De Cotignac 500 :
Frère Fiacre, de son vrai nom Denis Antheaume, est né le 21 février 1609 à Marly-la-Ville (aujourd’hui dans le Val-d’Oise), qui faisait alors partie du diocèse de Paris. Ses parents, humbles laboureurs, font en sorte que leur fils apprenne à lire et à écrire. À 15 ans, Denis gagne Paris pour y devenir potier d’étain chez un artisan du faubourg Montmartre. Sa grande piété l’amène chez les Augustins déchaussés de Montmartre où il entre en 1631 avant de revêtir l’habit deux ans plus tard sous le nom de Frère Fiacre de Sainte-Marguerite. Aussitôt, il témoigne d’une très grande dévotion pour la Vierge Marie, tandis qu’il ne dédaigne pas de remplir les tâches les plus humbles du monastère.
Malade peu après son entrée dans la communauté, il apprend que la reine Anne d’Autriche fournit aux religieux tous les médicaments qui leur sont nécessaires. Il devient alors très reconnaissant à son égard et décide de demander à Dieu la naissance d’un Dauphin attendu depuis très longtemps, ce qu’il fait assidument pendant plus de six ans.
Un jour, sa prière est exaucée : la Vierge lui apparaît quatre fois dans la nuit du 3 novembre 1637, entre 1 h et 4 h du matin, annonçant la naissance prochaine de celui qui deviendra Louis XIV. C’est le cri d’un tout-petit qui attire l’attention du religieux : « Il tourna la tête du côté de la voix et aperçut la Sacrée Vierge environnée d’une belle et agréable lumière, ayant un enfant dans les bras, vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles, ses cheveux pendants sur ses épaules, trois couronnes sur sa tête, assise sur une chaise et qui lui dit : « Mon enfant, n’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu. » Sur cela, il se jeta à terre pour adorer l’enfant qu’elle tenait entre ses bras, pensant que ce fut Jésus-Christ, mais la Vierge sacrée lui dit : « Mon enfant, ce n’est pas mon Fils, c’est l’enfant que Dieu veut donner à la France. » La Vierge Marie lui demande de faire réciter des Neuvaines, requête qui fut transmise à la famille royale par le cardinal de la Rochefoucault. Le dimanche 5 septembre 1638, neuf mois jour pour jour après l’achèvement des Neuvaines, Anne d’Autriche donne naissance à un fils, Louis « Dieudonné ». Sept mois avant, dans la joie d’avoir appris la grossesse inespérée de la reine, Louis XIII avait consacré officiellement la France à la Vierge Marie par son vœu du 10 février 1638.
On doit à Frère Fiacre et à sa grande confiance en la Mère de Dieu, le développement de l’église de Notre-Dame des Victoires, refuge des pécheurs, comme sanctuaire de pèlerinage où la Vierge Marie offre volontiers à tous ceux qui invoquent son cœur maternel d’être exaucé, écouté et secouru.
Frère Fiacre meurt le 16 février 1684 en odeur de sainteté, vénéré comme tel par les pauvres de la capitale. Son image fut placée dans les voitures d’une compagnie de louage au XIXe siècle, d’où le nom de « fiacre » qu’elles ont longtemps porté. Son corps fut inhumé dans la crypte de la basilique et son cœur est conservé à Cotignac au Sanctuaire de Notre-Dame des Grâces, comme l’atteste une plaque de marbre.
Père Hervé Soubias,
curé-recteur du sanctuaire de Notre-Dame des Victoires