où venez-vous ? » interroge l’un d’entre-nous. « De Port-Marly », répond un pèlerin. La rencontre se passe bien. L’arrêt au bord de la rivière se transforme vite en baignade. « Il reste 3 heures de marche avant l’arrivée au Bessillon, prévient Loïc. Nous repartons dans 10 mn. » Parmi les pèlerins du groupe de Loïc, Guillaume le fait pour la seconde fois. Il a vécu à Milan une vingtaine d’années. Il témoigne :
« En Italie, éduquer les enfants, c’est leur montrer par notre exemple que nous sommes des enfants de Dieu. Les enfants doivent voir en nous le feu de Dieu qui nous anime. Il faut prier avec nos enfants, les éduquer, les protéger de cette culture matérialiste qui nous détourne de Dieu. Les enfants ont besoin de voir leurs parents s’aimer. »
Pour Frédéric, un papa de Bourg-en Bresse,
« nous devons faire rayonner notre foi et notre charité autour de nous. Dans notre famille d’abord. A Cotignac, nous ressentons l’amour de Dieu. Et, c’est ici que j’ai reçu beaucoup de grâces. La marche, la chaleur, le dépouillement nous purifie et nous renforce. En tant que père, Saint Joseph est un modèle. Il nous aide ».
« Etre un saint », selon Saint Joseph
Il est 13h50 quand tous arrivent au Bessillon. Un millier d’autres pèlerins, partis de toute la France, vont les rejoindre. A l’arrivée, certains se mettent à genoux devant la statue de Saint Joseph, qui marque l’endroit où il est apparu en 1660. D’autres remplissent leur gourde avec l’eau de la source qui coule depuis son apparition. Le nombre de pèlerins augmentent rapidement. Tous vont converger vers Notre-Dame de Grâces, au Verdaille, où une Messe est célébrée, à 18h00 par Mgr Bataille, en présence de Mgr Rey, l’évêque du diocèse de Fréjus-Toulon. Dans son homélie, Mgr Bataille invite les pères à la sainteté. Au début, il utilise l’humour et pose en souriant la question suivante : « Vous est-il déjà arrivé de ne pas comprendre votre épouse ? » Puis, il continue, plus sérieux : « Permettez-moi une deuxième question : Vous est-il déjà arrivé de ne pas comprendre vos enfants ? ‶ Pourquoi nous as-tu fait cela ? ″ demandent Marie et Joseph à Jésus, âgé de 12 ans, qu’ils retrouvent au Temple après l’avoir cherché pendant trois jours. Ce jour-là, ils n’ont pas compris Jésus. Troisième et dernière question : Vous est-il déjà arrivé de ne pas vous comprendre vous-même ? C’est l’expérience de saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rom 7, 19). Confrontés aux défis du quotidien, à nos propres fragilités et à celles des autres, aux obscurcissements du péché, à la discrétion de la grâce, nous découvrons que la réalité est plus difficile à comprendre qu’il n’y parait au premier regard, comme impossible à maîtriser. » Puis, il parle de sainteté :
« Le saint n’est pas celui qui est sans péché, mais celui qui se reconnaît pécheur, qui accepte la réalité de ses propres compromissions avec le mal et peut ainsi accepter les autres pécheurs. Nous avons à vivre en pécheurs pardonnés, travaillés par la grâce. Le sacrement de la réconciliation trouve ici toute sa place. Il nous permet, avec la grâce de Dieu, d’identifier nos péchés et surtout les combats à mener dans la situation qui est la nôtre aujourd’hui. Le combat de la sainteté n’est pas celui de la perfection, source de tant d’orgueil, mais celui de la foi, de l’espérance et de la charité. Cette foi inébranlable, qui s’appuie sur le Christ, accepte les obscurités et choisit de faire confiance. »
Enfin, il conclut :
« Avec saint Joseph, demandons la grâce de désirer une sainteté authentique, humble et engagée, patiente avec soi comme avec les autres, pleine d’espérance. Avec saint Joseph, demandons la grâce de désirer la sainteté de la charité, à la manière du Christ qui donne sa vie pour le salut du monde. »
La Grande Marche de Saint Joseph
Bien avant ce pèlerinage emblématique de Cotignac, dès le 7 juin, à l’initiative de pères de famille de la région parisienne, s’élance de l’église de Notre-Dame de Pentecôte, à La Défense, La Grande Marche de Saint Joseph. « Nous avons lancé cette idée un peu folle, explique Dominique, l’un des organisateurs, le jour de la marche de saint Joseph, dans Paris, le 20 mars dernier. » Depuis, avec une poignée de volontaires habitués des pèlerinages, l’organisation s’est mise en branle. Ils sont une centaine ce 7 juin à participer à ce lancement inédit, qui ressemble à celui du M de Marie. Le 1er juin 2020, deux routes s’élancent et se tracent avec à leurs têtes deux calèches, qui transportent chacune une statue de la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus, suivies par quelques pèlerins. Les routes partent de Lourdes et de La Salette pour relier différents sanctuaires d’apparition, et, former sur la carte de France la lettre M. L’idée est la même, avec l’année de saint Joseph, même si le J de Joseph ne sera pas exactement formé. Du 7 juin au 15 août, la statue de saint Joseph, œuvre d’art du sculpteur Luc de Moustier, pérégrine sur une joëlette tenue par des pèlerins. Stanislas l’un des organisateurs, qui a marché sur le tronçon d’Autun, raconte à son tour cette aventure inédite :
« Nous avons organisé tout cela avec très peu de moyens. La difficulté était de trouver des pèlerins qui accompagnent la marche tout au long de ces 70 jours. Une autre difficulté était de réaliser un tracé qui nous permette d’arriver le 15 août, précis, à Cotignac. »
Côté pèlerin, la Providence semble avoir veillé. « Sœur Karita est formidable, elle nous accompagne depuis le début. Avec elle, il y a Jean-Michel un retraité, et, au-fur-et-à-mesure d’autres pèlerins se sont agrégés comme Bastien, notre cuisinier. Nous avons eu la grâce, également, d’être accompagné par le père Maxime tout le mois de juillet. Aujourd’hui la marche approche de Valence. L’objectif de la marche est d’aller à la rencontre des Français. Nous avons fait de très belles rencontres, par exemple, dans le diocèse d’Autun, nous sommes rentrés dans une ferme au moment où les pompiers venaient secourir l’épouse du fermier. Elle est décédée quelques jours. C’était très émouvant. Le mari nous a dit : ‶ Ben ça alors, ma femme vient d’être emmenée par les pompiers″. Nous avons prié autour de lui en invoquant saint Joseph patron de la bonne mort. »
Prochaine étape après Valence, les environs de Cavaillon, vers le 5 août. Et, Cotignac le 15 août. Aux pas de saint Joseph, la France semble se réveiller et retrouver (?) sa vocation de « Fille aînée de l’Eglise ». Quant au pape François, il pourrait, lui-aussi, mettre ses pas dans ceux de Saint Joseph et venir à Cotignac…
Reportage réalisé par Antoine BORDIER, Consultant et Journaliste Indépendant