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L'Eglise : Léon XIV

La réforme de Traditionis Custodes sur le bureau du pape ?

La réforme de Traditionis Custodes sur le bureau du pape ?

C’est ce que laissent entendre deux articles publiés hier, l’un dans Le Figaro, l’autre dans La Croix. Les deux reviennent sur la fuite, début juillet, d’un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi indiquant que la justification ayant servi à restreindre la messe traditionnelle est fausse. Jean-Marie Guénois écrit dans Le Figaro que “François aurait menti aux évêques du monde entier, en 2021, pour imposer ses vues contre les traditionalistes“.

Pour justifier sa décision d’abroger l’œuvre de son prédécesseur, qui avait ouvert les portes aux traditionalistes en 2007, François avait écrit noir sur blanc s’être appuyé sur une enquête menée auprès des 5 000 évêques. Selon lui, elle démontrait qu’une majorité de ces prélats demandait un sévère tour de vis contre « l’ancienne messe », au motif que cette liturgie créait autour d’elle des communautés « parallèles » de catholiques qui divisaient l’Église. « Pour répondre à vos demandes, leur avait écrit François, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce motu proprio. » Mais le document publié le 1er juillet, qui provient des très sérieuses archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi, affirme le contraire : selon ce texte, les évêques consultés demandaient au pape de ne pas toucher l’équilibre entre rite ordinaire et extraordinaire : « La majorité des évêques concernés par le questionnaire (…) se déclarent en fin de compte satisfaits. (…) Dans les endroits où le clergé a collaboré étroitement avec l’évêque, la situation a été totalement apaisée. »

Le père Nicola Bux, liturgiste de renom qui publie un ouvrage sur le sujet, suggère au nouveau pape de « convoquer un synode qui examinerait objectivement l’actualité de la réforme liturgique dans un esprit de communion et d’unité ».

Le théologien italien Andrea­ Grillo, dont l’influence dans la publication de Traditionis custodes est loin d’être nulle, et qui vient de se mettre à dos une bonne partie de l’Eglise en critiquant la canonisation de Carlos Acutis, estime que « les groupes traditionalistes exercent en ce moment une forte pression, au prix de publier un document que François n’avait tout simplement pas retenu, dont ils affirment que ce pape l’aurait censuré ».

Léon XIV se donne le temps de réfléchir en prenant ses distances depuis sa résidence d’été à Castel­-Gandolfo. Rétablir l’unité de l’Église est son premier objectif. Selon Guénois,

Léon XIV n’est pas un impulsif et ne se laissera pas influencer par les groupes de pressions, quels qu’ils soient. Il sait prendre des décisions collégiales. Il a d’ailleurs créé le 7 juillet un nouveau groupe de travail synodal consacré à « la liturgie », lequel avait été sollicité par le synode en octobre dernier. Autre facteur, insiste une source fiable, « les responsables de la curie actuelle ont tous été choisis par François, on les appelle les “bergogliens”. Ils sont encore en place. » L’un d’eux, le cardinal Arthur Roche, en charge des questions de liturgie – sollicité à plusieurs reprises par Le Figaro sur ce dossier mais sans succès – a atteint la limite d’âge et sera probablement remplacée­ à l’automne prochain. La nomination par le pape de son successeur sera décisive.

Léon XIV pourrait donner plus de responsabilités aux évêques locaux, revenant ainsi au motu proprio de 1988. Il a aussi donné des signes positifs avec son goût pour une liturgie mieux célébrée, comme hier à Castel Gandolfo, où il a célébré une messe orientée face à Dieu.

Juste après son élection le 14 mai, il avait déclaré aux représentants des Églises catholiques orientales :

« Nous avons un grand besoin de retrouver le sens du mystère qui reste vivant dans vos liturgies. »

Le 26 juin, lors de la procession de la fête-Dieu dans les rues de Rome, il a fait forte impression en bénissant la foule avec l’ostensoir eucharistique, ce qui a encore provoqué l’ire d’Andrea Grillo, selon lequel il ne peut y avoir d’adoration eucharistique hors de la messe. Le 9 juillet, son hommage au cardinal Raymond Burke a été fort remarqué.

Ces signaux montrent un pasteur qui ne veut pas laisser sans soin la souffrance d’une partie de son troupeau. Car cette souffrance est réelle chez les traditionalistes depuis le 16 juillet 2021, notamment chez les prêtres diocésains, désormais soumis à une autorisation romaine pour célébrer selon l’ancien rite. Un prêtre diocésain confirme :

« Il y a un malaise et une souffrance, chez ces fidèles comme chez beaucoup de prêtres qui sont souvent confrontés, sur ce sujet, à un barrage quasi systématique de la part des évêques. »

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1 commentaire

  1. cet Andrea Grillo, quel drôle de type

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