De Raphaël Stainville dans Valeurs Actuelles :
Ceux qui se persuadaient, élection après élection, que la France se droitisait – pour s’en féliciter et plus nombreux encore pour s’en inquiéter -, devraient regarder avec attention les résultats de ces Européennes et tenir les comptes comme un épicier le ferait dans son arrière-boutique. Non, la France ne se droitise pas. Le cartel des gauches – et ce n’est pas le moindre des paradoxes – est majoritaire dans le pays, en dépit de l’échec de Manon Aubry (6,31 %), la candidate de la France Insoumise, de l’agonie du parti socialiste (6,19 %), des espoirs sans cesse déçus de Benoît Hamon (3,3 %), des dernières miettes du Parti communiste (2,5 %). Avec 13,47 % des voix, les écologistes d’EELV obtiennent un bien meilleur résultat que les sondages leurs prédisaient. Ajoutez à cela les 2,2 % de la liste animaliste, les 22,4 % de Nathalie Loiseau et aussi dissemblables que soient leurs programmes, aussi grandes soient leurs fractures et leurs différences, reste que la gauche se porte bien mieux que la droite, au point de disposer arithmétiquement d’une large majorité.
Combien de défaites la droite devra-t-elle encore enregistrer pour comprendre qu’elle a tourné le dos au peuple et l’a trop longtemps trahi pour qu’il puisse encore se reconnaître en elle ? Il y a eu la victoire de François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012. La victoire d’Emmanuel Macron en 2017 et l’élimination de François Fillon dès le premier tour de la présidentielle. Il s’en trouvait toujours, dans le parti des commentateurs professionnels et des rêveurs obstinés, pour dire que la droite aurait dû l’emporter. « Il a manqué quinze jours de campagne à Nicolas Sarkozy pour qu’il ne mette en échec l’ancien premier secrétaire du PS » ; « si les juges ne s’en étaient pas mêlés, François Fillon aurait été élu président ». Ces arguments nous les connaissons. Nous les avons même trop souvent colportés. L’échec de François-Xavier Bellamy (lesté de l’héritage du PPE), sonne malheureusement le glas de bien des espérances. Non, la France ne se droitise pas. La bourgeoisie a fait ses comptes et les valeurs conservatrices pèsent moins dans son portefeuille que tous les avantages que la politique économique d’Emmanuel Macron lui assure.
La France ne se droitise pas, elle se radicalise. Et c’est à cette société radicalisée qu’il faut répondre. Marine Le Pen l’a compris. Pour preuve, plus encore que les 23,3 % des voix obtenues par Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national, le nombre de ses électeurs a connu une forte progression, passant de 4,71 en 2014 à 5,28 millions en 2019.
Mais en dépit de ce succès électoral, comment imaginer que la présidente du Rassemblement national puisse espérer l’emporter face à Emmanuel Macron quand une grande partie de la droite, semblable à la « gauche castor » (selon l’expression forgée par Laurent Bouvet) ne sait que faire barrage. Marine Le Pen est encore la meilleure chance pour le chef de l’Etat de parvenir à se maintenir au pouvoir, avec la complicité du cartel des gauches et celle d’une droite qui s’est coupée de l’électorat populaire. À moins que Marine Le Pen ne fasse le choix de s’effacer au profit d’une candidature qui ne réactive pas les vieux réflexes de l’antifascisme.
Marcos
Bien malin celui qui peut dire qui sont les “français”. Chaque jour qui passe complexifie encore un peu plus la chose. Il y a du pain sur la planche pour les politologues. Tous ces lycéens manipulés pour combattre le “réchauffement de la planète” nous préparent des lendemains qui chantent. J’en suis désolé pour mes enfants et petits-enfants, mais qu’y puis-je? Qu’ils gardent la foi chrétienne, c’est le principal.