L'archevêque de Rennes est l'auteur de la méditation de cette semaine pour La Neuvaine :
« Marie, la toute sainte »
La France est une terre de saints et de saintes, dons admirables de Dieu. Impossible de tous les nommer, ils sont si nombreux !
Pensons à Blandine, martyrisée à Lyon en 177, avec l’évêque Pothin et 46 compagnons de foi en Jésus-Christ : modèles de ceux qui, aujourd’hui, osent dire leur foi. Parlons de Martin, mort en 397, l’infatigable évangélisateur dont la charité frappe tous les esprits et dont de nombreuses églises portent le nom. Nommons Geneviève, patronne de Paris et des gendarmes, morte en 512. Sa force d’âme, sa prière et la clarté de son jugement font d’elle une incarnation du génie féminin, sentinelle vigilante de l’Invisible.
Sautons les siècles : Saint Louis chercha le juste discernement pour servir le bien commun de tous. Mort en 1270, il est le modèle de l’homme politique par le service désintéressé, par son souci de l’équité. A-t-il connu saint Yves, né en 1253 en Bretagne, qui y exerça la justice en ami des pauvres ? Il inspire aujourd’hui bien des personnes versées dans le délicat métier de la justice.
Qui oubliera Vincent de Paul, mort en 1660, dont la charité pour les plus pauvres est prophétique ? Il inspira tant de saints et de saintes, connus et inconnus, qui aimèrent le plus rejeté ou exclu. Parmi eux, un étudiant, devenu père de famille et universitaire brillant, le bienheureux Frédéric Ozanam, mort à 40 ans en 1853, dont les « conférences de charité » devenues « conférences saint Vincent de Paul » continuent leur mission de bonté évangélique.
Aux lendemains de notre Révolution, surgit l’imprévisible Jeanne Jugan qui, à Saint-Malo, accueillit chez elle une vieille femme aveugle. Elle donna naissance aux Petites Sœurs des Pauvres répandues dans le monde par leurs « Maisons » où règne un esprit de famille : chaque personne âgée y est aimée jusqu’à son dernier souffle. Quel prophète en notre temps où l’accompagnement des personnes en fin de vie interpelle notre fraternité !
Ajoutons la « petite » Thérèse Martin, morte à Lisieux à 24 ans à l’orée du XXème siècle. Face à l’athéisme, ses Manuscrits dévoilent la vérité sur l’homme : chacun, y compris le criminel, est un enfant infiniment chéri de Dieu, riche en miséricorde. Elle est le héraut de l’espérance pour tous. Et ses parents, Zélie et Louis Martin, veuf après 19 ans de mariage, prophètes des saints époux et parents d’aujourd’hui !
À cause de sainte Bernadette, morte à 35 ans, des millions de pèlerins repartent chaque année de Lourdes, convertis dans l’espérance. En 1858, la Vierge Marie lui dit son nom : « l’Immaculée Conception ». Un an plus tard, meurt Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars que l’on est venu voir de partout : prophète des prêtres ordinaires et humbles, habités par la « charité pastorale ».
Plus près de nous, le bienheureux Marcel Callo, jeune de Rennes, arrêté à 23 ans, car, dit le commandant nazi, « Monsieur est beaucoup trop catholique ». Quand il meurt le 19 mars 1945 au camp de Mauthausen, le colonel confie : « J’ai vu le regard d’un saint ». Prophète des témoins de la lumière dans les ténèbres.
Prier pour la France, c’est invoquer l’Esprit de sainteté afin qu’il suscite aujourd’hui les saints dont nous avons besoin. C’est demander à la Vierge Marie qu’elle nous aide à répondre personnellement à Dieu qui nous appelle : « soyez saints car moi, votre Dieu, je suis saint ». Les saints font luire l’admirable lumière d’amour et de paix. Ils forgent une société digne de l’homme à l’image de notre grand Dieu.
Regardant le 3ème millénaire, saint Jean-Paul II – qui nous visita plusieurs fois, – rappela l’« appel universel à la sainteté » que lança solennellement l’Église au concile Vatican II (cf. Lettre du 6 janvier 2001, n.30). Inspiré par un saint français, Louis-Marie Grignon de Montfort, il remit sa vie entre les mains de Marie : « totus tuus ». Elle est « la toute sainte » qui ouvre le chemin de la sainteté à ses enfants. Car « le trésor de la mère appartient à l’enfant », écrivit Thérèse de Lisieux, la patronne secondaire de la France, dans son ultime poème « Pourquoi je t’aime ô Marie ».