Après une analyse de la gestion de Carpentras, d'Orange, de Béziers, de Metz, de Vierzon, d'Hénin-Beaumont, de Beguey, de Lisieux, de Limoges, de Nantes, Laval, Paray-le-Monial, voici Arcangues.
Arcangues défraya la chronique en 2013. Forte de ses 3212 habitants, d’un maire, Jean Michel Colo, depuis 1983, rien ne laissait présageait la future renommée de cette charmante petite ville des Pyrénées Atlantique. Pour l’occasion, Monsieur le Maire laissait tomber quelques explications sur la gestion de la commune : « Je n’augmente pas les impôts […], je règle mon budgets sur les recettes, et pas les recettes sur nos projets […] ». Je cite de mémoire, n’ayant pas réussi à retrouver les propos dans les très nombreux articles qui ont émaillé cette période. Observons la comptabilité d’Arcangues.
Une pression fiscale …effectivement faible
A Arcangues, la pression fiscale supportée par les locataires et les propriétaires est quasi similaire. Mais ce qui intéresse bien plus, c’est la faiblesse de cette pression fiscale : 43% plus faible que les communes de même strate. Bien que les bases moyennes soient très élevées, comme sur toute la région, la faiblesse des taux réduit le prix des impôts à payer. Les taux sont de 4.27% pour la taxe d’habitation et de 7.29% pour la taxe foncière. Cerise sur le gâteau, aucune augmentation n’a eu lieu depuis au moins 2000. Comparativement, la pression fiscale à Arcangues est 5% plus faible qu’à Itxassou (2103 habitants), 25% plus faible qu’à Cambo Les Bains (6630 habitants) ou Ustaritz (6259 habitants), 32% plus faible qu’à Bassussarry (2517 habitants) …mais 5% plus forte qu’à Larressore (1584 habitants). La faiblesse de la pression fiscale explique partiellement le montant des produits de fonctionnement de 18% plus faible que la moyenne. En effet, la dotation globale de fonctionnement perçue par la commune (109 € par habitant), est très loin de la dotation perçue en moyenne (183 € par habitant). Tout se passe comme si les Arcanguais payant moins d’impôts, l’Etat réduit sa participation financière à la vie de la commune. Participation financière de l’Etat de 41% plus faible tout de même !
Une évolution des charges exceptionnelle
Les principaux groupes de charges sont stabilisés sur 5 ans. Ce fait est extrêmement rare.
Les charges financières, tout d’abord, n’évoluent guère : de 25 000 € en 2008 à 26 000 € en 2012. En outre, leur poids relatif est bien plus faible que la moyenne : 8 € par habitant contre une moyenne de 28 €. A 2% du montant de ces charges, Arcangues n’enrichit pas son banquier !
Ensuite, les subventions versées diminuent de 40% sur la période. Pourtant, à Arcangues, la municipalité s’appuie sur les associations pour offrir des services : l’équipe municipale attribue, en moyenne, 84% de subventions de plus que les autres communes. L’association pour l’accueil des enfants d’Arcangues, la crèche Laminak, le centre communal d’action sociale et l’office du tourisme ont perçu, en 2012, 87% des subventions versées par la commune.
Enfin, les charges de personnel diminuent de 9% en 5 ans, alors que l’inflation sur la même période est de 6,1%. Encore plus étonnant, le poids de ces charges est 5 fois plus faible que la moyenne. A Arcangues, il y a en effet très peu de fonctionnaires territoriaux. Si la municipalité s’appuie ouvertement et sans complexe sur certaines associations pour offrir certains services (garderie, périscolaire, développement du tourisme…), la ville appelle régulièrement les artisans locaux pour toute sorte de travaux, ce qui ne lui coûte pas plus cher… loin s’en faut.
