Le député Jacques Bompard dénonce la nouvelle tentative de verrouillage du système politique par les grands partis :
"Depuis
1988 et la loi sur le financement public des partis politiques, la
France a connu trois autres lois qui ont conforté cette pratique et que
l'on peut résumer de la manière suivante : prendre de l'argent aux
contribuables pour le donner aux partis
politiques. L'objectif officiel de ce financement public, somme toute
récent, est de contribuer à la transparence de la vie politique. Pouvant
se financer grâce à l'Etat, les partis n'auraient plus besoin de
recourir à certains fonds privés aux origines quelques
fois douteuses, pour ne pas dire délictueuses. En d'autres termes, la
vertu du prélèvement fiscal aurait mis fin au vice de l'abus de bien
social ou de l'argent étranger.Or,
depuis vingt années, de nombreuses affaires judiciaires ont montré que
l'objectif poursuivi n'a pas été atteint. Ni de près, ni de loin. En
effet, à de nombreuses reprises, des partis
ont été pris la main dans le sac du financement occulte. Ainsi donc, le
financement public des partis politiques n'a pas mis fin à certaines
pratiques, mais, seulement, permis à ces partis d'augmenter leur pouvoir
financier et donc politique, aux frais de
l'Etat, en toute légalité et bonne amitié respective. A cette seule
mesure de l'objectif qui devait être atteint et qui ne l'est pas, on
voit combien cette loi de 1988, comme celles qui ont suivies,
mériteraient d'être abrogées. Du reste, le gouvernement ne
semble pas totalement hostile à une telle mesure puisqu'il envisagerait
de couper les vivres aux micros-partis. C'est à dire à ceux qui ne
coûtent presque rien aux Français…Plus
d'argent pour les partis politiques n'est pas un gage de démocratie.
Moins d'argent n'est pas une cause de dictature. On le constate aux
Etats-Unis où chaque élection voit la dépense
de sommes phénoménales, alors que plus de 40% des Américains ne vont
jamais voter.Alors
que la loi se montre généreuse avec ce système des partis, d'aucuns ont
souhaité qu'elle soit de plus en plus coercitive à l'égard des
individus. Au nom d'une vision idéologique, d'éminents
représentants des partis – et le gouvernement lui-même qui n'est jamais
que l'émanation de partis – ont voulu limiter les mandats électoraux.
Dans l'espace comme dans le temps. Or, la seule question qui doit
retenir l'attention des citoyens n'est pas celle
du cumul, mais celle de la compétence.L'élu
dont on parle est-il compétent ? Oui, selon une majorité d'électeurs ?
Alors, pourquoi interdire à ceux-ci de voter encore pour lui ? Pourquoi
leur interdire d'en faire à la fois un
maire et un député ? Pour quelles raisons supprimer une liberté aux
citoyens ? Au nom de quoi le législateur serait-il meilleur juge que le
citoyen ? A minima, une telle réforme aurait exigé un référendum. Bien
évidemment, celui-ci n'a pas eu lieu car, au
fond, derrière les grands mots « d'éthique » ou de « transparence »,
les règles électorales sont soigneusement ciselées dans le seul but de
favoriser les grands partis.La
rénovation de la vie politique française ne passe donc pas par des
mesures cosmétiques, des débats chargés d'une vacuité idéologique propre
à écœurer encore davantage de la chose publique
les citoyens. La « vie politique » française a besoin d'être une vraie
vie, avec de vrais gens, dont la politique ne serait pas le métier, dont
le premier intérêt ne serait pas celui des partis. Une vie politique
libre avec de vrais débats. Bref, l'exact contraire
de ce à quoi le système des partis nous a accoutumés."
Magnonjjmagnon
Cette mesure favorisera particulièrement les élus fonctionnaires par rapport aux non-fonctionnaires. C’est particulièrement eviident pour les petits élus de campagne, autrefois paysans, remplacés au fur et à mesure par des fonctionnaires actifs ou retraités, la plupart grands électeurs socialistes! Ou comment la Chiraquie est devenue la Hollandie…
Saint-Plaix
Etrange!
J’ai la plus grande estime pour Jacques Bompard, et je m’étonne là de sa démonstration en la contradiction qu’elle porte!
Il est évident que la compétence est le critère de choix qui devrait être essentiel pour le choix d’un dirigeant.
Mais cette compétence n’est pas susceptible d’être connue des électeurs qui ne connaissent pas la qualité du travail de l’élu…
En revanche, toute compétence appliquée implique des connaissances, dont d’abord celle du sujet concerné et évidemment celle des dossiers y afférents.
Or personne n’est omniscient et les journées sont encore limitées à 24 heures, même dans le monde très fermé des élus…
A qui fera-t-on croire que tel député maire d’une commune importante et président d’une demi douzaine de groupements économiques ou sociaux divers (quand ce n’est pas une vingtaine!) est susceptible de maîtriser l’ensemble de sujets concernés et a le temps d’étudier un temps soit peu sérieusement les divers dossiers?
Si l’homme politique “compétent” est celui qui se borne à faire écho au personnage qui étudie le dossier il n’a pas réellement la compétence!
Autant laisser alors à un autre qui aura matériellement le temps de le faire et de l’étudier réellement, la responsabilité dudit dossier!
Il y a des limites à la capacité de chacun et nombre de responsables d’instances politiques diverses aujourd’hui se bornent à gouter les petits fours des cocktails et à figurer deux fois par ans dans les groupements où ils figurent censés en assurer la responsabilité: cela n’est pas admissible!
Philippe Aucazou
@saint-plaix
vous avez sans doute raison, mais il se trouve que les électeurs ne semblent pas gênés par cela. Ce que dit Bompard, en fait, c’est que c’est aussi un déni de démocratie : on retire au peuple la possibilité de voter pour qui il veut.
maire
Je pense que le fond de la question est, comme chaque fois, laissé de coté.
Bompard est favorable au cumul mais comme le dit Saint-Plaix, il est évident qu’une seule est même personne est incapable de gérer tous les dossiers de plusieurs fonctions, provoquant en réalité un détournement du système (combien de député-maire favorise leur commune à l’assemblée nationale, créant une nécessité de facto d’être député-maire pour gérer une grande ville !)
Il y a également cette contradiction : le sénat est normalement issue du corps des officiers territoriaux (les maires), or un député-maire est donc un sénateur siégeant à l’assemblée nationale. Il y a donc un rapprochement trop grand entre les 2 chambres gommant leurs différences.
Il faut revenir à la notion qu’un mandat est avant-tout un service rendu : que ce soit l’administration d’une collectivité ou la représentation par députation.
Il me semble que sous cet angle, il devient logique que le service soit borné par plusieurs éléments :
– cumul de responsabilités
– cumul de temps
Le renouvellement de la classe politique serait ainsi assuré autrement que par décès.
Par exemple, il pourrait être instauré une limitation à 2 mandats de chaque type avec un maximum de 4 ou 5 mandats au total.
D’autre part, il faut complètement revoir le financement des partis. Si comme le sous-entend Jacques Bompard le non-cumul des mandats doit conduire à la multiplication des primes du fait de la multiplication des personnes en service, il y effectivement un énorme problème.
Anonymous
Il n’y a qu’avec la proportionnelle intégrale qui peut représenter la plupart des gens ,et c’est l’interdiction de cette proportionnelle intègrale qui sert uniquement à monopoliser l’Etat au seul profit d’un parti politique avec un appendice clone lui servant de complice et faire-valoir pour dissimuler que c’est en fait une dictature bicéphale ,comme l’umps (collusion d’interets privés dans la farce de faux opposants ) .