Lu dans Daoudal Hebdo :
"Le 4 juillet, le Parlement hongrois a adopté à l’unanimité (les socialistes s’abstenant) une motion du parti au pouvoir, Fidesz, et des chrétiens démocrates faisant du 22 juillet un jour de commémoration nationale. Ce n’est pas tout à fait un exemple de vivre ensemble multiculturel : il s’agit de la grande victoire hongroise contre les Turcs, en 1456. Le sultan Mehmet II avait pris Constantinople trois ans plus tôt, et il avançait vers l’Europe occidentale, sans que cela mobilise les princes, malgré les efforts déployés par le pape Nicolas V pour une croisade en défense de la chrétienté. […]
Nicolas V mourut en 1455 et fut remplacé par un pape de compromis, dit de transition, Calixte III (Alfonse de Borgia, archevêque de Valence, le premier Borgia célèbre), qui avait 77 ans et était affaibli par la maladie. Mais il se proclama rempart de la chrétienté, et fit preuve d’une étonnante énergie. Par la bulle Ad summi apostolatus apicem, il ordonna d’organiser une croisade contre les Turcs, et il envoya des légats dans toute l’Europe pour convaincre les princes de se mobiliser. Le plus célèbre prêcheur de l’époque est saint Jean de Capistran (qui a déjà été le conseiller et l’envoyé des trois papes précédents). Il se rend en Hongrie, avec la croix des Croisés et un bref du pape qui l’investit officiellement de la mission de prêcher la croisade. Jean de Capistran va réunir quelque 25000 paysans, munis d’armes de fortune, qu’il va joindre aux soldats de Jean Hunyadi, voïvode de Transylvanie, ancien régent du royaume de Hongrie, qui a déjà remporté quelques batailles contre les Turcs (et en a perdu d’autres, comme celle de Kosovo, face à un ennemi quatre fois plus nombreux). Pendant les préparatifs, 70000 Turcs, sous la conduite de Mehmet II en personne, sont à Belgrade (en hongrois Nandorfehervar), et ils assiègent la ville. Or c’est précisément la citadelle de Belgrade que Hunyadi a décidé de défendre, en y installant une forte garnison aussi bien armée que possible. A ses propres frais, avec l’aide du pape qui a vendu des bijoux pontificaux pour aider ce valeureux guerrier qui ne trouve aucun autre appui… Hunyadi et Capistran réussissent à entrer dans la citadelle, en passant par le fleuve. Le 21 juillet, les Turcs attaquent. Hunyadi les laisse pénétrer jusqu’à la deuxième enceinte, et lance une contre-offensive qui prend les Turcs par surprise. Le lendemain, Jean de Capistran lance ses paysans sur le camp ottoman, aux cris de « Jésus ! Jésus ! Jésus! », et brandissant l’étendard avec la croix. Nouvelle surprise des Turcs, qui battent en retraite. C’est une véritable déroute, et Mehmet II est même blessé par une flèche. Quelques jours plus tard, la peste décime les armées chrétiennes. Jean Hunyadi meurt le 11 août, et saint Jean de Capistran le 23 octobre. […] Jean-Paul II, en 1984, nomma saint Jean de Capistran patron des aumôniers militaires."
(photo : La chaire extérieure de Saint-Jean de Capistran à Vienne)