De Jean-Marie Guénois :
"Premier vrai coup de théâtre du conclave. Les cardinaux américains,
qui tenaient chaque après-midi une passionnante conférence de presse à
deux pas du Vatican,
juste après le briefing média officiel du Saint-Siège, ont renoncé. Ou
ont dû renoncer, comme le prouve l'annulation de dernière minute du
rendez-vous. La religieuse américaine travaillant pour la conférence
épiscopale des États-Unis, sœur Mary Ann Walsh, qui coordonnait ces
échanges, a donné cette explication: «Des remarques ont été formulées
dans le cadre des congrégations générales à la suite de fuites
d'informations confidentielles dans la presse italienne. À titre de
précautions, les cardinaux (des États-Unis) ont accepté de ne plus
donner d'interviews.»Le comble de l'histoire est qu'aucun des
quatre cardinaux américains, deux par jour jusque-là, qui ont donné ces
conférences de presse devant une centaine de médias – dont des
télévisions en direct, sans filet – n'a strictement enfreint aucun
secret. Ils commentaient aimablement cette actualité de l'Église en
s'excusant poliment de ne pouvoir répondre à certaines questions dès
lors qu'elles touchaient le contenu des débats. Les «fuites» dont il est
question viennent de confrères italiens qui les tiennent de… cardinaux
italiens – et autres -, bien anonymes ceux-là, mais peu soucieux,
semble-t-il, du serment de secret qu'ils ont prononcé.Cette
anicroche médiatique révèle, en fait, un bras de fer en cours parmi les
sénateurs de l'Église entre les épiscopats américains et allemands et
d'autres plus discrets qui n'entendent pas se laisser mener comme des
enfants de chœur par une curie toute puissante qui voudrait, de facto,
contrôler la succession de Benoît XVI, qui lui a échappé. […]Le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège, n'a jamais caché sa volonté d'aller vite. Ce qui
explique les ralliements actuels dans le «camp» italien. […] On devrait savoir aujourd'hui,
jeudi, où deux séances de travail sont prévues, l'une le matin et
l'autre l'après-midi, qui va l'emporter. Les 115 cardinaux électeurs
seront normalement tous présents. […] Bref, avec ce quorum atteint, les cardinaux pourront voter, à
la majorité simple, s'ils anticipent ou pas – comme Benoît XVI en a
ouvert la possibilité en modifiant le règlement la semaine dernière
avant de s'en aller – la date d'entrée en conclave. Il pourrait débuter
lundi soir 11 mars ou le 15 mars, voire plus tard. Certains imaginant
une élection le 19 mars, jour de la Saint-Joseph, une date très
importante dans l'Église catholique. […]Mais ce différend de calendrier est le
symptôme d'une tension beaucoup plus profonde qui s'exprime comme jamais
entre cardinaux. Ce ne sont pas des querelles théologiques ou de
sensibilités politiques qui sont en jeu. Ni un débat entre conservateurs
et progressistes, comme à une époque encore récente. La crise de
gouvernance de la curie romaine et la renonciation du Pape sont vraiment
passées par là. Beaucoup de cardinaux pensent que l'heure est venue de
revoir de fond en comble le fonctionnement de la curie. Ils veulent une
réforme de système: un secrétaire d'État avec moins de pouvoirs ; un
Conseil des ministres effectif autour du pape ; un Vatican conçu comme
un lieu de service des Églises continentales et non comme un lieu de
pouvoir. […]"
Le cardinal américain DiNardo ne trouve pas normal que les différents patrons de la Curie romaine ne se rencontrent pas fréquemment. De son côté, le cardinal Barbarin estime qu'il faut un homme de gouvernement.
Marie (pas mon homonyme)
On se calme et on prie! Les grilles de lecture jounalistiques sont totalement réductrices. Elles n’ont pas accès à l’essentielle dimension spirituelle.
jejomau
Oui, ben désolé : c’est bien le dernier coup de boutoir des progressistes qui tentent un “coup d’Etat”…
PK
Ces histoires de fuites sont tout à fait écœurantes… Ces prélats qui sont censés être les pasteurs des pasteurs se comportent comme de vulgaires politiciens français…
Quelle déchéance et quelle tristesse pour l’Église… Puisse l’intercession de nos prières les ramener à une véritable humilité…
Marcel
Excusez-moi Michel, mais je comprends l’inverse de vous des propos du Cardinal DiNardo.
En effet, le lien que vous indiquez vers Riposte Catholique prête les propos suivants au Cardinal: « Depuis que je suis ici [à Rome], j’ai été frappé par un des aspects de la Curie – et je pense que ce sera vrai pour n’importe quelle chancellerie d’un évêque –, c’est que les différents bureaux devraient se parler entre eux (…) si quelque chose pouvait vraiment être utile ici, ce serait que les différents patrons de la Curie romaine se rencontrent fréquemment aussi, de telle manière – comme on le dit aux États-Unis – que tout le monde soit sur la même longueur d’onde ».
Donc le Cardinal dit: “si quelque chose pouvait vraiment être utile ici, ce serait que les différents patrons de la Curie romaine se rencontrent fréquemment aussi”
Si cela pourrait vraiment être utile qu’ils se parlent, c’est qu’ils ne se parlent pas actuellement.
[En effet, j’avais oublié la négation. Merci. MJ]
Jean Ferrand
Il faut bien comprendre, Marcel, que les dicastères romains sont totalement indépendants l’un de l’autre et ne dépendent que du pape ou, plus vaguement, du Secrétaire d’Etat.
Il n’y a pas au Vatican l’équivalent du Conseil des ministres qui réunit autour du Chef de l’Etat les principaux responsables, en principe chaque semaine.
Il en est de même dans le gouvernement fédéral américain où il n’y a pas de Conseil des ministres. Les différents secrétariats sont indépendants l’un de l’autre et ne relèvent que du Président des Etats-Unis.