Sur El Pais :
"Le mouvement contre le mariage homosexuel en France est retourné dans les rues. Ce dimanche Paris fut témoin d’une manifestation impressionnante de caractère massif (500 000 participants selon les organisateurs, 70 000 selon la police). L’organisation la manif pour tous réussit un nouveau tour de force contre les politiques familiales du gouvernement socialiste de François Hollande.
Dans une ambiance festive les manifestants, des familles venues à Paris depuis tous les coins de France, occupèrent une part importante de la capitale. Les participants s’exclamaient contre les droits de filiation pour les couples homosexuels via insémination artificielle, contre la location des utérus, et contre l’enseignement de l’égalité des genres à l’école.
Le mouvement a redoublé ses protestations du fait de la dérive qu’a pris le mariage homosexuel. Récemment la cour de cassation évoqua la possibilité que des couples de lesbiennes accèdent à l’insémination artificielle et que soit automatiquement accordée la filiation de l’enfant à l’épouse de la mère porteuse.
Dans ce système, les êtres humains ne sont pas engendrés, mais produits, et un marché est généré autour d’eux, comme des marchandises qui s’achètent, se vendent, se louent, se jettent à la poubelle (avortement ou congélation) si elles sont défectueuses. C’est un esclavage moderne, un commerce où les plus riches exploitent les plus pauvres, une accélération de l’eugénisme occidental.
« Les enfants ne sont pas une marchandise »; « Hollande ennemi de la famille » scandaient les slogans de la manifestation. Le mouvement accuse Hollande de détruire la famille traditionnelle et considèrent la théorie du genre comme malsaine. A tout ceci s’ajouta la décision gouvernementale de réduire les aides d’allocation familiale et de raccourcir la durée du congé parental. C’est la « phobie-familiale ».
Dans notre économie libérale, le marché ne peut pas se convertir en la norme ultime, il n’y a pas que la variable de l’utilité, et l’homme ne peut pas se transformer en une variable d’ajustement entre offre et demande. Les enfants sont condamnés à « être des orphelins de leurs parents vivants » selon l’expression de St Jean Paul II, et les mères à voir leur corps chosifié, instrumentalisé, loué. Par la reproduction assistée et les mères porteuses, on assistera à une génération d’enfants privés intentionnellement de leurs géniteurs. La filiation doit provenir du biologique, elle prolonge ce que le corps a initié.
Si les filiations fictives nous inquiètent, il faut acclamer la réaction vive, créative, jeune et durable de la France, qui a eu le courage de dire Non. La manif pour tous, déjà bien connue en Europe, avait déjà averti que changer la nature du mariage mènerait à d’autres revendications qui dénaturaliseraient l’adoption et conduiraient à la fabrication d’êtres humains. Vu depuis l’étranger, ce qui nous impressionne est que le mouvement français, indéniablement mené par de nombreux catholiques, est aussi constitué de membres d’autres confessions, et de non croyants. Il ne s’agit pas de la voix de l’Eglise mais d’une voix française, qui se fait entendre à un niveau tant européen qu’international. Son expression populaire et citadine devrait servir d’inspiration aux peuples occidentaux et être entendue par la Convention européenne des droits de l’homme. Non seulement nous voulons remercier les français de leur réveil inespéré et leur engagement stimulant, qui sera très utile, le moment venu, dans nos pays ; mais nous voulons aussi les appeler à demeurer fidèles à leur histoire. Il ne s’agit pas ici de leurs racines, mais de leurs branches et de leurs fruits, en résumé, de l’avenir de notre Europe."
