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Valeurs chrétiennes : Education

“La mission de l’enseignement catholique demeure plus que jamais d’actualité”

“La mission de l’enseignement catholique demeure plus que jamais d’actualité”

Guillaume Prévost est le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique. Il prend ses fonctions ce lundi 1er septembre. Extraits dun entretien à La Croix L’Hebdo :

[…] L’enseignement catholique est surtout le fruit d’une vision de l’éducation qui promeut, dans l’esprit de la doctrine sociale de l’Église, la participation des familles et l’initiative des personnes qui y travaillent. Dans un environnement éducatif bouleversé, il faut absolument préserver cette subsidiarité qui constitue la meilleure protection contre les replis et les sectarismes. […]

La mission de l’enseignement catholique demeure plus que jamais d’actualité : transmettre une espérance et dire ce qui justifie cette espérance. Si nous prenons le problème par le petit bout de la lorgnette, en disant que le caractère propre, c’est l’heure de catéchisme entre 18 et 19 heures, on ne va pas y arriver. Je crois qu’il faut au contraire approfondir le sens de notre association avec l’État, en permettant à l’enseignement catholique à la fois d’être plus pleinement chrétien et de répondre davantage aux besoins de la nation.

Pourquoi priver nos concitoyens, quelles que soient leur confession et leurs opinions, d’une ressource originale pour faire face à des problèmes que personne ne sait résoudre aujourd’hui ? Le vrai sujet, c’est la crise de transmission, les fragilités croissantes, les difficultés d’émancipation de la jeunesse, les défauts d’espérance d’une société qui voit le retour de la guerre, la crise écologique et la contestation de toutes les institutions. Ceux qui veulent rejouer la querelle de Peppone et Don Camillo se trompent d’époque.

Mais le narratif politique qu’on entend depuis plusieurs années, c’est plutôt que l’enseignement catholique a tendance à faire sécession, à faire de l’élitisme…

Ce procès en élitisme est très parisien et ignore la légitime recherche par les familles de garanties et de sécurité. Les parents plébiscitent d’abord un projet éducatif, qui se traduit par autant de réalités locales qu’il y a d’établissements. Les critiques ne tiennent d’ailleurs pas suffisamment compte des différences d’implantation de nos écoles, liées à l’héritage historique. L’enjeu est plus résidentiel que scolaire et appelle des moyens dédiés pour permettre à l’enseignement catholique de se déployer dans les zones prioritaires.

Ne nous laissons pas enfermer dans ces querelles stériles qui ne cessent de monter les uns contre les autres. La société n’est pas une somme de divisions, ni l’éducation un rapport de force. Les écoles chrétiennes sont ouvertes à toutes les familles qui adhèrent à ce projet, au-delà des différences de foi, de culture ou d’opinion.

Cependant, cet été, le lycée parisien Stanislas s’est vu mis en demeure de rendre facultatifs les cours de culture chrétienne qu’il dispense pour ne pas porter atteinte à la liberté de conscience de ses élèves…

Notre projet éducatif suppose de transmettre et partager un fond commun de culture, qui est celui de la révélation chrétienne dans l’histoire, et qui prend place dans des civilisations et des sociétés, juives, grecques, romaines, puis d’autres encore. Cette histoire de la révélation est universelle, dans l’art, dans la vie des idées, au travers du dialogue entre les grandes traditions spirituelles. Il ne s’agit pas d’instruction religieuse, qui s’adresse à la foi et prépare les enfants aux sacrements, mais d’un enseignement dans les strictes limites de la raison. Nous souhaitons pleinement investir l’éducation artistique et culturelle et l’enseignement moral et civique, comme nous y engagent d’ailleurs les programmes. Dans des écoles chrétiennes, on aurait le droit de parler de Gengis Khan mais pas du roi David, de Bourdieu mais pas de saint Augustin, de Confucius mais pas du Christ ? Soyons sérieux ! Soulignons d’ailleurs que cet enseignement n’entre pas dans le périmètre du contrat d’association et est strictement financé par l’établissement.

