Le pape François était ce dimanche matin à Cagliari (Sardaigne), au
sanctuaire de Notre Dame de Bonaria. Il a évoqué le travail, l'argent devenu idole :
« Les
idoles veulent nous voler la dignité, les systèmes injustes veulent nous
voler l’espérance. Seigneur, ne nous laisse pas seuls, aide-nous à nous
aider les uns les autres, que nous oubliions un peu l’égoïsme, et
sentions dans le cœur le « nous », nous, le peuple qui veut aller de
l’avant. Seigneur Jésus, que le travail ne nous manque pas. Donne-nous
du travail. Et enseigne-nous à lutter pour le travail. »« Ici, je trouve aussi de la souffrance ; une souffrance dont l’un
de vous a dit qu’elle t’affaiblit et finit par te voler l’espérance. Une
souffrance, le manque de travail, qui te conduit – excusez-moi si je
suis un peu fort, mais je dis la vérité -, qui te conduit à te sentir
sans dignité. Et là où il n’y a pas de travail, manque la dignité. »« Ce n’est pas un problème de la
Sardaigne seulement – même s’il est fort ici –, ce n’est pas un problème
de l’Italie ou de certains pays d’Europe, c’est le résultat du choix
mondial d’un système économique qui conduit à cette tragédie : un
système économique qui a au centre une idole qui s’appelle l’argent. Et
Dieu a voulu qu’au centre du monde il n’y ait pas une idole, mais
l’homme, l’homme et la femme, qui fassent avancer le monde par leur
travail. »« Au centre de ce système sans éthique, il y a une idole,
et le monde est devenu idolâtre de ce dieu argent : c’est l’argent qui
commande, et toutes les choses qui servent à cette idole. »« Pour défendre
cette idole, tous se rassemblent au centre et les extrémités tombent:
les personnes âgées tombent parce qu’il n’y a pas de place pour eux dans
ce monde. Certains parlent de cette habitude d’euthanasie cachée, qui
est de ne pas s’en soucier, de ne pas les prendre en compte, de les
laisser tomber. Et ils tombent les jeunes qui ne trouvent pas de
travail, leur dignité. Mais pensez-y : un monde dans lequel les jeunes,
des générations de jeunes, ne trouvent pas de travail, n’a pas
d’avenir. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de dignité. C’est difficile
d’avoir une dignité sans travail. »« Le
travail veut dire dignité, veut dire rapporter du pain à la maison, le
travail veut dire aimer. Et pour défendre ce système économique
idolâtre, on instaure la culture du rebut, on rejette les jeunes et on
rejette les anciens. Et nous devons dire non à cette culture du rebut,
nous devons dire que nous voulons un système juste qui nous fasse aller
de l’avant. Nous devons dire que nous ne voulons pas de ce système
économique globalisé qui nous fait tant de mal. Au centre il doit y
avoir l’homme et la femme, comme Dieu le veut, et non pas l’argent. »« A vous tous qui avez du
travail et à vous qui n’avez pas de travail, je dis : ne vous laissez
pas voler l’espérance. Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Peut-être
l’espérance est-elle comme les braises sous la cendre. Aidons-nous par
la solidarité, en soufflant sur les cendres pour que le feu vienne à
nouveau. Mais l’espérance nous fait avancer. Ce n’est pas de
l’optimisme, c’est une autre chose. Mais l’espérance n’est pas d’un
seul. L’espérance, nous la faisons tous. L’espérance, nous devons la
soutenir tous, vous tous, et nous tous qui sommes loin. L’espérance est
une chose qui est vôtre et nôtre. Elle est à tous. C’est pourquoi je
vous dis : ne vous laissez pas voler l’espérance ! »« Soyons malins, parce que le Seigneur nous dit que les idoles
sont plus malines que nous. Le Seigneur nous invite à avoir l’astuce du
serpent en même temps que la bonté de la colombe. Ayons cette astuce. Et
appelons les choses par leur nom. En ce moment, au centre de notre
système économique, de notre système globalisé qu’on nous propose pour
notre vie, au centre il y a une idole. Et cela ne peut pas se faire. On
ne peut pas le faire. Luttons tous ensemble pour qu’au centre au moins
de notre vie il y ait l’homme et la femme, la famille, nous tous, afin
que l’espérance puisse aller de l’avant que qu’on ne se laisse pas voler
l’espérance.»