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Histoire du christianisme

La messe de Paul VI constitue une fracture et une rupture complète avec la tradition liturgique

La messe de Paul VI constitue  une fracture et une rupture complète avec la tradition liturgique

A l’heure de Traditionis custodes, les éditions Via Romana publient une traduction du livre de l’abbé Anthony Cekada, parue en anglais en 2010. C’est une somme impressionnante sur la réforme liturgique. Au delà de l’esthétique, de la nostalgie, du sens du sacré ou du désir de mystère dans la religion, qui font parfois préférer la messe traditionnelle, l’abbé Cekada montre les changements impressionnants qui ont bouleversé la liturgie, dans cette étude complète et approfondie de la Messe de Paul VI. Son ouvrage est le fruit de trente ans de recherches sur les origines, la nature et les présupposés théologiques de la réforme liturgique du XXe siècle.

L’abbé Cekalda souligne l’idéologie des novateurs, qui ont perverti le mouvement liturgique engagé par Dom Guéranger (lequel qualifiait d’hérésie antiliturgique la volonté de célébrer face au peuple, en langue vernaculaire, et en changeant les textes de la sainte messe). La transformation de la messe se base notamment sur un mensonge : il faut restaurer la liturgie corrompue au cours du moyen âge, et l’adapter aux besoins et à la mentalité de l’homme contemporain, ce qui est tout à fait contradictoire, et l’auteur le montre bien. Les plus anciens textes liturgiques sont aux antipodes de la mentalité contemporaine. L’abbé Cekalda a dressé la liste de toutes les expressions qui ont été supprimées des oraisons et du lectionnaire (soi disant enrichi) parce qu’elles ne correspondaient pas à la mentalité contemporaine. De fait, la liturgie a été modifiée pour correspondre à l’œcuménisme avec les protestants (parce qu’avec les orthodoxes, cela aurait donné autre chose…). Les chiffres soulignent cette rupture :

Sur les 1182 oraisons que comporte le Missel traditionnel, environ 760 furent entièrement supprimées. Sur les 36% environ qui restaient, les réformateurs modifièrent plus de la moitié avant de les réintroduire dans le nouveau Missel. Par conséquent, seulement 17% des oraisons de l’ancien Missel parvinrent, intactes, dans le nouveau Missel.

L’auteur souligne que les novateurs ont menti en prétendant que le nouveau cycle de lectures offrait un panorama plus complet des enseignements du Nouveau Testament. Or, un certain nombre de thèmes ont été systématiquement caviardés, notamment dans les oraisons : la colère de Dieu, le châtiment du péché dès ici-bas, l’enfer, les condamnations du monde, les incrédules, les hérétiques, la digne réception de l’Eucharistie…

Ils ont traité ces passages en les excluant des Messes du dimanche, en en laissant certaines parties facultatives, en supprimant des versets isolés, en permettant une lecture de substitution ou en les excluant carrément du Lectionnaire.

L’un des aspects de la nouvelle messe c’est qu’elle porte en son sein la possibilité des abus liturgiques, ces fameux abus dénoncés par un certain nombre de prélats, jusqu’au pape, mais dont on ne sait pas exactement où ils commencent. Et pour cause : il n’y a plus réellement de rubriques intangibles. Au nom de la participation active, elles ont été remplacées par un certain nombre d’options laissées à la discrétion du célébrant, allant jusqu’à la possibilité d’inventer des textes (à la place de l’Introït, par exemple). C’est pourquoi la célébration des messes Paul VI change d’une paroisse à l’autre. De même, la communion dans la main et le service d’autel par des filles, d’abus sont devenus autorisés, voire encouragés (et dans certains endroits c’est la communion sur la langue qui est désormais interdite). La suppression totale du latin et du grégorien (qui devaient pourtant occuper la première place dans la liturgie) ne sont pas des abus. L’abbé Cekada montre, avec les textes du Concile, des instructions vaticanes qui ont suivi (en 1964, 1967), jusqu’à l’Instruction Générale (1969 puis 1970), que la créativité liturgique fait partie intégrante de la nouvelle messe, au nom d’un certain soin pastoral, qui permet de tout déréglementer et de tout justifier. Exemple de ce “en même temps”, concernant l’usage du latin, dans la Constitution Sacrosanctum Concilium (n°36) :

1. L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins

2. Toutefois, soit dans la messe, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de chants, conformément aux normes qui sont établies sur cette matière dans les chapitres suivants, pour chaque cas.

3. Ces normes étant observées, il revient à l’autorité ecclésiastique qui a compétence sur le territoire, mentionnée à l’article 22 (même, le cas échéant, après avoir délibéré avec les évêques des régions limitrophes de même langue), de statuer si on emploie la langue du pays et de quelle façon, en faisant agréer, c’est-à-dire ratifier, ses actes par le Siège apostolique.

Le 26 novembre 1969, le pape Paul VI déclarait :

Ce n’est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe.

L’abbé Anthony Cekada (1951-2020), de nationalité américaine, ordonné prêtre en 1977 par Mgr Marcel Lefebvre, a quitté la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en 1983 pour devenir sédévacantiste. C’est le principal défaut de son ouvrage, souligné par Yves Daoudal : il remet en cause la validité de la nouvelle messe tout en jugeant, en même temps, qu’elle est sacrilège. Yves Daoudal a également étudié la transformation révolutionnaire des textes de la messe et du bréviaire : un véritable massacre liturgique qui montre que la nouvelle messe est une création et non un développement harmonieux conforme à la tradition.

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