Bruno Bernard, ancien conseiller politique à l'ambassade de Grande-Bretagne, écrit dans Le Figarovox que Marine Le Pen profite de la gauchisation de la droite française, incapable, malgré quelques beaux discours et vaines promesses, d'être vraiment à droite :
"Marine Le Pen sera au second tour de l'élection présidentielle de 2017. […] Nous sommes en 2016, 14 ans après l'accession de son père au second tour face à Jacques Chirac et cela ne fait ni l'ombre d'un doute ni ne soulève l'esquisse d'un débat, cela se fera le plus normalement possible comme un hommage à François Hollande, le président normal. […] En 2016, Marine le Pen a fait main basse sur les emblèmes de la République que son père délaissait, elle les a repris sur les dépouilles de Philippe Séguin et Charles Pasqua qui n'ont pas eu de descendance politique et des mains d'un Jean-Pierre Chevènement plus isolé que jamais à gauche. […]
Marine Le Pen a considérablement augmenté son arsenal pour couvrir une surface politique laissée en friche par une UMP puis des Républicains toujours plus proches de l'ancienne UDF. En effet depuis l'abandon de la croix de Lorraine et la naissance de l'UMP, la droite française a oublié le gaullisme, qui faisait son originalité par rapport aux autres formations de droite en Europe et dans le monde. Elle devint un mélange de travaillisme britannique et démocratie chrétienne allemande. […]
Julien Dray se trompe lorsqu'il parle de la constitution d'un «monstre réactionnaire» entre droite et extrême droite, il serait plus avisé de parler de recomposition. En réalité la transformation du Front National permet le rééquilibrage de la droite française qui était orpheline depuis 1992 et la lente agonie du RPR d'un parti plus populaire, eurosceptique et interventionniste économiquement. La nature a horreur du vide, la politique aussi."