Suite au communiqué diffusé par les évêques de France mercredi sur la crise sanitaire du Covid-19, Yves Daoudal dénonce cette phrase :
Cette année, sans l’avoir voulu, nous fêterons l’Annonciation, confinés, dans nos maisons ! Pouvons-nous célébrer cette fête plus en vérité, plus intensément, plus en communion ?
Daoudal rappelle :
Bien sûr et évidemment, pour tout catholique, il y aurait une façon de « célébrer cette fête plus en vérité, plus intensément, plus en communion ». Cette façon, c’est de participer à la messe. Au Saint Sacrifice du Christ qui se rend présent sur l’autel et qui se donne à manger à ses disciples. Par rapport à cette vérité, à cette intensité, à cette communion, tout le reste n’est qu’une ombre. Tout le reste ne peut qu’être prière personnelle. Certes c’est indispensable, et il faut toujours exhorter les catholiques à prier, mais ça n’a rien à voir avec la messe. Avec la vérité de la messe. Avec l’intensité de la messe. Avec la communion de la messe.
Sur Valeurs Actuelles, le père Danziec écrit :
2020 serait-elle l’année Albert Camus ? A l’occasion des 60 ans de sa disparition dans un accident de voiture, Le Figaro Hors-Série publiait le 2 janvier dernier un numéro exceptionnel sur celui qui fut prix Nobel de la littérature en 1957. Sur fond de coronavirus, son roman La Peste se vend aujourd’hui comme des petits pains. Selon Edistat, qui réalise des statistiques sur le secteur de l’édition, les ventes de l’ouvrage se sont envolées à tel point que les éditions Gallimard ont déjà vendu 40 % des quantités habituellement écoulées en une année.
A lire le communiqué de la Conférence des Evêques de France de ce mercredi 18 mars, il semble que les responsables des diocèses devraient se replonger dans l’œuvre de l’écrivain. « Mal nommer les choses, c’est participer au malheur du monde » écrivait Camus. Il est à craindre que nous y soyons à plein. On est loin d’un Saint Bernardin de Sienne, “l’apôtre de l’Italie” au début du XVème siècle, pour qui « les catastrophes naturelles ont toujours accompagné les infidélités et l’apostasie des nations ». Selon les évêques de France, « l’égoïsme, l’individualisme, la recherche du profit, le consumérisme mettent à mal notre solidarité ». Sans oublier la crise écologique bien entendu immanquablement évoquée dans le communiqué, à défaut que ce soit celle du mondialisme. Certes ! Mais les successeurs des apôtres n’ont pas un mot sur les crises plus fondamentales qui rongent l’Occident chrétien depuis plus de 50 ans. Le rejet de Dieu dans la société. La banalisation des structures de péché. La laïcisation du clergé. La ringardisation de toute morale depuis 68. La déstructuration de la cellule familiale. L’avortement, la PMA, les lois bioéthiques, et plus généralement cette fameuse culture de mort maintes fois dénoncée par Jean-Paul II.
Après tout, la Conférence des Evêques de France aurait tout à fait pu se cantonner à lancer une grande chaîne de prière auprès des catholiques français. Mais à partir du moment où les évêques français estiment qu’« il ne faut plus différer les changements qui s’imposent » quant à notre manière de vivre et qu’ils listent, à l’aune de l’épreuve du Covid-19, les manières de vivre qui posent problème, soit ils parlent en tant qu’évêques et disent les choses au regard de leurs convictions d’évêques, c’est-à-dire en hommes de Dieu et de Foi, soit ils se limitent à un discours sur la solidarité qui aurait pu être rédigé par Les Restos du cœur.
S’il est bien évidemment réjouissant que les évêques appellent à faire sonner les cloches et à allumer des cierges à nos fenêtres le 25 mars prochain, jour de la fête de l’Annonciation (célébrant l’annonce de l’ange Gabriel à la Vierge Marie l’appelant à devenir la mère du Sauveur), tant que les mots ne seront pas mis sur nos maux, les catholiques risquent d’être aussi efficaces que les jeunes parisiens de Nuit Debout brûlant des bougies place de la République. La radicalité évangélique, au regard de l’histoire de l’Eglise, vaut mieux que cela.