Dans Valeurs Actuelles, l’abbé Danziec écrit :
On en serait presque déçu du manque d’originalité : le magazine américain Time a élu l’égérie du changement climatique comme personnalité de l’année. Dans une Une de type messianique, on y voit la jeune suédoise, tel un nouveau Moïse, debout sur les rochers, l’écume des vagues atteignant ses pieds, le regard perdu dans l’immensité. Il ne reste plus aux lecteurs qu’à imaginer au loin les chars climatosceptiques de Pharaon engloutis dans le tumulte des eaux…
Au-delà de la mise en scène, et du choix des plus conformistes de la personnalité, c’est le sous-titre qui dit tout. « Greta Thunberg, le pouvoir de la jeunesse. » La jeunesse, le nouveau mantra du progressisme. Le calendrier comme argument ultime. Dans une société tiraillée, divisée, “archipellisée” dirait le politologue Jérôme Fourquet, la jeunesse semble pour certains un va-tout pour résorber les différentes crises qui traversent la postmodernité. La date de naissance du millenial à elle-seule aurait valeur de baguette magique et la formule « Ok Boomer » d’abracadabra. Cette expression, que l’on pourrait traduire par la formule condescendante « Fort bien, l’ancien », autrement dit « cause toujours, tu m’intéresses » fleurit en effet ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Cri de ralliement des générations nées dans les années 80/90, « Ok Boomer » s’utilise pour balayer avec dédain des arguments ou opinions jugées en décalage avec l’époque actuelle, les fameux boomers nés sous les trente glorieuses. Les vieux réacs, qu’ils s’appellent Michel Onfray ou Eric Zemmour n’ont qu’à bien se tenir. On pourrait en rire. Imagine-t-on Aristote plein de morgue renvoyer son maître Platon à son banquet ? Ou un Thomas d’Aquin faire fi des leçons qui lui ont été dispensées par saint Albert le Grand ? Les dangers d’un grave conflit générationnel sont pourtant réels. Hier jeudi 12 décembre, lors de la séance publique annuelle de l’Académie Française, le philosophe Alain Finkielkraut a dépeint dans un brillant discours, qu’il faut lire et méditer, ce « nouvel ordre moral qui s’est abattu sur la vie de l’esprit ». […]