D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"C’est un clin d’œil autant qu’un symbole. En plein discrédit de la représentation politique, droite et gauche confondues, face à une perspective présidentielle qui n’enchante guère, le retour en France de l’anneau de Jeanne d’Arc, par l’intermédiaire du Puy du Fou, sonne comme un espoir de renouveau.
Précision de taille : cet anneau serait celui reçu par Jeanne à Domrémy lors de sa première communion, avec l’inscription « Jhesus Maria ». Jésus et Marie, et non tel ou tel slogan politique… Et c’est munie de cet anneau qu’une jeune fille sans instruction a pu rétablir la continuité du pouvoir dans le royaume de France. Car telle était sa mission : dans l’ordre de la politique, opérer une restauration du sacré, et rétablir la filiation divine par adoption qui concerne tout chrétien, souverain compris.
Cette question, celle de la légitimité du pouvoir, se pose-t-elle différemment aujourd’hui ? Le président de la République est un « monarque républicain », disent les juristes. Mais ils omettent de rappeler que l’autorité politique n’existait alors que par délégation du Père éternel – le roi n’est que le « lieutenant de Dieu », affirmait Jeanne d’Arc. Ce qui ne veut pas dire qu’il reçoit ses ordres de l’Église, mais qu’il coopère à l’œuvre divine à travers sa fonction. Cela vaut mieux que de s’en remettre aux oracles sondagiers ou à la mécanique gestionnaire…
L’enjeu est donc moins celui du régime que de l’existence reconnue d’une transcendance, qui aide l’homme à se dépasser. D’où la nécessité d’une nouvelle alliance entre Dieu et César, qui ne soit ni athéisme d’État, ni théocratie despotique. À tout le moins, le Concordat établi en son temps par Napoléon pourrait inspirer nos politiques : « La religion catholique est celle de la majorité des Français. » Cela n’exclut pas les autres religions, mais cela induit un socle de référence.
Certes, en 2016, une telle considération semble une gageure. Comment renouer ce lien entre la politique et Dieu en France, pays de la laïcité restrictive – la philosophie des Lumières reste encore à « dépasser », a regretté le pape face à une délégation française… Autant vouloir faire boire un âne qui n’a pas soif ! Ce à quoi répondait ainsi le Père Jacques Loew, dominicain converti après une jeunesse athée : il faut mettre à côté « un âne qui ait soif » ! Parce que la soif de Dieu est fondamentale chez l’homme, et elle est communicative…
Le sursaut attendu sera donc spirituel avant d’être politique. Il viendra d’hommes et de femmes, de familles, ayant vraiment foi en la Providence, en Dieu maître des événements. Tous convaincus de la nécessité d’une vie intérieure, pour que la raison soit illuminée par la grâce. Tous, enfin, prêts à s’unir, en France et en Europe, pour promouvoir la dignité humaine. « Messire Dieu premier servi », disait encore la sainte qui libéra Orléans. Dieu veut être servi aussi dans les plus pauvres et les plus faibles."