Lu sur Polémia :
"La stratégie de l’attention vise à promouvoir la candidature d’Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle. Elle consiste à mettre en scène en permanence le candidat surgi de nulle part et son mouvement prétendu, En Marche !, par le truchement des médias et des instituts de sondage. La stratégie de l’attention a correspondu au matraquage publicitaire du produit Macron. Les médias ont rendu Macron omniprésent pour diffuser dans l’opinion la conviction qu’il serait présent au second tour de l’élection présidentielle, ce qui ne va pourtant pas de soi.
Les médias ont scénarisé ses moindres faits et gestes comme ses meetings préfabriqués. Ainsi, par exemple en février, BFMTV a diffusé au total autant de minutes de meetings du fondateur d’En Marche… que de l’ensemble de ses quatre principaux concurrents réunis ! Comme d’habitude, d’ailleurs, puisque depuis sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle, tous les meetings d’Emmanuel Macron sont diffusés en intégralité sur la première chaîne d’information en continu. Ce qui est bien loin d’être le cas pour les autres candidats.
Tout comme ils ont scénarisé les ralliements successifs dont Emmanuel Macron bénéficiait, afin de suggérer l’idée d’une dynamique politique à son profit.
Les sondages ont fermé la boucle promotionnelle
Les instituts de sondages ont ensuite donné la réplique aux campagnes médiatiques en faisant apparaître les bons scores du candidat : les commanditaires étant les mêmes, la machine promotionnelle fonctionnait donc en boucle ! Elle a donc permis d’enfermer les électeurs dans une bulle médiatique, destinée à leur faire croire ce qu’on leur disait : les sondages paraissant confirmer les dires des journalistes et ces derniers commentant les résultats qui allaient dans le bon sens… CQFD.
Favoriser les outsiders, mais au profit de Macron
La stratégie de l’attention a aussi concerné, dans un second temps, les « petits » candidats. Tant qu’il s’agissait de promouvoir le produit Macron on les a réduits au silence médiatique. Mais cela a changé à partir du débat télévisé à 11 du 4 avril 2017. En effet, pour exister, les petits candidats, en majorité plutôt à droite, ont tenu à marquer leurs différences critiques vis-à-vis de François Fillon et Marine Le Pen : ils sont donc susceptibles de leur ôter des voix au premier tour et c’est pourquoi on s’efforce aussi de les encourager. La stratégie de l’attention assure maintenant la promotion de Jean-Luc Mélenchon. Il s’agit de faire croire que l’intéressé talonnerait dans les intentions de vote François Fillon, afin de suggérer l’absence de dynamique au profit du candidat de la droite et du centre. Ce qui serait pour le moins étrange compte tenu de l’état de l’opinion et de la réalité du terrain. Mais le produit Mélenchon a aussi pour fonction de marginaliser un peu plus le candidat du PS, Benoit Hamon, pour présenter le moment venu Emmanuel Macron comme l’ultime recours de la gauche face à la droite ou à « l’extrême droite ». […]"