D’Antoine de Lacoste sur Politique Magazine :
Il y a des guerres qui confirment des tendances, d’autres qui clôturent des cycles, certaines enfin qui en ouvrent. La guerre en Ukraine pourrait bien être tout cela à la fois.
Assurément elle confirme une tendance, celle du refus par la Russie de continuer à subir l’encerclement de son territoire par les Américains via l’OTAN.
Les Russes, Poutine en tête, se souviennent avec amertume des années Eltsine (1991-2000) qui ont vu les Américains organiser l’affaiblissement de leur ennemi vaincu, les futurs oligarques achevant le travail par un pillage éhonté des richesses naturelles du pays. Entouré de conseillers ultra-libéraux, souvent formés par les Anglo-saxons, Eltsine laissa l’économie russe péricliter tandis qu’une petite caste s’enrichissait dans des proportions indécentes.
Ce n’était guère mieux sur le plan politique. Une fois le calme revenu après les différentes tentatives de coups de force fomentées par les communistes tant à la Douma que dans l’armée, la popularité d’Eltsine s’effondra rapidement. Le Président distribuait les cadeaux et naviguait à vue. Son alcoolisme était bien connu. Une image fit le tour du monde : Eltsine prenant la parole en état d’ébriété et à côté de lui, Bill Clinton, le président américain, pris d’un fou rire inarrêtable.
Toute la Russie fut consternée par ce spectacle lamentable et n’aspira plus qu’à une chose : l’arrivée au pouvoir d’un homme qui lui rendra sa fierté. Cet orgueil national, que l’on peut aussi qualifier d’amour de la patrie, est une donnée intrinsèque à ce pays si différent au fond de l’occident. Le Russe peut souffrir, supporter bien des choses, sauf une : que sa patrie soit envahie ou même humiliée. C’est un état d’esprit bien éloigné des préoccupations occidentales actuelles, françaises en particulier, et qui explique bien des choses.
La popularité d’Eltsine était si basse que le communiste Ziouganov est donné gagnant à l’élection présidentielle de 1996. L’occident s’affole : Kohl, Juppé se rendent à Moscou pour aider le sortant. Clinton manifeste un bruyant soutien et le FMI consent un prêt à sa demande (sur son ordre en réalité). Eltsine réussit à inverser la tendance et est réélu mais de lourds soupçons planent encore sur l’honnêteté du résultat.
L’occident est soulagé mais le défaut de paiement de la dette russe en 1998 fait comprendre à tous que la situation n’est plus tenable. Les premiers ministres se succèdent en vain et le dernier d’entre eux, Vladimir Poutine, nommé en 1999 à l’instigation des oligarques, va tout changer au grand dam de ceux-ci. La stratégie du Guépard « il faut que tout change pour que rien ne change » n’a pas fonctionné : tout a changé.
L’OTAN n’est pas restée inactive pendant tout ce temps. Elle aurait pu s’autodissoudre comme le Pacte de Varsovie mais que nenni, l’occasion était trop belle d’étendre l’hégémonie de l’Empire américain.
C’est ainsi que l’OTAN accueille de nouveaux membres pour la première fois depuis 1982 (Espagne) : la Hongrie, la Pologne et la République tchèque y font leur entrée en 1999, année de la nomination de Poutine au poste de premier ministre. Comme un symbole.
D’autres vagues suivront, inexorables : 2004 avec la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ; puis 2009 avec l’Albanie et la Croatie, 2017 pour le Monténégro et 2020 pour la Macédoine. La Suède et la Finlande, rompant avec une longue tradition de neutralité finalisent leur adhésion. A quand le Kosovo ?
Les promesses de non-extension à l’est sont balayées et la Russie ne réagit pourtant oralement qu’en 2007, Poutine ayant longtemps espéré une bonne entente avec l’Europe. Mais cette dernière a préféré la tutelle américaine. Dans son célèbre discours de Munich il a fustigé cet encerclement et prévenu : « L’OTAN rapproche ses forces avancées de nos frontières tandis que nous ne réagissons pas ».
