Mardi 24 juin, le pape François a accordé un entretien à Franca Giansoldati, la vaticaniste du quotidien romain "Il Messaggero". Extrait de la traduction de Benoît-et-moi :
"Y a-t-il une hiérarchie de valeurs à respecter dans la gestion des affaires publiques ?
« Bien sûr. Toujours protéger le bien commun. La vocation de tout homme politique, c'est cela. Un concept large qui comprend, par exemple, la protection de la vie humaine, de sa dignité. Paul VI disait que la mission de la politique reste l'une des plus hautes formes de charité. Aujourd'hui, le problème de la politique – je ne parle pas seulement de l'Italie, mais de tous les pays, le problème est mondial -, c'est qu'elle est dévaluée, ruinée par la corruption, le phénomène des pots-de-vin. Je me souviens d'un document publié par les évêques français il y a 15 ans. C'était une lettre pastorale qui était intitulée: "Réhabiliter la politique" et il abordait ce sujet. S'il n'y a pas de service à la base, on ne peut même pas comprendre l'identité de la politique. […]
C'est l'environnement qui facilite la corruption. Je ne dis pas que tout le monde est corrompu, mais je pense qu'il est difficile de rester honnête en politique. Je parle du monde entier, pas de l'Italie. Je pense aussi à d'autres cas. Parfois, il y a des gens qui voudraient faire les choses dans la clarté, mais ensuite, ils se retrouvent en difficulté et c'est comme s'ils étaient engloutis par un phénomène endémique, à plusieurs niveaux, transversal. Non pas parce que c'est la nature de la politique, mais en raison d'un changement d'époque, la pression vers une certaine dérive morale devient plus forte.
[…] Etes-vous inquiet au sujet de la culture de la dénatalité en Italie ?
Je pense que nous devons travailler plus pour le bien commun de l'enfance. Fonder une famille est un engagement, parfois le salaire n'est pas suffisant, vous arrivez à la fin du mois. Vous avez peur de perdre votre emploi ou ne pouvez plus payer le loyer. La politique sociale n'aide pas. L'Italie a un taux de natalité très bas, comme l'Espagne. La France va un peu mieux, mais il est encore trop bas. C'est comme si l'Europe était fatigué d'être une maman, préférant être une grand-mère. Cela dépend beaucoup de la crise économique et pas seulement d'une dérive culturelle marquée par l'égoïsme et l'hédonisme. L'autre jour, j'ai lu une statistique sur les critères pour les dépenses de la population mondiale. Après l'alimentation, les vêtements et les soins médicaux, trois éléments nécessaires, suivaient les cosmétiques et les dépenses pour les animaux domestiques. […]"