Le Syndicat de la Famille se réjouit de l’intérêt de la ministre Catherine Vautrin pour la natalité et la famille, mais s’inquiète de certaines des mesures proposées et réclame un vrai changement cap.
« Le principe d’une politique nataliste est simple : plus le quotidien des parents sera facilité, plus ils seront en mesure d’avoir les enfants qu’ils désirent. Le congé parental, par exemple, doit être libéré des contraintes de répartition et de durée imposées depuis 2015, mais la Ministre envisage le contraire ! » analyse Ludovine de La Rochère, Présidente du Syndicat de la Famille.
Dans une longue interview publiée dans L’Express, la ministre du Travail, de la santé, des solidarités et de la famille explique, à juste titre, qu’il faut « faire en sorte que l’organisation de notre société permette à chaque famille de réaliser, dans de bonnes conditions, un désir d’enfant toujours bien présent. » Elle ajoute qu’elle veut ainsi « redémarrer une vraie politique familiale ambitieuse ». Le Syndicat de la Famille se réjouit de ces orientations et se tient à la disposition de la Ministre pour lui présenter les 80 mesures qu’il propose en faveur de la natalité, de la famille et de l’éducation. Mais le mouvement engagé au service des familles s’inquiète aussi de voir revenir des mesures déjà mises en place en 2015 et en 2021 et qui ont été néfastes pour la natalité.
La première est celle d’une alerte que la Sécurité sociale enverrait à tous les adultes de 29 ans sur l’approche à venir de leur baisse de la fécondité. En dépit des bonnes intentions, l’envoi d’un tel message serait à la fois une pression indue et indiscrète, et un risque majeur de venir percuter de grandes souffrances intimes liées à la solitude ou à l’infertilité.
La seconde concerne l’incitation à faire congeler ses ovocytes sans motif médical. Cette possibilité, ouverte par la loi du 2 août 2021, a conduit de nombreuses femmes en âge de procréer de reporter leur maternité à plus tard afin de se consacrer à leur vie professionnelle. Ce sont autant de naissances qui n’ont pas eu lieu de puis 2021 et, en outre, qui n’auront peut-être jamais lieu parce qu’une PMA tardive est loin d’être sûre d’aboutir. Le Syndicat de la Famille rappelle que le taux de succès d’une FIV ne dépasse pas les 18% en France à ce jour.
La troisième mesure contre-productive concerne le congé parental. Suivant le vœu d’Emmanuel Macron, la ministre envisage de le revaloriser… mais « en même temps » de le raccourcir des deux-tiers en imposant des contraintes de répartition entre les parents encore plus strictes que celles mises en place en 2015. Cette année-là, le congé parental s’était vu raccourci à 24 mois maximum par parent, au motif, déjà, de l’égalité homme-femme. Or, de ce point de vue, la mesure s’est révélée être un échec puisque la proportion des pères et des mères qui prennent ce congé est restée la même : 94% sont des mères, 6% sont des pères. Le nombre d’allocataires du congé parental s’est en revanche effondré, passant d’environ 500.000 en 2014 à 220.000 en 2023. Dès lors que celui qui veut et peut prendre un congé n’a plus droit qu’à 24 mois, les parents craignent de ne pas trouver de mode de garde à cet âge et préfèrent carrément y renoncer. Autrement dit, ce dispositif a renforcé la pression sur les modes de garde, et sans doute aussi nourri le renoncement à avoir l’enfant désiré.
Le Syndicat de la Famille appelle donc au contraire à la libération du congé parental et au maintien de sa durée, avec une revalorisation absolument nécessaire en effet : plus le quotidien des parents sera facilité, plus ils seront en mesure d’accueillir les enfants qu’ils désirent !