Il n’a fallu attendre que l’année suivante pour assister à la première contre-attaque russe. C’était d’ailleurs un cadeau offert par le président géorgien Saakachvili qui envahit soudainement l’Ossétie du sud, cette petite enclave autonome protégée par la Russie. On n’a jamais su si le fantasque (pour être poli) ami des Américains avait eu leur feu vert pour cette opération vouée à l’échec, mais la réaction russe fut foudroyante et, en cinq jours balaya la petite armée géorgienne, pourtant préparée par l’ami américain.
Encore soucieux de préserver ses relations avec l’occident, Poutine n’alla pas jusqu’à Tbilissi et l’armée se retira tout en renforçant la protection de l’Ossétie du sud. Saakachvili, poursuivi pour corruption, se réfugia en Ukraine où il fut promptement naturalisé puis nommé gouverneur d’Odessa. Comme le monde est petit. Il est depuis retourné en Géorgie pensant être accueilli en triomphateur mais a été arrêté et dort actuellement en prison.
Après cette promenade militaire géorgienne, les tensions s’apaisèrent en apparence mais les Américains n’avaient pas renoncé à leur grande ambition : mettre la main sur l’Ukraine.
C’est ainsi qu’arriva le coup d’Etat de Maïdan. Le président Ianoukovitch fut renversé et déchu par un vote du Parlement après des semaines de manifestations orchestrées par les Américains : Victoria Nuland, un des piliers des néos-conservateurs, tout comme John Mc Caine, y furent présents et très actifs. En plus des néoconservateurs américains, Soros (pour le financement), BHL (pour les médias et sa promotion personnelle) et tant d’autres, passèrent quelques heures ou quelques jours. Être à Maïdan était du dernier chic.
Ce coup d’Etat réussit et la guerre actuelle en est une des conséquences directes.
La Russie réagit en organisant le retour par referendum de la Crimée dans le giron russe (et non en l’annexant) et soutint les séparatistes du Donbass qui refusaient l’ukrainisation forcée de leur territoire. Compte tenu des évènements ultérieurs, on peut légitimement se demander pourquoi Poutine n’a pas alors voulu pousser l’avantage et déclencher l’opération militaire qu’il ordonna en 2022 ? C’est un mystère auquel l’Histoire apportera peut-être une réponse un jour.
Peut-être espérait-il encore obtenir par la diplomatie ce qu’il n’a ensuite cessé de réclamer pendant huit ans : la neutralisation de l’Ukraine et l’organisation d’une nouvelle architecture de défense en Europe.
N’ayant rien obtenu et assistant à « l’otanisation » progressive de l’Ukraine, il a estimé que la sécurité de la Russie était menacée et a ordonné l’opération que l’on connaît.
Peu d’observateurs pensaient que Poutine irait jusqu’au bout de sa logique compte tenu des risques considérables que cette guerre comporte et nul ne peut dire si la Russie en sortira renforcée ou affaiblie. Ce qui est certain c’est qu’elle n’est que l’aboutissement somme toute logique de vingt ans d’histoire.
Cet aboutissement marque clairement la fin d’une époque : celle où la Russie était seule face à l’armada otanesque. Impuissante devant les agressions contre la Serbie (1999) et l’Irak (2003), elle entreprit patiemment de reconstruire un pays et une armée. La seconde guerre de Tchétchénie (1999-2000) puis les opérations en Géorgie (2008) et surtout en Syrie (2015), marquèrent le retour de la Russie en tant que puissance que les Américains ne pouvaient plus mépriser. Certes, dans l’intervalle (2011), il y eut l’attaque franco-anglo-américaine contre la Libye où les Russes se firent berner. Onze après, l’absurdité de cette opération laisse encore rêveur et, accessoirement, Poutine comprit ce que valait la parole occidentale.
