Une tribune publiée par Charles Beigbeder et Benoît Dumoulin dans le magazine en ligne France (lire aussi sur le blog de Charles Beigbeder). Quelques extraits :
[…] "Le multiculturalisme ne débouche pas sur l’identité heureuse comme le suggèrent certains, à droite comme à gauche. Il signe avant tout le délitement de la France en une myriade de communautés qui sont autant de menaces sur la cohésion nationale et font peser un risque sur l’avenir de notre pays en tant qu’État-nation. Revenir au stade féodal, qui préexistait avant l’édification des États-nations européens, serait, à coup sûr, une régression historique.
De plus, pour vivre en paix au sein d’une nation, il est nécessaire de partager un socle commun de valeurs qui s’ancrent en général dans un mode de vie et des mentalités similaires. Cela ne signifie pas qu’il faille une uniformisation des consciences ni une parfaite homogénéité des cultures ; la diversité peut même constituer une richesse à condition que l’on puisse transcender nos différences dans un fond commun qui s’enracine dans une même vision de l’homme, une même conception de la femme, un même rapport du sacré au profane et une identité de vue concernant la place de la raison et du travail dans la société. Faute de quoi, aucune harmonie sociale n’est possible. […]
Plus qu’un choc des civilisations au sens où l’entend Samuel Huntington, nous pensons qu’il y a, pour paraphraser François-Xavier Bellamy, tous les ingrédients d’un choc des incultures : d’un côté, l’Occident laïciste, qui ignore la dimension religieuse de l’homme et se complaît dans un matérialisme veule qui renie toute transcendance et tout sens du sacré ; de l’autre, un islamisme radical qui rejette tout discours rationnel et instrumentalise le sentiment religieux au service de l’asservissement des consciences.
L’un et l’autre semblent d’ailleurs se répondre par une forme de rivalité mimétique qui peut rapidement provoquer une montée aux extrêmes, au sens où l’entend René Girard. La Femen dépoitraillée et la femme intégralement voilée représentent ainsi deux visages types de ce nihilisme : l’une symbolise la folle volonté de déconstruire l’héritage judéo-chrétien tandis que l’autre incarne cet islamisme radical qui prospère sur les décombres d’une chrétienté ayant renié son identité.
Pire, l’islamophilie de certains intellectuels de gauche ne se justifie que par la haine qu’ils éprouvent à l’encontre de la civilisation chrétienne ; ce n’est pas l’islam qu’ils aiment, c’est le christianisme qu’ils détestent. Le sentiment religieux n’est, pour eux, acceptable que sous la forme de cet islamisme radical, violent et grossier qui légitime en retour un discours laïciste plaçant toutes les religions sur un même pied d’égalité pour mieux exclure le christianisme de la sphère publique. Détestant l’enracinement religieux de l’homme, ils en viennent à prôner son dévoiement sous la forme de l’islamisme radical pour mieux le combattre. Si la religion n’est que violence, alors le matérialisme a raison !
On ne sortira donc que par le haut de cette confrontation stérile entre islamisme et laïcisme. Plus encore que par des réformes, c’est en assumant dans tout notre être la profondeur de notre identité que nous pourrons tracer une voie de redressement pour notre pays. Puisque les mœurs deviennent politiques, soyons alors charnellement de France, par tous les pores de notre peau ! Nous appelons donc fermement de nos vœux ce réarmement spirituel et moral sans lequel toute réaction identitaire serait vaine." […]