Après l'analyse de la gestion économique des villes de Metz, Carpentras et Orange voici celle de Béziers.
Population 2012 : 72554
habitants. Chiffres du budget principal ici. Maire : Raymond Couderc, depuis
1995, Président de la CA Béziers Mediterranée,Sénateur.
Une gestion de la dette étonnante
La gestion de la dette de Béziers surprend ! De 2008 à
2012, 3 fois sur 5, les nouveaux emprunts sont supérieurs au remboursement du
capital de la dette… Les deux autres fois, les montants sont très proches. Tout se
passe comme si les nouveaux emprunts permettaient le remboursement des anciens,
ce qui est préoccupant. Evidemment, la dette ne peut diminuer : 109
millions en 2007, 108 en 2012. Belle stabilité !
Analyse des
investissements
Les investissements réalisés en cinq années (1850 €/hab) sont
légèrement supérieurs à la moyenne de 1755 €. Mais pour investir il faut des
fonds ! Béziers dégage peu d’autofinancement : une fois payées ses
charges et rembourser ses dettes, la ville a pu dégager en 5 ans 72 €/hab pour
financer ses investissements. Dans le même temps, les villes de même strate
disposaient de 257 €. Pourquoi si peu ? La ville a-t-elle si peu de
ressources ?
La pression
fiscale… pèse à n’en plus finir
Les ressources ne manquent pas à Béziers : les produits
de fonctionnement, 113 millions en 2012, sont plus élevés que la moyenne, particulièrement
grâce aux impôts.
Le fruit des impôts, rappelons-le, est toujours le produit
d’une base d’imposition par un taux d’imposition. Le conseil municipal fixe uniquement
les taux d’impositions, la base est déterminée par les services fiscaux. A Béziers,
la base de la taxe d’habitation est supérieure à la moyenne de 15,5%, mais
celle de la taxe foncière est conforme à la moyenne. Par contre, les taux sont
beaucoup plus importants que les taux moyens : 20,34% contre 17,97 pour la
taxe d’habitation et 27,65% contre 22,20 pour la taxe foncière. Le résultat est
alors élémentaire : la mairie avec 664 €/hab engrange près de 27% de
produits fiscaux de plus que les autres villes.
N’avons-nous pas dit, ultérieurement, que Béziers avait moins
de ressources que les autres villes pour financer ses investissements ?
N’y a-t-il pas là une contradiction ?
Les charges ont percé
la poche… par où s’écoule les impôts
Béziers a beaucoup d’argent, mais Béziers dépense
beaucoup ! Les charges de fonctionnement de Béziers sont très importantes.
Sur la période, il faut néanmoins reconnaître qu’elles sont maîtrisées
puisqu’elles diminuent de 1,8% en 5 ans. L’effort est surtout visible depuis
2010.
Les charges fixes, également appelées structurelles sont
extrêmement importantes. Les charges fixes d’une entreprise correspondent aux
charges que l’entreprise devra nécessairement payer même en l’absence d’activité
(chauffage, location du bâtiment…). Pour les collectivités locales, on limite
les charges fixes, généralement, aux charges de personnels et aux charges
d’intérêts. Certaines écoles y ajoutent les contingents et participations. Sous
ce vocable, on désigne principalement les versements aux syndicats
intercommunaux et au service départemental d’incendie et de secours. Pour la
ville de Béziers, ce ratio est extrêmement mauvais : de 59,8 en 2008 il
passe à 60 en 2012. Les charges fixes et contraintes de Béziers absorbent 60
euros sur 100 ! Les charges de personnels, à elles seules, représentent
56,7% des charges de fonctionnement. (voir la critique de la Cour des Comptes)
Les charges d’intérêts sont, quant à elles, supérieures de
32% à celles des autres villes. Si Béziers avait des charges fixes conformes à
la moyenne, la ville aurait dégagé chaque année environ 5,8 millions d’euros
pour financer ses investissements.
Par contre avec de telles charges, l’investissement est
financé à hauteur de 53 % par l’emprunt
(contre 37% en moyenne). Les deux dernières années furent, encore une fois,
plus raisonnables, permettant de diminuer légèrement l’endettement.
Malheureusement…
La CA Béziers
Méditerranée à la rescousse
Ne jamais changer la méthode quand elle est bonne ! La
situation de la CA Béziers Méditerranée rejoint progressivement celle de
Béziers. L’endettement passe de 36 millions en 2007 à 105 en 2012, soit presque
le même montant que pour Béziers. Belle stabilité ! Après le triple saut
de la dette, les charges de personnels de 8 millions se hissent à 18 millions.
Le produit des impôts locaux passent de 26 millions à presque 44 millions, en 5
ans rappelons le.
La gestion de la dette de Béziers surprend ! De 2008 à
2012, 3 fois sur 5, les nouveaux emprunts sont supérieurs au remboursement du
capital de la dette… Et la sixième ?
Le budget 2013 prévoit 16,3 millions de nouveaux emprunts contre 6,7 de
remboursement. 3 fois sur cinq donc, et la sixième on remet ça ! Le changement, c’est pas pour maintenant !
Nicolas Jaisson
Quand on fait la somme des auditeurs qui certifient des comptes faux, cela laisse pantois. Car l’Etat est parfaitement au courant de l’évolution des finances communales, surtout depuis la loi sur la décentralisation qui a décuplé les occasions de dépenses, en même temps que se multipliaient les possibilités de financement bancaire. Car ce petit monde toujours pressé de dénoncer les méfaits du libéralisme en période de crise, ne sait pas résister aux sirènes de la finance internationale, dès lors que celle-ci lui ouvre les portes des liquidités internationales. Dexia est en la matière un modèle du genre, avec la vente de produits structurés en Francs suisses indexés sur les taux d’intérêt de la banque centrale de la confédération helvétique. Malheureusement les taux n’ont pas évolué dans le sens prévu et les maires se sont retrouvés avec les doigts collés dans le pot de miel. Peu importe car les communes bénéficient de la garantie de l’Etat, ce qui a valu à ces actifs risqués par la faute des maires d’être relégués dans une “bad bank” où ils dormiront jusqu’à l’extinction des dettes en 2050. Le libéralisme financier a donc du bon pour les communes qui peuvent se passer des rentrées fiscales que les entreprises en faillite ne peuvent plus payées pour se financer directement sur les marchés ; en vertu du privilège d’autonomie qui leur est dévolu par la décentralisation. Ce n’est plus seulement de la mauvaise gestion, mais de l’association de malfaiteurs sur le dos des administrés qui finiront quand même par payer les pots cassés d’une gestion calamiteuse. Car si Dexia a eu la vie longue, il faudra attendre longtemps avant que ne ressuscite une nouvelle “caisse noire” dotée des mêmes capacités de refinancement auprès de marchés abreuvés de liquidités bancaires. La crise de surendettement qui vient sera provoqué par le trop plein de prêts à effet de levier titrisés (qui servent de garantie à d’autres émissions de dettes à travers les places financières !). Gageons que les politiques se retourneront alors contre les vilains banquiers qui ont eu le tort d’être trop accommodants.
LB
Moralité ce n’est pas des sectaires idéologues dont nous avons besoin, mais de gestionnaires réalistes et tempérants ayant un sens du vrai bien commun.
gégé
Ces gens ( gestionnaires réalistes) existent peut-être mais il ne faut pas les chercher dans les allées du pouvoir!