Mais c’est bien sûr l’intervention en Syrie, parfaitement réussie, qui mit Russie et Amérique presque face à face. Saoudiens et Qataris comptaient beaucoup sur le renversement du régime alaouite impie non seulement pour le transport terrestre de leur gaz et leur pétrole, mais aussi pour faire du Proche-Orient un monde sunnite où l’Iran chiite serait isolé. Les gouvernements occidentaux et leurs services secrets, CIA en tête, furent très actifs pour faire réussir ce joli plan mais l’intervention russe détruisit ces glorieuses perspectives.
Sans être tout à fait seule (de nombreux pays africains furent ulcérés par l’affaire libyenne), la Russie ne pouvait compter que sur elle-même pour rompre son encerclement et contrecarrer l’hégémonie américaine.
L’invasion de l’Ukraine semble clôturer cette période pour en ouvrir une autre : l’apparition, enfin, d’un monde multipolaire.
Aujourd’hui, il est de bon ton de se gausser de la stratégie de Poutine. D’obscurs galonnés en retraite se succèdent sur les chaines d’infos pour nous expliquer avec jubilation que l’invasion russe (il faut dire agression sinon on n’est plus invité) aboutit au résultat inverse de celui recherché : elle a soudé l’Ukraine et réveillé l’OTAN.
C’est un prisme, mais on peut en avoir un autre : la Russie reconquiert la partie russophone d’un pays qui, au fond, n’a jamais existé car issu de deux mondes trop différents, voire hostiles, et qui n’ont ni la même histoire, ni la même langue, ni la même religion. Par ailleurs, l’OTAN est une machine de guerre exclusivement américaine et l’Europe a encore perdu une belle occasion d’être autre chose que le larbin de Washington.
Mais au-delà de ces analyses divergentes auxquelles seul l’avenir apportera une réponse sûre, il faut observer avec attention l’attitude du reste du monde, hors de l’autosatisfaction occidentale. Trente-cinq pays ont refusé de voter la condamnation de l’invasion et douze n’ont pas pris part au vote. De nombreux autres l’ont votée du bout des lèvres mais comptent bien ne pas se mêler d’un conflit européen qui ne les concerne pas.
Les continents rétifs sont essentiellement l’Afrique et l’Asie. Le même phénomène s’était produit en 2014. Mais il y a cette fois des éléments nouveaux.
Concernant l’Afrique tout d’abord. Depuis dix ans, Russes, Chinois et Turcs ont considérablement augmenté leurs implantations tant économiques que militaires. Pendant ce temps, les Américains n’ont jamais été aussi absents (ils n’ont de toute façon à peu près rien compris à l’Afrique) et les Français sont en perte de vitesse. L’échec de l’opération Barkhane (car il faut bien parler d’échec), va coûter cher.
De plus, les Africains en ont assez des leçons de morale occidentales sur les droits de l’homme, concept à géométrie extrêmement variable qui n’émeut plus personne quand il s’agit de parler affaires avec l’Arabie Saoudite ou le Qatar. Quant aux leçons sur la corruption elles n’ont plus aucun sens après l’aide massive à l’Ukraine…
Ce n’est guère mieux en Asie : le Proche-Orient se sent moins protégé par le parapluie américain et contre qui finalement ? L’Arabie Saoudite parle beaucoup avec la Russie (qui n’évoque jamais l’assassinat de l’opposant Khashoggi) et le Qatar ne s’entend pas si mal avec l’Iran avec qui il partage un immense gisement de gaz. Les Emirats Arabes Unis, de leur côté, ont leur propre diplomatie, très indépendante de Washington.
Ce n’est guère mieux dans le reste de l’Asie si l’on met à part le Japon et la Corée du sud, indéfectibles alliés des Etats-Unis.
