Une femme témoigne de ce que la pseudo libération sexuelle l’a enchaînée pendant des années :
[…] J’ai commencé à gober une pilule contraceptive sans qu’on ne me propose d’autre choix, et sans qu’on ne me prévienne de tout ce dont elle allait me priver. Pendant 6 ans, j’ai pris la pilule, et j’ai eu des relations sexuelles. […]
Et puis j’ai grandi, j’ai lu, je me suis informée, et les scandales autour des pilules et des hormones contraceptives aidant, j’ai décidé de dire stop à la pilule. Je me suis alors rendu compte avec effroi du nuage brumeux dans lequel elle nous avait gardé, moi, ma tête et mon corps. Tout à coup je ressentais chaque période de mon cycle, je sentais mes ovaires, je savais précisément quand mes règles allaient arriver. Ma libido a été en constante augmentation pendant six mois, elle était beaucoup plus présente, beaucoup plus intense, je devenais vivante. Comment un comprimé que je croyais être mon allié avait pu me priver de toute cette partie de moi, sans même qu’on m’en avertisse ? Comment peut-on donner des médicaments qui diminuent le désir des femmes, tout en les culpabilisant pour leur manque de désir, alors même qu’elles demandent justement à pouvoir faire l’amour en toute liberté ? J’ai donc arrêté la pilule. Dégoûtée à l’idée de remettre des hormones dans mon corps, je me suis rabattue sur le DIU au cuivre, et je suis repartie pour deux ans à souffrir silencieusement. […]
Abandonnant le DIU, elle finit par attendre un bébé, qu’elle décide d’avorter :
Finalement, après deux mois de procédure longue, éprouvante et douloureuse, j’ai fait le bilan de cet avortement particulièrement compliqué pour mon corps :
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- Plus de 10 prises de sang
- Deux cures médicamenteuses
- Plusieurs semaines de saignements hémorragiques
- De nombreux rendez-vous médicaux
- Un bassin bloqué à cause des contractions utérines à répétition
- Une tendinite à cause de mon bassin bloqué
- Et une cure de fer et de vitamine D.
Ça y est, je peux enfin commencer à tourner un peu la page « avortement » de ma vie.
Et il m’a fallu plusieurs semaines, et plusieurs discussions avec mon mec me disant qu’il fallait que j’arrête d’envisager la pose d’un DIU pour l’instant, pour qu’enfin je lâche prise et que j’envisage moi-même la capote comme une solution durable dans le temps.
Pendant ce temps, j’ai réalisé toutes les contradictions de mon fonctionnement de pensée.
Toute ma colère contre mon copain et tous ceux d’avant rechignant tant à mettre un pauvre bout de plastique […], alors que moi j’ai enduré tellement.
Et en même temps mon impossibilité à me dire que je pouvais passer le flambeau de la contraception, et me reposer un peu sur lui.
La colère, elle, elle est toujours là.
Et même si j’essaye de me rappeler que mon mec n’y est pour rien, ou du moins qu’il n’est pas plus coupable que moi de ce qui s’est passé, et qu’il n’est surtout pas coupable de tout ce que j’ai enduré avant qu’il soit dans ma vie…
Il m’arrive encore d’être en colère contre lui.
En colère qu’on ne puisse pas partager la souffrance physique des conneries que nous avons faites en duo. En colère qu’il n’ait pas d’utérus.
Et finalement, je crois qu’à ce moment précis, je suis surtout en colère d’être une femme.