Lu sur Nouvelles de France :
"La nouvelle est tombée à 17h42 le mercredi 12 juin : sans attendre
l’université d’été annoncée par la Manif pour tous en septembre
prochain, deux associations fondatrices viennent de faire dissidence.
Dans un communiqué de presse lyrique,
les AFC (Associations familiales catholiques) et le Collectif des
maires pour l’enfance invitent les militants de la Manif pour tous à
s’engager dans les associations et les partis politiques, bref,
n’importe où, même au PS, avec la caution des Poissons roses, également
signataires de l’appel. Partout, sauf à la Manif pour tous ! […]Un indice nous est fourni par la liste des signataires de cet appel
implicite à déserter les bataillons de la Manif pour tous : à côté
d’Antoine Renard et de Philippe de Roux, co-fondateur des Poissons
roses, figure Pierre-Yves Gomez, co-fondateur de l’Ecologie humaine. […]Tout ça pour ça… Après avoir contribué à la levée en masse de la
société civile contre la loi Taubira, les AFC, le Collectif des maires
pour l’enfance et l’Alliance Vita, qui n’est autre que la matrice
originelle de l’Ecologie humaine, ont choisi le quitter en haute mer le
navire de la Manif pour tous pour aller naviguer sur les canaux sinueux
d’un « Tour de France pour s’engager en politique » aux allures de
pré-campagne électorale. Ils ont simplement remplacé les trotskistes
contre la PMA et la GPA par une caution de gauche empruntée au PS : les
Poissons roses. […]Nous espérions, après le psychodrame de l’union civile
au mois de mai, que la Manif pour tous retrouverait son unité, sa
détermination à ne rien lâcher, son remarquable dynamisme issu de toute
la France. Les combats de la rentrée s’annonçaient rudes : contre
l’enseignement du gender à l’école, contre la PMA et la GPA dans la
future loi famille, contre le changement de civilisation qu’on veut nous
imposer. Au lieu de ça, nous assistons au retrait tactique de trois des
principales structures de la Manif pour tous. Destination :
l’engagement dans les associations (jusque-là rien de nouveau, ce sont
toutes trois des associations), et dans les partis politiques. Vous avez
bien lu : les partis politiques ! Pas seulement le PS et ses Poissons
roses. Pour ceux qui n’auraient pas saisis, ce pluriel de circonstance
désigne en réalité l’UMP.Ce que l’UMP n’a pas obtenu avec l’union civile, un gadget hâtivement
vendu à Frigide Barjot pour qu’elle s’en fasse la bonimenteuse au sein
de la Manif pour tous, elle tente de le récupérer avec le Tour de France
de l’engagement politique. Chassée par la porte, l’UMP revient par la
fenêtre, et par un savant mouvement de courant d’air, siphonne la Manif
pour tous de trois de ses principales composantes. La manœuvre révèle
tout le savoir-faire des partis politiques, habitués comme des vieux
singes à grimacer pour mieux nous attendrir. On commence par soutenir la
manif en y envoyant des dénicheurs de talents, on poursuit en nouant
des alliances avec les entités qui fournissent les plus gros bataillons
et l’essentiel de l’encadrement, on achève en annonçant, sans coup
férir, qu’il est temps de passer à autre chose que défiler dans la rue
en criant « Hollande, ta loi, on n’en veut pas ! ». Et, pour avancer
masquer, on brandit le cache-sexe d’un appel à s’engager en politique
dans « les partis » et les associations.Au fond, dans cette opération, tout le monde est gagnant : l’Ecologie
Humaine et les AFC, qui peuvent faire leur marché parmi les nombreux
primo-militants que la Manif a mobilisés, l’UMP, qui peut détourner vers
ses listes les meilleurs cadres du mouvement, les Maires pour
l’enfance, qui se constituent une clientèle captive en vue des
municipales. Tous gagnants ? Non, pas la Manif pour tous. Ce n’est
pourtant pas faute d’avoir multiplié les mises en garde contre la
Ré-cu-pé-ra-tion. Souvenez-vous, ce n’est pas si vieux, quand tous les
porte-paroles affirmaient vertueusement qu’il n’était pas question de
laisser la Manif pour tous être récupérée. […]