Alors que certains milieux, souvent marqués à gauche, opposent les chrétiens de droite et les chrétiens de gauche sur le mode : les chrétiens de droite luttent pour les valeurs tandis que les chrétiens de gauche luttent pour la justice et les questions sociales, l'intervention de Mgr Gianni Ambrosio, vice-président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne, est l'occasion de rappeler que la question sociale est intrinsèquement liée à la défense de la famille. Aussi, en défendant intégralement les principes non-négociables, les chrétiens dits de droite prennent en compte les questions de justice sociale et de solidarité que certains chrétiens dits de gauche les accusent de négliger.
Mgr Ambrosio est intervenu dans le cadre du 8ème Sommet annuel UE-Leaders religieux, jeudi 12 juillet à Bruxelles. Extraits :
"Je désire saluer l’initiative de l’Année européenne : la question du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle constitue une bonne occasion de réfléchir sur le présent et l’avenir de nos sociétés. Je voudrais m’arrêter particulièrement sur le rôle de la famille en tant que ressource sociale. C’est le point de départ pour affronter la crise non seulement démographique mais aussi sociale.
Je crois que l’UE et les Etats membres devraient avoir la lucidité de se mettre au service de la famille et le courage de la soutenir comme sujet social : nos sociétés pourront ainsi bénéficier pleinement de la contribution de la famille en termes de relations, de solidarité, d’élan créatif. Parce que la famille est le milieu de base du souci de la personne et du partage des besoins, à la fois matériels et immatériels et qu’elle représente le premier réseau de solidarité sur lequel la société peut compter. C’est pourquoi, l’engagement pour valoriser la famille ne naît pas de l’intention de défendre un patrimoine de notre tradition, mais de la conviction qu’elle est la garantie d’un avenir viable pour nos sociétés.
Lorsque je parle de la famille, je veux dire la famille ouverte à la vie, fondée sur le mariage d’un homme et d’une femme : telle est l’identité de la famille comme « lieu » où s’acquièrent et sont favorisées les relations et la solidarité entre les générations. L’avenir de nos pays et de l’UE n’est pas imaginable sans un soutien fort de la famille, comme milieu de croissance et de maturation dans lequel chacun est reconnu dans sa valeur de personne et en même temps renvoyé à ses responsabilités et à ses devoirs. Aucun autre type de relation ne peut être comparé à la famille. Si la famille était privée de son rôle central et si elle était placée dans la situation de ne pas pouvoir s’acquitter de sa tâche, la complexité des relations sociales serait fragilisée dans la mesure où ce sont surtout les relations familiales qui engendrent un climat caractérisé par la confiance, la coopération et la réciprocité. C’est dans ce climat que peuvent se développer les vertus personnelles et sociales.
La grave crise démographique actuelle peut être affrontée si l’on soutient les familles pour qu’elles permettent la génération et l’éducation d’hommes et de femmes capables de prendre en charge le bien commun. Une hausse du taux de fertilité est absolument nécessaire, tout en tenant compte de l’apport de l’immigration. Les données relatives aux valeurs des Européens indiquent clairement qu’ils aimeraient avoir davantage d’enfants : les politiques de l’UE doivent aider à ce que cette « aspiration insatisfaite » des citoyens européens puisse se réaliser.
Nous savons bien que certains pays ont fait des progrès pour surmonter cette faible propension à la procréation. Il s’agit d’interventions au niveau des politiques fiscales en faveur de la famille, de la création de structures d’aide à l’enfance, de mesures visant à concilier vie professionnelle et vie familiale (la fameuse « réconciliation de la vie de travail et de la vie familiale »). Dans ce contexte, permettez-moi de souligner l’importance de la journée hebdomadaire commune de repos. Pour la famille en particulier, pour la vie spirituelle de ses membres et pour les relations humaines, au sein de la famille comme avec les parents et les amis, le repos dominical commun est d’une importance fondamentale. […] Le développement socio-économique, tant au niveau national qu’à celui de l’UE, exige la reconnaissance de la famille comme véritable sujet social et politique."
Bernard Mitjavile
Cet argument éculé opposant les chétiens de gauche supposés s’occuper des questions sociales à ceux de droite qui se contenteraient de défendre les valeurs familiales et principes ne tient aucunement compte des réalités: la crise de la famille est la cause première du développement de la pauvreté (sureprésentation des familles monoparentales dans toutes les statistiques sur la pauvreté), du manque de respect vis à vis des enseignants et de la crise de l’enseignement, du déficit des régimes de retraite malgré un coût toujours croissant à cause du déclin démographique et du développement de la violence et de l’insécurité (études sur le lien entre la violence des jeunes et la disparition de l’autorité paternelle).