Mais l’évènement le plus important concerne la montée en puissance des BRICS. Cette alliance encore perfectible regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde la Chine et l’Afrique du Sud, a elle aussi connu un coup de fouet comme l’a confirmé le sommet du mois de juin organisé en Chine. La Russie renforce ses exportations de gaz et de pétrole pour contourner les sanctions et surtout l’axe Moscou-Pékin y prend une consistance inédite. Certes le Brésil est un maillon faible avec un Bolsonaro très pro-américain, surtout depuis qu’il est devenu évangélique pour se faire élire, reniant ainsi sa foi catholique.
Mais l’Iran frappe à la porte tout comme l’Algérie. A terme, les BRICS pourraient devenir le pendant du G7 occidental, c’est en tout cas son ambition. Mais pour cela, il doit accomplir une tâche immense, clé de voûte d’un éventuel succès : la dédollarisation de ses échanges. L’objectif est là, il faut maintenant le concrétiser. Une transaction de gaz entre l’Iran et la Chine a été récemment payé en yuan, et c’est une première.
C’est ainsi que d’un monde unilatéralement dominé par l’Amérique depuis la chute du Mur, il sera peut-être possible de passer à un monde plus équilibré, peut-être multipolaire mais peut-être pas finalement : en face de Washington et ses alliés, un axe Pékin-Moscou peut s’enraciner et entraîner beaucoup de pays. Un monde bipolaire donc, inédit celui-là.
D'Haussy
Que vont faire les derniers catholiques français ?
Tic tac tic tac tic tac…
Collapsus
Analyse intéressante qui nous change des habituels gloubi-boulga des experts auto-proclamés de nos plateaux télé.
Au fond, cette guerre pourrait déboucher sur un rééquilibrage géopolitique positif qui nous délivrerait de la domination des Yankees, ce qui explique leur acharnement à faire durer la guerre. À condition que Poutine sache trouver une issue positive au conflit ukrainien ce qui n’est pas joué.
Mais entrer sous l’influence d’un bloc dominé par la Chine est-il un gage de sérénité, de liberté et de prospérité ? On peut en douter.
VIVANT
Lisez sur le site ‘le courrier des stratèges’. Par ailleurs la domination woke et LGBT a besoin d’un coup de patte de l’Ours et des yeux bridés. Je me sens mal à l’aise avec le purin wokiste américain.
parvulusdismas
2 éléments à rajouter?
La “révolution orange soros” dite du Maïdan a été suivie d’un début de génocide des populations russophones du Donbass. Il y a inversion accusatoire des crimes de guerres actuels: Buchta, Marioupol et autres bombardements d’hopitaux, d’écoles même, sont le fait des ukro-atlantistes qui arment de véritables terroristes aux postes de commandement de l’armée ukrainienne.
Les gouvernements de l’occident actuel sont criminels, et ont pour origines le culte de Mammon et le Puritanisme anglo-saxon d’un CROMWELL qui mène le monde à une situation ORWELL.
2- Le concile Vatican 2 a fait de la Rome catholique une Rome mondialiste soumise à cet Occident qui de chrétien est devenu “cromwellien”, voire pire: maçonnique.
Quelle “PAX” cherche François? la Pax des Biden Macron Van der Leyen et Cie….
Rien à voir avec celle d’un Pie XII qui fut le rédacteur de “Mit brennender Sorge” contre le racisme pangermanique anti-sémite, transformé aujourd’hui en racisme anti-russe…
Quant à confondre Poutine et Staline, la bêtise est ici de ne pas réaliser que selon Soljenitsine plus aucun russe ne croyait la “Pravda” soviétique, à part bien sûr les élites pourries qui croient aux lendemains qui chantent réservés aux paradis fiscaux…
Tant que Rome ne dénoncera pas le libéralisme apatride fabricant de fausse monnaie mondiale et le socialisme comme voleur des peuples, capitalisme d’Etat libéral, alors les peuples aspireront à des “Poutine” comme défenseurs de leur Nation, réflexe des plus légitimes.
