Pour Jean-Pierre Denis, le débat sur la bioéthique révèle un clivage qui ne passe plus entre la droite et la gauche, mais au sein même de la droite :
"Le fond du débat porte en réalité sur deux conceptions différentes du progrès humain. D’un côté, il y a ceux qui estiment que celui-ci passe par toutes les nouvelles frontières que la science s’efforce de franchir. C’est la vision libérale de l’éthique, celle du principe d’innovation. De l’autre, ceux qui pressentent qu’il ne consiste pas nécessairement à répondre oui à toutes les demandes qui se présentent, même si celles-ci paraissent bien intentionnées. C’est la vision humaniste, celle du principe de précaution. Le progrès n’est pas forcément myope. Le progrès est ce qui rend l’homme plus humain.
La ligne de fracture ne sépare pas la gauche et la droite. En pratique, elle passe à l’intérieur de la majorité. Celle-ci ne peut plus tergiverser, voter au petit bonheur en commission, oublier de réfléchir, appuyer avec légèreté sur le bouton, comme on ne l’a que trop vu ces dernières semaines. Elle doit dire ce qu’elle pense, et le dire avec des arguments étayés. C’est ce que l’on attend d’un Parlement digne de ce nom. D’une démocratie moderne.
Or, semble-t-il, la majorité parlementaire a d’autres préoccupations en tête. Ces derniers jours, elle préfère pétitionner contre les radars. […] La bioéthique ne leur rapportera pas une seule voix. Le combat antiradars, ça, oui, ça plaira ! Bref, la majorité semble en ce moment complètement perdue. Prise dans le sauve-qui-peut électoral, elle ne sait plus ce qu’elle veut, pourquoi elle est là, pour qui elle se bat."
Comme indiqué ce matin, ce qui manque à la "droitosphère", ce sont des convictions sérieuses.