Docteur en théologie et diplômé de l’ESCP Europe, Mgr Guillaume Derville exerce son ministère à Rome. Proche collaborateur du prélat de l’Opus Dei, son évêque, il est en charge depuis 2002 de questions de liturgie, d’accompagnement spirituel et de formation des prêtres. Professeur visitant à la faculté de théologie de l’université pontificale de la Sainte-Croix, il y participé à la création du centre de formation sacerdotale et de l’institut de liturgie. Il est l'auteur cette semaine de la méditation pour La Neuvaine.
"Au nouveau-né le sourire maternel et l’accueil émerveillé d’un père font sentir la bonté de l’existence. Peu à peu de nouvelles relations humaines forgent une personnalité. Le cercle de famille s’élargit à l’école, au travail, aux amis, à la patrie : on ne la choisit pas d’ordinaire, pas plus que ses parents. C’est ainsi que nous héritons d’une culture. Celle de la France a des racines vivantes dont les fruits naturels sont parfois douloureusement incompatibles avec ceux que la société contemporaine cherche à produire. L’Évangile nous appelle à l’audace de la foi, de l’espérance et de la charité. Prêts à assumer des risques, sans peur du qu’en-dira-t-on, nous pouvons être solidaires et magnanimes. Dieu nous aime, nous le savons, et c’est à la chaleur de la foi que déjà le bonheur se construit, ici et maintenant. Saint Augustin disait que celui qui va jusqu’à aimer ses ennemis est comme le feu, qui commence par gagner ce qui est tout proche pour s’étendre au loin.
Un chrétien regarde l’étranger avec bonté. De même qu’une famille s’ouvre, la patrie accueille. On s’en éloigne pour un temps : ce temps et la distance l’agrandissent. J’aime encore les roches rouges d’Agay que baigne la Méditerranée, les tamaris de mon enfance, la Bourgogne de Vézelay et de Beaune… La France m’apparaît plus belle depuis que j’ai voyagé de par le monde. Je perçois mieux la clarté logique de notre langue ; j’apprécie ce « je pense » dont parlait Claudel aux Japonais, certaine facilité à tenir un discours universel, la fine pointe d’un humour un brin modeste. Notre culture, éclairée par la foi, invite à comprendre ce qui est autre, sans pour autant renier qui on est. La charité aime le pluralisme que la liberté exige dans tant de domaines ; elle reconnaît ce qui est bon, beau et vrai chez les autres peuples. J’éprouve une mystérieuse déférence pour le sens du sacré d’un ami africain, j’admire avec chaleur ce Chinois qui demande le baptême à l’automne d’une vie. Saint Josémaria Escriva, ami de « la douce France », m’a montré que le cœur d’un chrétien doit être grand et son esprit ouvert : il est frère des hommes car fils de Dieu.
Dieu est Père infiniment bon. C’est lui qui m’a choisi le premier pour que je puisse le choisir librement. Le Christ appela ceux qu’il voulut pour être avec lui et les envoyer (cf. Mc 3, 13-14). Ainsi chacun de nous a une vocation. Elle se déploie dans l’existence, selon notre liberté. Là où nous vivons, Dieu nous invite à aimer les autres en lui. Ses voies, ardues, ne sont pas les nôtres, mais sa Providence veille. Comme saint Paul, le chrétien se fait tout à tous pour les gagner tous (cf. 1 Co 9,22). Son secret ? L’union au Christ, Fils de Dieu. C’est par lui que nous secourons le prochain. Aime tous les pays, parle chaque jour dans le silence avec ton meilleur ami, un Juif conçu de l’Esprit Saint, accueilli par Joseph de Nazareth et né de la Vierge Marie, notre mère dont le sourire éveille la joyeuse espérance de Jésus."