Victor Orban en est la preuve en Hongrie, et c’est bien pour cela que L’Europe de nos oligarques et la Presse qu’ils possèdent commence à l’estimer “non démocratique”: pour eux la démocratie c’est le Peuple Souverain en parole, à genoux et volé en actes…
SDSTA
on peut ajouter à la désastreuse période Eltsine pur la russie un symbole plein de sens pour l’âme russe : Eltsine a fait détruire la maison Ipatiev où fut sauvagement massacré la famille impériale et qui était restée debout sous Lénine , Staline et autres potentats communistes !!
Giacomo
StaIine est à Poutine ce que I’URSS est à Ia Russie néosoviétique débarrassée des oripeaux du communisme mais tout aussi dictatoriaIe, totaIitaire, et impériaIiste. Depuis 1917, Ia parenthèse un peu démocratique de ce pauvre pays aura été particuIièrement brève.
parvulusdismas
3ème élément de réflexion?
Déjà au 19ème siècle un “décret Crémieux” FM prévoyait “la Russie sera un désert” (comprendre sauf pour les exploiteurs d’or et autres ressources terrestres), et les Protocoles des Sages de Sion (concile rabbinique de Bâle) en confirmaient le projet…
Après Octobre 1917, le grenier à blé du monde n’est plus ni l’Ukraine ni la Russie, mais …. le Middle West américain…
Entre autres “réussite économique”…
Le plan aurait pu réussir avec Eltsine, mais a échoué avec Poutine: on comprend mieux la “rage des perdants”…
SDSTA
Voila une éclairante mise au point qui tient compte de l’histoire des trente dernières années et non seulement de la morale bien pensante de la dernière campagne électorale : à rappeler aux les thuriféraires de l’Ukraine , de l’Otan et de la politique de Macron , mais hélas peu d’espoir de ce côté !
Giacomo
Peu d’espoir non pIus du vôtre.
RobertD
>les Américains n’avaient pas renoncé à leur grande ambition : mettre la main sur l’Ukraine.
Du coup le souci de multipolarité russe semblerait imposer pour la Russie d’implémenter une grande ambition : mettre la main sur l’Ukraine. Le gain ne me semble pas évident…
La crise Arménie-Azerbaïdjan, avec la guerre de 2021 que la Russie aurait dû pouvoir empêcher (du moins je n’ai pas compris son jeu), étant donnée sa proximité et son influence dans la région témoignait peut-être du fait que le monde n’était pas encore assez multipolaire? Mais alors, comment interpréter le fait que maintenant l’Arménie abandonnée par son allié russe encore plus passif qu’en 2021 appelle qui veut bien? Et qui vient? On annonce une visite à Erevan de Nancy Pelosi ce weekend… (https://www.armenews.com/spip.php?page=article&id_article=96208)
Il semble qu’on a vu aussi une autre contraction de l’influence russe dans le cas du Kazakhstan, où ce sont manifestement plutôt les Chinois qui ont la haute main. L’axe Moscou-Pékin a bien l’air d’un jeu de dupes, ou d’une relation de vassalisation.
L’extension de l’OTAN serait un problème? Mais alors est-ce qu’envahir l’Ukraine est une solution à ce problème? La Suède et la Finlande, devant l’évidence du risque posé par un voisin puissant, belliqueux, et prompt à faire fi des frontières, n’avaient plus guère de choix et se sont résolues à frapper à la porte. La conséquence est donc une extension de l’OTAN, c’est à dire que la “solution” consisterait à augmenter le problème, ça ne tient pas debout, c’est un échec manifeste, on ne peut ignorer ce “prisme”.
Sans parler qu’en fait de l’auto-dissolution évoquée par M de Lacoste, on voit plutôt une renaissance, avec par exemple les ambitieux plans de développement de l’armée allemande. Le poids des pays européens, pour peu qu’ils suivent cette voie, se trouvera renforcé dans l’OTAN. A voir si les USA laissent faire, entre leur désir de ne pas porter tout le poids, et celui de continuer à être le clair hégémon.
