D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Nous vivons à une époque où, malheureusement, le sens de l’adoration dans la liturgie s’est perdu. Même les papes récents, tout en soutenant pleinement la réforme liturgique, ont reconnu ce problème immense, qui est certainement aussi le fruit d’une formation liturgique très pauvre des prêtres eux-mêmes. C’est un vrai dommage, car ceux qui en souffrent sont ensuite les fidèles, qui à leur tour sont mal éduqués et déséduqués à apprécier les beautés de la liturgie.
Pour cette raison, il est important de se référer aux maîtres de la spiritualité liturgique, et parmi eux une place tout à fait spéciale revient au serviteur de Dieu Divo Barsotti (1914-2006). Dans de nombreux livres de Divo Barsotti, le thème de la liturgie est présent, mais certains d’entre eux ont été particulièrement influents également pour le chemin tourmenté du Mouvement liturgique au XXe siècle. Je pense à Le mystère chrétien dans l’année liturgique ou Le mystère de l’Église dans la liturgie. Il ne fait aucun doute que ces livres, et d’autres, ont eu une importance profonde dans la formation de nombreuses âmes. Pour ma part, j’ai tenté de donner une perspective particulière à la pensée liturgique de don Divo Barsotti avec mon livre Abisso di luce (Abîme de lumière), récemment réédité dans une version revue et augmentée par les éditions Ares.
La pensée de don Divo Barsotti est magmatique, et il semble parfois difficile d’en extraire les perles. C’est une pensée mystique mais aussi une pensée marquée par la souffrance intérieure. Pourtant, sa lecture assidue nous offre de grandes satisfactions spirituelles qu’il est difficile de faire comprendre si l’on n’y est pas plongé. Dans son journal le plus connu, La fuite immobile, il dit :
« Je ne vois plus que Jésus : toute la vie des hommes est la génération du Christ. Le Christ se révèle à moi comme la Splendeur de la création qui en Lui possède sa vie, sa raison, son être. Nous ne vivons qu’en Lui. Comme si soudain une grande lumière s’ouvrait et remplissait le ciel, ainsi j’ai vu Jésus. Lui seul : chaque acte humain, chaque voix se recueille en Lui : une seule vie, une seule Parole. »
Il est important, lorsque l’on considère la pensée liturgique du père Barsotti, de ne pas oublier cette centralité du Christ dans notre vie et donc aussi dans la liturgie. La liturgie n’est pas le lieu où nous devons affirmer une identité personnelle particulière, mais le lieu où nous nous retrouvons en Lui. Si la liturgie ne parle pas de Lui, elle devient bavardage. Le cardinal Robert Sarah a dit récemment :
« Je suis africain. Je le dis clairement : la liturgie n’est pas le lieu pour promouvoir ma culture. C’est plutôt le lieu où ma culture est baptisée, où ma culture est assumée dans le Divin. »
C’est une pensée très importante que nous ne devrions pas oublier. Notre chemin dans la liturgie est un recentrement continuel en Jésus, et si ce n’est pas cela, il devient un vain bavardage.
Dans un texte qui rassemble certaines de ses méditations sur la Messe (La Messe), Divo Barsotti observe :
Dans un texte qui rassemble certaines de ses méditations sur la Messe (La Messe), Divo Barsotti observe :
« Dans la liturgie orientale, particulièrement la slave, la Messe est vécue comme théophanie : Dieu se révèle à l’homme, Il se rend présent au milieu des hommes. Plus que le sentiment, l’expérience de la Passion, de la Mort du Christ qui continue et se rend présent dans la Messe, je dirais plutôt que c’est le sens d’une assumption des hommes dans le ciel. L’Église est le paradis et l’autel est le trône de Dieu, où Dieu se manifeste, se révèle aux hommes et les rend bienheureux dans la contemplation de cette vision ; les hommes sont comme transportés hors du monde, ils vivent une certaine anticipation de la vie future, de la vision de Dieu. Théophanie. La Messe n’est pas seulement la présence du Mystère de la Passion, elle est aussi l’anticipation de la seconde venue, elle est aussi une réalisation de la vie céleste, elle est aussi une vision de Dieu, une participation des hommes à la vie divine qui, en réalité, selon les textes de la Sainte Écriture, ne s’accomplit que par la vision. Si dans la Messe Dieu se communique réellement aux hommes, Il ne pourrait se communiquer à eux sans cette vision. »
On reste émerveillé quand on médite cette grandiose conception de la Messe telle qu’elle nous est présentée par le père Barsotti. Sommes-nous sûrs qu’aujourd’hui nous avons de la Messe la même idée ? Malheureusement, nous assistons aujourd’hui à un réductionnisme liturgique, pour lequel la Messe est devenue plus ou moins une rencontre conviviale.
Il semble donc vraiment important de garder en mémoire un message aussi essentiel que celui du père Barsotti, un message qui nous rappelle que la liturgie est le centre de notre vie chrétienne, et que nous y sommes en présence d’une Présence, et que sans cette Présence, notre participation à la liturgie devient un bavardage vide. L’enseignement du père Barsotti peut paraître sévère, mais en réalité, il nous rappelle constamment à la véritable réalité qu’est le Christ. Si nous ne parvenons plus à percevoir cette véritable réalité, nous devons alors méditer attentivement le message qui nous vient de penseurs comme Divo Barsotti, qui nous rappelle à nos devoirs de chrétiens dans un contexte religieux et social fortement sécularisé. Ses réflexions provoquent un court-circuit entre notre mentalité sécularisée et les exigences de notre foi, un combat intérieur que nous devons mener si nous voulons connaître les vérités de notre foi et, par conséquent, la vérité sur qui nous sommes et sur quel est notre destin éternel.
Il semble donc vraiment important de garder en mémoire un message aussi essentiel que celui du père Barsotti, un message qui nous rappelle que la liturgie est le centre de notre vie chrétienne, et que nous y sommes en présence d’une Présence, et que sans cette Présence, notre participation à la liturgie devient un bavardage vide. L’enseignement du père Barsotti peut paraître sévère, mais en réalité, il nous rappelle constamment à la véritable réalité qu’est le Christ. Si nous ne parvenons plus à percevoir cette véritable réalité, nous devons alors méditer attentivement le message qui nous vient de penseurs comme Divo Barsotti, qui nous rappelle à nos devoirs de chrétiens dans un contexte religieux et social fortement sécularisé. Ses réflexions provoquent un court-circuit entre notre mentalité sécularisée et les exigences de notre foi, un combat intérieur que nous devons mener si nous voulons connaître les vérités de notre foi et, par conséquent, la vérité sur qui nous sommes et sur quel est notre destin éternel.