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France : Politique en France

La nouveauté politique des principes non négociables

Pour poursuivre la réflexion que suscite notre lettre ouverte aux politiques, et notamment la réponse d'Yves Daoudal ("Eh bien, s’il en est ainsi, il va de soi qu’on ne peut voter pour aucun candidat, puisqu’aucun candidat ne respecte les principes non négociables"), Rémi Fontaine écrit dans Présent :

F"Par rapport aux points non négociables définis (respect de la vie, de la famille et la liberté d’éducation), on ne peut, a priori, choisir le moindre mal que dans une perspective de redressement éthique par rapport à la situation présente. La loi de gradualité (rejetée en morale lorsqu’il s’agit des préceptes négatifs, qui obligent toujours et partout) peut valoir en politique pour inverser le flux d’une décadence (moindre mal), non, semble-t-il, pour le ralentir en devenant quelque part son allié objectif (moindre pire). Sans cette condition, on voit mal comment on pourrait nous inciter au devoir (électoral) de choisir une loi, un programme, un candidat nocifs au motif qu’ils le seraient moins (virtuellement !) que d’autres. L’enfer d’un déclin est ainsi trop souvent pavé de bonnes intentions et de votes (d’idiots) utiles !

Autant qu’on puisse en juger prudentiellement, une chose est de voter pour un candidat déficient s’il se propose de restreindre (voire de stabiliser) les transgressions dûment désignées. Autre chose est de voter pour un candidat qui s’y refuse, pour la raison qu’il livrerait seulement une drogue douce par rapport à la drogue dure du concurrent. On sait aussi ce que valent ces raisonnements en matière d’érotisme et de pornographie, d’islam et d’islamisme, etc. Et on a vu depuis la loi Veil, avec les giscardo-chiraco-sarko-cathos et leur logique du moindre pire, où menaient ces accommodements idéologiques en matière de culture de mort. Cette logique ne conduit-elle pas alors à la politique du pire dans la mesure où elle nous dissuade dialectiquement d’opter d’emblée pour la politique du (vrai) moindre mal avec cette ligne de démarcation qu’elle trace entre réduction et aggravation de la structure de péché ? Consentir aussi aisément au moindre pire (confondu avec le moindre mal autorisé) n’est-ce pas déjà consentir au pire de manière subliminale, en cautionnant objectivement la dictature du relativisme ?

C’est la raison pour laquelle, démontant à cet égard une connivence durable de nombreux catholiques avec le système totalitaire de la démocratie religieuse, Benoît XVI nous propose concrètement cette nouveauté politique des principes « non négociables » qui ne se réduisent pas simplement au domaine des « idées » ou de la « doctrine », mais impliquent forcément une attitude pratique dans la vie publique jusque dans le vote républicain, comme l’a expliqué le P. Jean-Michel Garrigues, o.p. Disons même, s’il le faut, une vertu de dissidence analogue à celle des dissidents anti-communistes. Les premiers chrétiens auraient pu aussi opter politiquement pour le « moindre pire » en négociant la place de leur religion au Panthéon. Ils ont refusé au risque du martyre. N’est-ce pas à un refus analogue au for externe que nous appelle aujourd’hui le Saint-Père ? Ce n’est plus sur trois grains d’encens qu’il s’agit aujourd’hui de transiger ou non religieusement mais sur trois points essentiels de la loi naturelle, brandis non pas comme des dogmes mais comme des commandements de Dieu (accessibles à la raison) à respecter selon ce critère de choix politique. Ce qui valait religieusement alors contre le polythéisme, vaut peut-être plus radicalement encore contre le culte (relativiste) de l’homme, avec ce que Péguy appelle sa décréation. Nous ne pensons pas que ce témoignage à l’égard de la loi (divine) naturelle, comme celui d’Antigone, soit impolitique."

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