Les éditions Téqui ont publié les actes du XXVIIIe colloque national de la Confédération des Juristes catholiques de France sur la réforme de la justice pénale, serpent de mer des gouvernements français qui se sont succédé depuis une vingtaine d’années. Pourtant, les rapports et propositions n’ont pas manqué aux différents ministres de la Justice dont chacun a voulu prendre date pour inscrire son nom dans les annales de la Chancellerie, avant d’être rapidement supplanté par son successeur…
Il est vrai que la tâche est immense et multiforme, de l’exécution des peines à la politique pénitentiaire, de la délinquance des mineurs au traitement des actes terroristes, du nécessaire effort budgétaire à l’indispensable augmentation des effectifs judiciaires, de la difficulté des relations entre la Justice et la police comme entre magistrats et avocats. À quoi s’ajoute l’éternelle controverse, artificiellement entretenue, entre prévention et répression qui n’épargne pas le droit pénal canonique dont le chantier de recomposition est évoqué ici à titre comparatif.
Autant de thèmes abordés dans cet ouvrage par des professionnels du droit et de la justice qui ne manquent pas non plus d’élever leur réflexion au niveau éthique et spirituel.
Joël-Benoît d’Onorio dénonce notamment l’activisme des associations et groupuscules pour traquer les déclarations politiquement incorrectes :
Toujours à l’affût du moindre soupçon de prétendu “dérapage” verbal ou comportemental, ils viennent encombrer les prétoires pour y traîner ceux de leurs concitoyens qui sont visés – parfois piégés – par cette résurgence de la sinistre “loi des suspects” de la Terreur révolutionnaire. Cette pénalisation de la vie sociale, où le moindre manquement peut être désormais porté devant le juge, est génératrice d’un climat malsain de pression psychologique, souvent dénoncé mais sous cape.Le philosophe et académicien Alain Finkelkraut a décelé un “populisme pénal” sous cet ersatz contemporain de police des moeurs et du langage qui, outre la menace qu’elle fait peser sur les libertés publiques et privées fondamentales, peut être ressentie comme une forme d’instrumentalisation idéologique de la Justice en la détournant de sa mission première.