En revanche, nous restons pleinement à l’écoute des autorités académiques pour que cet enseignement s’accorde sans ambiguïté avec la liberté de conscience des enfants et de leurs familles. Les lois et règlements sont clairs sur ce point et nous n’entendons pas nous y soustraire. S’agissant de Stanislas, le dialogue est engagé sur ces bases avec la rectrice de Paris en vue de trouver un chemin commun. Je m’en réjouis.

Je voudrais aussi lever une incompréhension. La laïcité, c’est la neutralité des pouvoirs publics vis-à-vis des religions. Elle s’impose aux personnes publiques et ne s’oppose pas aux libertés fondamentales reconnues au citoyen, parmi lesquelles la liberté de conscience, dont la liberté religieuse constitue une dimension cruciale. Or, on prétend de plus en plus imposer cette neutralité aux citoyens tandis qu’inversement l’administration ne cesse d’investir le terrain des valeurs. Au bilan, la laïcité est pour tout le monde sauf pour l’État. Il faut sortir de cette pente liberticide.

Les contrôles dans les établissements privés sous contrat se sont multipliés depuis quelques mois, après que leur manque a été pointé par la Cour des comptes. Qu’en pensez-vous ?

Que la puissance publique se préoccupe davantage des écoles catholiques est une excellente chose. En revanche, la succession des polémiques favorise les confusions et les jugements hâtifs. Je me réjouis que nos établissements soient mieux pris en compte par les dispositifs de protection de la jeunesse dans un contexte d’évidentes déficiences de notre société dans ce domaine. L’affaire Bétharram nous commande de mieux articuler nos actions avec les pouvoirs publics, et nous serons au rendez-vous. Dans le cadre de l’association de l’enseignement catholique au service public de l’éducation, il est, en outre, légitime que l’éducation nationale s’assure du financement des heures d’enseignement dans le respect des programmes, et que Bercy puisse garantir le bon usage des deniers publics alloués à nos établissements.

Par ailleurs, nos écoles sont régulièrement évaluées dans le cadre des visites de tutelle. Plus récemment, le Conseil d’évaluation de l’école procède également à des évaluations particulièrement larges, dont la méthodologie nous semble bien calibrée à la diversité de nos écoles.

La difficulté est cependant d’articuler ces différents contrôles, qui relèvent de périmètres ministériels, de services déconcentrés et de règles distinctes. La charge administrative qui pèse sur les chefs d’établissement ne cesse de s’accroître, parfois au détriment du projet éducatif, du dialogue social avec les enseignants et les éducateurs, et de la relation avec les familles. On a atteint une limite sur ce sujet, dans le public comme dans le privé.

Quels retours avez-vous sur les contrôles de ces derniers mois ?

La pression médiatique a favorisé des comportements inappropriés et vindicatifs de certains inspecteurs dans nos écoles au mépris des règles déontologiques les plus élémentaires : questions personnelles sur la pratique religieuse, incitation à la délation, procès d’intention, etc. Nous allons signaler les nombreux incidents et comportements déplacés qui ont eu lieu dans les derniers mois. Il va falloir ajuster tout cela. La responsabilité doit primer l’idéologie. […]

Le paysage éducatif en France, c’est aussi le développement d’écoles catholiques hors contrat, notamment à l’initiative de fidèles engagés. Quel regard portez-vous sur cette réalité ?

Il y a des requêtes légitimes de la part des familles. Si la demande est que l’enfant reçoive une éducation chrétienne de qualité, puisse développer son intériorité, rencontre d’autres croyants, c’est bien sûr justifié et nous devons y répondre. En revanche, si le dessein est de former des clans, nous ne sommes pas compétents ni légitimes, parce que le catholicisme, c’est l’universel. […]

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