De Jean-Yves Naudet sur Nouvelles de France :
"Le 21 décembre 2011, la BCE a accordé d’un coup à 523 banques 489 milliards d’euros de prêts à 3 ans. […] Le 29 février 2012, Mario Draghi récidivait, allant encore plus loin : 529,5 milliards prêtés à 800 banques. Mais comment une banque centrale fait-elle pour « prêter » ? A-t-elle une réserve cachée ? Non : elle crée de la monnaie. Elle ne crée pas de monnaie contre rien, mais contre des actifs, notamment des créances, comme les titres de la dette grecque, dont les banques sont ravies de se débarrasser. La BCE ne prête pas aux Etats, mais aux banques qui ont prêté aux Etats ! Et comme la dette grecque ne sera pas remboursée, le fonds européen de stabilité financière, c’est-à-dire les Etats européens, apporte une garantie allant jusqu’à 35 milliards.
Le bilan de la BCE pèse désormais 32% du PIB européen, contre 19% pour les Etats-Unis, dont le laxisme monétaire est pourtant ininterrompu depuis dix ans. Ce bilan a plus que doublé depuis qu’elle a commencé à ouvrir le robinet monétaire en 2007. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, puisqu’un bilan de banque centrale n’a pas de limite ?
En fait, les limites existent : c’est le non remboursement de ces créances plus que douteuses. Que se passerait-il ? Comme l’explique Les Echos, « si jamais un incident se produisait, l’institut d’émission devrait augmenter son capital, c’est-à-dire faire appel aux Etats de la zone euro ». On tourne en rond ! La BCE prête aux banques qui prêtent aux Etats qui recapitalisent la BCE : de la pure cavalerie !
La logique financière n’y trouve pas son compte, mais les partisans du système invoquent la logique économique. Les banques retrouvent une certaine aisance dans leurs liquidités et peuvent donc financer une croissance essoufflée alors qu’aujourd’hui elles sont tétanisées.
[…] Croire que la richesse vient de la création de monnaie, au lieu de comprendre que c’est la monnaie qui est la contrepartie de la richesse créée : cette illusion monétaire est pathétique. Elle est surtout tragique. Un jour ou l’autre, cela se traduira en inflation. Cette année, la zone euro va emprunter plus de 800 milliards. […]"
Ceux qui dénoncent les partisans de la sortie de l'euro en estimant que ce serait le retour de la planche à billets, ne voient pas que cette planche fonctionne à pleine régime sous nos yeux.
Papon
A quoi bon edicter des interdictions quand le premier souci des responsables (mais pas coupables !) consiste à inventer des tours de passe-passe pour les contourner.
Entrepreneur
Le pb de la sortie de l’euro, c’est qu’il va être difficile d’expliquer à nos créanciers, que leurs dettes en euros, sera remboursée avec un franc qui ne vaut plus rien (parce que personne n’en voudra !). Et si on rembourse en euros, ça va nous coûter un bras en francs… bref ça ne change rien. Une sortie de monnaie, ça marche si on a pas de dettes…
Frégate
Mais non Entrepreneur, il faut une sortie par le haut. Que l’Allemagne abandonne l’euro et revienne au mark et l’euro ne vaudra plus rien.
Alors bien sûr l’Allemagne clame qu’elle n’abandonnera jamais l’euro… Comme le général de Gaule affirmait que l’Algérie resterait française.
Nicolas Jaisson
En fait, les limites existent : c’est le non remboursement de ces créances plus que douteuses. Que se passerait-il ?
Rien, dans la mesure où la BCE rachète indéfiniment les créances bancaires qui arrivent à expiration contre du cash qu’elle fournit aux banques dont elle rachètent temporairement les titres. Le grand truc des banques centrales ou commerciales est de créer de l’argent en contrepartie de titres de dettes sur la base d’une valeur artificiellement déterminée. C’est ainsi que les titres de dette grecque servent aux banques grecques à se refinancer (opérations de repurchase agreement) auprès de leur banques centrales alors qu’elles sont insolvables du fait de l’effondrement de la création de crédit et de la fuite des déposants. Cette manoeuvre peut tout aussi bien servir à combler les déficits de la balance commerciale d’un pays imporateur net dans la zone euro, dans la mesure où les dettes des entreprises sont financées par les banques commerciales qui les transforment en créances refinancées par la banque centrale. C’est ainsi que sont soldés les comptes entre les participants nationaux de l’eurosystem, quitte à refiler les créances des exportateurs allemands à la Bundesbank en dernier ressort. Les titres de dette seront remis sur le marché lorsque la croissance sera revenue, si elle revient jamais. La monnaie dette a ceci de sympathique qu’elle peut être transformée en différents types d’instruments comme les actions ou les obligations entre lesquelles le capital circule au gré des opportunités de marché. Tout le mode aura remarqué que les indices continuent leur remontée depuis fin novembre 2011, c’est-à-dire depuis la mise en oeuvre des plans de quantitative easing par la BCE qui a permis aux banques de se défaire de leurs obligations pourries sans pertes notables pour réallouer leur capital dans des produits actions à effet de levier. Ainsi non seulement elles essuient leurs pertes enregistrées dans le financement d’Etats impécunieux, mais en plus elles font des profits à partir d’une croissance artificiellement créée, puisque chacun se rend bien compte que la croissance des indices ne reflètent pas une réelle embellie économique. Peu importe, l’essentiel est que sur le papier les titres reprennent de la valeur, quitte à manipuler les données économiques qui tendent à s’affranchir de l’économie réelle pour rejoindre celles des modèles économétriques.
PG
@ Nicolas JAISSON
Il faudra bien un jour solder les comptes : la production d’€uros par quantitative easing successifs de la BCE ne peut se reproduire tous les 6 mois sans dommages irrémédiables pour l’Euro.