A l’occasion du 50e anniversaire
de l’ouverture du concile Vatican II, Yves Daoudal a rédigé des commentaires
sur les textes, souvent méconnus, du concile. Ces Notules sur un concile sont
des réflexions personnelles, qui tranchent avec les commentaires
hagiographiques du clan « progressiste » ou les critiques des
milieux « traditionalistes ». Le meilleur exemple de cette
lecture originale est sans doute celle appliquée à la déclaration Dignitatis
Humanae, qui a fait et fait encore couler beaucoup d’encre. Cette notule d’Yves
Daoudal a sans doute le mérite de s’inscrire dans ce que déclarait Benoît XVI
dans son discours à la Curie le 22 décembre 2005 sur « l’herméneutique de
la réforme dans la continuité » :
« Le
grand débat sur cette déclaration est de savoir si ce texte est en rupture ou
non avec « l’enseignement infaillible » de Pie IX dans Quanta Cura et
dans le Syllabus (notamment). Certains montrent que la contradiction est
manifeste, d’autres ont écrit des milliers de pages pour montrer que la
contradiction n’est qu’apparente et que finalement il y a bien continuité.Ce débat me
paraît parfaitement vain. C’est à peu près comme si on se demandait s’il y a contradiction
entre le Deutéronome et le Code civil. La question ne se pose pas. Elle ne se
pose pas parce qu’on compare ou qu’on oppose des textes qui n’ont pas d’autres
points communs que certains mots, auquel on veut donner la même valeur alors
qu’ils ne l’ont pas.Le grand
malentendu sur Dignitatis humanae est, mais ici de façon chimiquement pure, le
malentendu qui règne sur le concile en général, et plus particulièrement sur
Gaudium et spes. Non seulement ce concile s’est voulu pastoral, mais il a voulu
s’adresser « à tous les hommes », comme le disait d’emblée son
« Message » du 20 octobre 1962. […] Lorsque l’Eglise s’adresse à
l’humanité toute entière, ce n’est évidemment pas pour préciser un point du
dogme, ni pour confirmer ou battre incroyablement en brèche un
« enseignement infaillible », c’est pour proposer, en tant
qu’organisation sociale à laquelle on reconnaît une sagesse certaine, une règle
de comportement qui serve le bien commun social.J’ai fini par
comprendre cela à force de lire les discours de Jean-Paul II puis de Benoît XVI
adressés à des auditoires non catholiques, aux dirigeants politiques et aux
ambassadeurs. Chaque fois qu’il est question de liberté religieuse, ces
discours donnent l’impression que le pape n’est plus le pape. […]Et en fait ce n’est pas nouveau dans l’histoire de
l’Eglise. Chaque fois que l’Eglise défend la loi morale naturelle, elle fait la
même chose. […] Quand elle proclame sa
doctrine sociale, au sens des premières encycliques sociales […] elle la
proclame à tous les hommes de bonne volonté : les principes du bien commun
et de la subsidiarité ne sont pas des principes confessionnels ; cette
doctrine est véhiculée par l’Eglise mais elle n’est pas religieuse, elle est
proprement sociale. Il en est de même de la liberté religieuse, qui, en
réalité, s’inscrit tout simplement dans la doctrine sociale de l’Eglise. Et de
fait elle s’y trouve désormais […]. »