De Thomas Debesse :
La légende de Beowulf de Robert Zemeckis n’est ni un film de Noël, ni un film familial, mais à travers les personnages du roi, du héro, du conseiller, du prosélyte, de la reine, de la concubine et de l’esclave, le film explore l’expérience d’un paganisme qui voit advenir le christianisme, la lente conversion d’un peuple par l’intermédiaire d’hommes très imparfaits, et la nécessité de la vérité. Je propose donc un commentaire de ce film sous l’angle du film de l’Avent.
Comme l’année dernière, la vidéo est faite en partenariat avec une entreprise que je veux mettre en avant, cette année c’est avec la boutique Mademoiselle France, une boutique qui ne vend que des articles fabriqués en France.
Extraits :
Le film La légende de Beowulf, réalisé en 2007 par Robert Zemeckis, s’inspire librement d’un très ancien conte anglo-saxon. Le récit original a notamment inspiré des auteurs comme Tolkien. Le film apporte quelques changements à ce récit et ce qui m’intéresse aujourd’hui est l’histoire telle qu’elle est racontée dans ce film. […]
Le propre d’un film de l’Avent, c’est, un peu comme le calendrier de l’Avent, de nous rappeler une certaine réalité de l’homme qui attend Noël. […] Il n’y a pas besoin de Noël si nous sommes parfaits, il n’y a pas besoin d’un sauveur pour celui qui n’a pas besoin d’être sauvé. Donc l’Avent, c’est le moment de se rappeler qu’on n’est pas aussi parfait qu’on le voudrait ou qu’on le fait croire. […]
Unferth a un esclave boiteux qu’il bat tout au long du film, mais à la fin du film, ayant vu son église détruite par les flammes et sa famille brûlée vive, devenu vieux et sévèrement blessé il ne peut marcher qu’en s’appuyant sur l’épaule de son esclave. Conseiller du roi et autorité ecclésiastique il ne peut se tenir debout sans son esclave boiteux qu’il a battu toute sa vie. Il lui faut toute une vie pour découvrir qu’il n’est grand que quand son esclave le porte. […]
Un autre personnage survit aux différents rois, c’est la reine Wealhtheow. Elle est la figure de l’humiliation et de l’humilité. Elle est celle qui accompagne et incarne le royaume dans sa lente conversion au christianisme. Les héros meurent avec leur paganisme, la reine n’a pas d’enfant mais c’est l’accouchement d’un nouveau royaume qu’elle accompagne. […]
Plus tard dans le film, la concubine parle du jour où la chanson de Beowulf est contée par les bardes, et elle dit que le jour d’après, ils célèbrent la naissance du Christ. Ainsi dans le film lui-même, la chanson de Beowulf est chantée pendant l’Avent, et la concubine nous dit que ce qui succède au récit héroïque païen, c’est la naissance du Christ. […]
La vérité se fraie un chemin à travers ces hommes menteurs et lâches. Le héro païen croit d’abord qu’il ne vivra que dans le récit héroïque que les bardes chanteront à sa gloire. Mais lorsque Beowulf se meurt après un long règne épique et glorieux, il dit : « souviens-toi de moi, non pas comme un roi ou un héro, mais comme un homme faillible et imparfait ».
Et dans l’univers du film, cette parole de conversion est censée clore le récit de Beowulf que les bardes chantent pour clore l’Avent, la veille de la nativité.
Entre le roi vaincu par le monstre qu’il a enfanté et l’esclave qui porte son maître, on peut y voir l’illustration de cette phrase du Magnificat : « Il renverse les puissants de leurs trônes, et il élève les humbles ». […]
Notre société actuelle a complètement oublié la notion de conversion, mais pourtant il ne peut y avoir d’Avent s’il n’y a pas d’homme imparfait. Le temps de l’Avent n’est pas le temps de Noël, c’est le temps des hommes imparfaits, le temps des hommes païens qui doivent se convertir.
On a oublié notre devoir d’exiger de nous-même la conversion, et on a oublié le devoir d’exiger du prince et de l’évêque leur conversion. On attend lâchement la prochaine élection en espérant remplacer le prince. Lorsque quelqu’un fait une faute, on en demande la démission. Et lorsque c’est un évêque, il en viendrait à présenter lui-même sa démission, quitte à se soustraire à son devoir d’exemple public dans la conversion. […] nous devons réentendre que la priorité avant toute mission, c’est la conversion. […]
L’exigence chrétienne n’est pas la démission, c’est la conversion. La démission n’est exigible que si la conversion est refusée. La démission est un renoncement à la conversion. C’est donc un grave manquement à la charité que de soustraire son prochain à l’exigence de la conversion.
La cancel culture n’encourage pas la perfection ni la sainteté, elle encourage le mensonge et la démission. […] Ne reste alors que le récit hypocrite de ceux qui ont mieux menti que les autres.
Il y a pire qu’un mauvais prince : un prince qui ne se convertit pas […] il y a pire qu’un évêque qui se prostitue : c’est l’évêque qui se prostitue mais qui en plus ne travaillerait même pas à la conversion du prince et du royaume. Il y a pire qu’un Pierre qui renie son Christ trois fois, ce serait un pape qui renoncerait à sa propre conversion.
Le lâche qui ne travaille pas à la conversion du royaume est pire que le lâche. […] L’Avent nous rappelle que c’est précisément parce que nous sommes des pêcheurs que nous sommes invités à la crèche de Noël.
L’Avent est précisément ce temps qui doit nous faire accepter en vérité la réalité de notre humanité avec nos lâchetés, nos erreurs, nos échecs, nos perversions, nos crimes, nos travers et nos omissions. […] C’est le récit d’Ézéchiel (ch 16) : Jérusalem et donc l’Église ne se rend pas belle par elle-même, quand Jérusalem tente de se faire séduisante, elle achète son péché avec les trésors qu’elle a reçus, déguise ses crimes, se prostitue, assassine les enfants de ses prostitutions… et elle doit être emmenée au désert pour se retrouver nue, sans bijoux, sans robe et sans arme. Alors seulement Jérusalem est prête pour l’incarnation, la nativité et la croix.
Alors que Beowulf agonise, il dit à son fidèle Wiglaf : « il est trop tard pour les mensonges ».