>assistant à « l’otanisation » progressive de l’Ukraine, il a estimé que la sécurité de la Russie était menacée
je me demande en quoi l’otanisation de l’Ukraine menacerait la Russie, à moins que cette dernière ne menace elle-même des pays de l’OTAN, mais passons : ce qui me consterne est de ne pas concevoir en quoi envahir l’Ukraine pourrait répondre à ces menaces : ça ferait encore plus de frontière avec l’OTAN… De plus la simple taille de la Russie lui laisse déjà tellement de profondeur que ce point ne paraît pas convaincant, ni légitime : si le plus vaste pays du monde trouve justifié d’envahir ses voisins car il a peur de la proximité des armes qui pourraient se trouver sur son territoire, a fortiori tous les autres pays pourraient invoquer le même argument : c’est la guerre de tous contre tous.
Les arguments économiques, dédollarisation, etc ne dépendent certainement pas d’une guerre, qui pourra peut-être marginalement les accélérer, et la simple croissance de la Chine a déjà manifesté que les Etats-Unis n’avaient plus le monopole de l’hyper-puissance. Pourquoi ne pas développer la Russie, plutôt que la lancer dans cette opération guerrière?
Alors certes les officines russes comme Wagner taillent des croupières à la France en Centrafrique et au Mali, mais elles le faisaient déjà sans la guerre en Ukraine, et celle-ci devrait avoir comme effet logique d’attirer un peu plus l’attention sur ces menées, dont on verra bien comment elles se développent. De même le refroidissement des relations USA-Arabie Saoudite n’est pas nouveau de cet hiver.
> la Russie reconquiert la partie russophone d’un pays qui, au fond, n’a jamais existé car issu de deux mondes trop différents, voire hostiles, et qui n’ont ni la même histoire, ni la même langue, ni la même religion
Avec cet argument on pourrait se demander si la Fédération de Russie est un pays qui, au fond, a jamais existé… par exemple en considérant la différence sur ces aspects entre la Russie et la Tchétchénie (entre autres). Depuis le temps que je lis M de Lacoste reproduit sur ce site, je ne l’aurais jamais imaginé apporter ainsi de l’eau au moulin des plans délirants qu’on voit circuler de partition de la Russie!
RobertD
>La crise Arménie-Azerbaïdjan, avec la guerre de 2021
lire 2020, mea culpa
Giacomo
“L’encercIement de Ia Russie” par I’OTAN… Sans rire ? Pour qui connait un peu sa géographie, cet encercIement est très, très reIatif, tour au pIus un dixième de Ia Iongueur totaIe des frontières russes. C’est un peu comme si on prétendait que Ia Suisse encercIe Ia France…
J’ai préféré arrêter Ià Ia Iecture de cet articIe en faisant remarquer que si Poutine avait respecté I’engagement de Ia Russie du “Mémorandum de Budapest” (1994) à respecter Ies frontières de I’Ukraine, iI ne serait pas actueIIement enIisé en Ukraine et accuIé à faire régner Ia terreur par Ia torture et Ies exécutions de masse, horribIe habitude russe depuis Katyn, dans Ies territoires qu’iI a pénibIement conquis au prix de Ia vie de dizaines de miIIiers de jeunes russes qui ne demandaient qu’à vivre et qui n’avaient rien à battre de ce prétendu “encercIement”.
VIVANT
Vous êtes mal informé. Zelenski veut la bombe atomique, soit par fabrication ukrainienne, soit par adhésion à l’Otan. Nous sommes en guerre de civilisation. Vive l’immense Poutine et son peuple russe qui vient encore de le soutenir à 80% lors des dernières élections. Cette guerre civile entre russophones est liée aux intérêts vitaux russes menacés par l’otanisation du monde. Les nations européennes otanisées seront les dindons de la farce américaine. désindustrialisation car énergie aux USA est dix fois moins cher qu’en Europe coupée des Russes. L’Europe est la risée des autres nations non otanisées qui ne comprennent pas ce suicide européen.