Dans son discours lors de sa Visite d’Etat au Palais Présidentiel Italien, le Quirinal, le pape Léon XIV a évoqué la saine laïcité :
[…] Dans quelques années, nous célébrerons le centenaire des accords du Latran. À plus forte raison, il me semble juste de réaffirmer, à cet égard, combien il est important de distinguer les domaines respectifs, à partir desquels, dans un climat de respect cordial, l’Église catholique et l’État italien collaborent pour le bien commun, au service de la personne humaine, dont la dignité inviolable doit toujours être au premier plan dans les processus décisionnels et dans l’action, à tous les niveaux, pour le développement social, en particulier pour la protection des plus fragiles et des plus démunis. À cette fin, je salue et j’encourage l’engagement réciproque à fonder toute collaboration à la lumière et dans le plein respect du Concordat de 1984.
[…]
Nous nous préparons à célébrer, au cours de l’année à venir, un anniversaire important : le huitième centenaire de la mort de saint François d’Assise, patron de l’Italie, le 3 octobre 1226. Cela nous offre l’occasion de mettre l’accent sur la question urgente de la protection de notre « maison commune ».
Saint François nous a enseigné à louer le Créateur dans le respect de toutes les créatures, en lançant son message depuis le « cœur géographique » de la péninsule et en le transmettant, grâce à la beauté de ses écrits et à son témoignage et celui de ses frères, à travers les générations jusqu’à nous. C’est pourquoi je pense que l’Italie a reçu de manière particulière la mission de transmettre aux peuples la culture qui reconnaît la terre « comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère belle qui nous accueille dans ses bras » (François, Laudato si’, 1).
Au cours des dernières décennies, nous assistons en Europe, comme nous le savons, à un phénomène de baisse considérable de la natalité. Cela exige un engagement à promouvoir des choix à différents niveaux en faveur de la famille, en soutenant ses efforts, en promouvant ses valeurs, en protégeant ses besoins et ses droits. « Père », « mère », « fils », « fille », « grand-père », « grand-mère » sont, dans la tradition italienne, des mots qui expriment et suscitent naturellement des sentiments d’amour, de respect et de dévouement, parfois héroïque, pour le bien de la communauté domestique et donc de toute la société. Je tiens en particulier à souligner l’importance de garantir à toutes les familles le soutien indispensable d’un travail décent, dans des conditions équitables et en tenant compte des besoins liés à la maternité et à la paternité.
Nous faisons tout notre possible pour donner confiance aux familles, en particulier aux jeunes familles, afin qu’elles puissent envisager l’avenir avec sérénité et grandir dans l’harmonie.
Dans ce contexte, il est fondamental, à tous les niveaux, de respecter et de protéger la vie, à toutes les étapes, de la conception à la vieillesse, jusqu’au moment de la mort (cf. François, Discours à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale pour la vie, 27 septembre 2021). Je souhaite que cette sensibilité continue à se développer, notamment en ce qui concerne l’accessibilité aux soins médicaux et aux médicaments, en fonction des besoins de chacun.
Je tiens à exprimer ma gratitude pour l’aide que ce pays offre avec une grande générosité aux migrants, qui frappent de plus en plus à ses portes, ainsi que pour son engagement dans la lutte contre la traite des êtres humains. Il s’agit là de défis complexes de notre époque, face auxquels l’Italie n’a jamais reculé. J’encourage à toujours maintenir une attitude d’ouverture et de solidarité. Dans le même temps, je voudrais rappeler l’importance d’une intégration constructive de ceux qui arrivent dans les valeurs et les traditions de la société italienne, afin que le don réciproque qui se réalise dans cette rencontre entre les peuples soit véritablement source d’enrichissement et de bien pour tous.
À cet égard, je souligne combien il est précieux, pour chacun, d’aimer et de communiquer sa propre histoire et sa propre culture, avec ses signes et ses expressions : plus on reconnaît et aime sereinement ce que l’on est, plus il est facile de rencontrer et d’intégrer l’autre sans crainte et avec un cœur ouvert. À cet égard, on observe actuellement une certaine tendance à ne pas suffisamment apprécier, à différents niveaux, les modèles et les valeurs acquis au fil des siècles qui marquent notre identité culturelle, allant parfois jusqu’à prétendre effacer leur importance historique et humaine. Ne méprisons pas ce que nos pères ont vécu et ce qu’ils nous ont transmis, même au prix de grands sacrifices. Ne nous laissons pas séduire par des modèles uniformisants et fluides, qui ne font que promouvoir une apparence de liberté, pour ensuite rendre les gens dépendants de formes de contrôle telles que les modes du moment, les stratégies commerciales ou autres (cf. Card. Joseph Ratzinger, Homélie lors de la messe pro eligendo Romano Pontifice, 18 avril 2005). Il est important de garder à cœur la mémoire de ceux qui nous ont précédés, de chérir les traditions qui ont fait de nous ce que nous sommes, afin de regarder le présent et l’avenir avec conscience, sérénité, responsabilité et sens de la perspective.