Effets miroirs de certains chiffres
A Arcangues, la dette est faible, très faible : 146 € par habitant contre une moyenne de 716 € par habitant. Avec un endettement 5 fois plus faible que la moyenne, l’autofinancement des investissements est fort, très fort ! Le solde des produits de fonctionnement, une fois payées les charges et remboursés les emprunts, correspond à 1300 € par habitant sur 5 ans contre…562 €. L’autofinancement est 2.3 fois plus fort que la moyenne! Plus du double ! Nous sommes ici face à une situation qui relève de l’exceptionnel. En 5 ans, la ville a collecté plus de 10 millions de produits de fonctionnement et réussi à en investir plus de 4. L’exception ne relève pas de la hauteur des investissements consentis : l’exception, c’est d’investir autant en empruntant si peu. Et ça continue ! Depuis 2012, et jusqu’à 2014, la municipalité fait construire un établissement pour personne âgée dépendante sur la ZAC centre bourg d’Arcangues. En outre, une première ébauche vise actuellement à étudier les transferts des garderies périscolaires et scolaires, cantine et centre de loisirs sans hébergement, sur un même site. Les investissements sont en effet conséquents ! A Arcangues, investir ne consiste pas à constituer un parc automobile au service de la municipalité !
La critique ?
Le niveau du fonds de roulement d’Arcangues est élevé : 3.5 millions en 2012, soit 3 fois plus que le niveau moyen.
Rappelons-nous néanmoins que le dernier emprunt (300 000 €) remonte à 2009. Ensuite, la dernière augmentation des impôts a au moins 13 ans d’âge (peut-être plus !). Les réserves, patiemment constituées, préparaient les projets actuels (Epad et centre périscolaire). Chacun pourra juger de ce qui est préférable : investir rapidement et donc emprunter en augmentant souvent les impôts, ou épargner pour investir.
Bertin
Un bon maire.
Aucune objection possible !
Fan de...
Cela devrait être identique dans toutes les communes.
Bravo à ce maire et à son équipe.
eljojo
Le choix entre attendre ou emprunter avant d’investir ne se mesure pas selon des critères idéologiques, mais mathématiques.
Il faut connaître les taux consentis pour l’emprunt, la valeur de l’inflation, et l’augmentation de l’activité économique locale induite par l’investissement.
Parce que le gros problème lorsqu’on n’emprunte quasiment pas, c’est que l’argent qu’on économise perd de lui-même de sa valeur : à 2% par an pendant 10 ans, je vous laisse faire le calcul.
Il s’agit donc de trouver le juste équilibre entre fonds propres et emprunt, mais aussi de n’investir que dans les projets réellement utiles et nécessaires pour la collectivité locale.
Dans le cas d’une entreprise, pour mesurer sa rentabilité, on ramène le bénéfice net au capital social : c’est le retour sur investissement. Si l’on veut augmenter le bénéfice, il faut augmenter le financement, par la dette, ou par l’augmentation de capital. Et le critère pour évaluer cela est de mesurer si la différence entre le bénéfice induit et le remboursement de la dette est négative ou positive : si c’est positif, il faut emprunter, il y a un effet de levier positif, si c’est négatif, il faut augmenter le capital (ou ne rien faire), car il y a un effet de levier négatif.
Bref, pour en revenir à l’action publique, si le choix des projets relève du politique, son mode de financement relève avant tout de la technique, ici, des mathématiques et de la gestion de risques.
REINE
ARCANGUES “vaut le détour” pour son château, mais surtout ….pour son cimetièrE ET DEVRAIT AVOIR LE LABEL “PLUS BEAUx CIMETIèREs DE FRANCE”. M COLO qui est maire depuis très longtemps je crois a eu l’intelligence de conserver les stèles du pays représentant les croix basques, et c’est un vrai “petit musée de CROIX BASQUES à ciel ouvert”, le tout joliment engazonné, sans étalage de marbre ostentatoire, une “certaine idée du Paradis”…allez le visiter, et BRAVO Monsieur COLO pour un tas de raisons dont sa résistance à la dénaturation du mariage !